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convaincue que, si l'on connaissait bien sa manière d'être à tous les états, tous ses modes de transport et de reproduction, le lieu et le procédé à l'aide desquels il passe l'hiver sans périr, le praticien, éclairé sur les habitudes de son ennemi, puiserait peut-être, dans de telles notions, les inspirations qui lui manquent pour en venir à bout.

C'est à la science qu'il appartient de tracer cette histoire difficile et d'en approfondir les obscurités: c'est au vigneron intelligent à s'en servir pour combiner son plan de défense ou d'attaque. Respectons cette division du travail : elle est naturelle: elle a donné les meilleurs fruits. Il fallait qu'un membre de l'Institut, Audouin, eût appris que, dans un certain moment, toutes les chenilles de la Pyrale sont réunies au pied des ceps, pour qu'un vigneron, Raclet, découvrit le moyen pratique de les détruire.

La Société réclame des observations précises sur les effets que l'oidium a produits sur les divers cépages, dans les diverses expositions, dans des terrains variés; elle demande si on l'a vu disparaître dans des conditions météorologiques déterminées, et reparaître avec le retour de celles qui les avaient précédées; elle demande si certaines conditions météorologiques se sont montrées plus favorables que d'autres à son développement. On a cité des treilles, couvrant les deux faces d'un mur, ravagées d'un côté, intactes de l'autre. Combien serait instructif un procès-verbal exact, complet, minutieux d'un pareil fait !

Parmi les engrais dont l'agriculture dispose, elle voudrait qu'on recherchât s'il n'en est pas qui se soient montrés moins favorables que d'autres au maintien du bon état de la vigne.

Des détails qui ont surgi dans les comités, pendant la discussion, il ressort évidemment que certains faits de préservation sont liés à la nature des engrais.

L'engrais flamand a-t-il été essayé? Quels effets a-t-il produits?

La Société accueillera tous les travaux qui lui seront adressés et qui auraient pour objet la recherche d'un moyen préventif ou curatif de la maladie de la vigne. Mais ce qui frappe la Société, c'est le vague qui règne dans la combinaison des moyens tentés pour faire face au péril. Entendant dire autour de lui, tantôt que c'est la vigne qui est malade, et que l'oidium n'est qu'un accident, tantôt que c'est la terre qui est épuisée, tantôt que ce sont des insectes qui dévorent les grappes, et que l'oidium se borne à s'établir sur leurs blessures, tantôt que le mal vient de la pluie, du brouillard ou de tout autre phénomène naturel, le vigneron, déconcerté, essaie un peu de tout, et choisit son remède comme un billet de loterie, sans grande confiance, au hasard.

Les serres, de leur côté, devront être étudiées à un double point de vue.

Pour le moment, elles offrent à l'expérimentateur un champ d'observation commode, toujours prêt, régulier et comparable. C'est là surtout que l'étude de l'oidium peut facilement être entreprise, et que l'examen des effets qu'il éprouve de la part des divers agents peut être accompli. La Société croit qu'on peut y exécuter les expériences nécessaires pour constater la possibilité de semer et d'inoculer l'oidium à volonté; elle verrait leur succès avec intérêt, car, lorsqu'on serait maître de diriger l'apparition et le développement de la maladie, on le serait aussi de varier tous les essais nécessaires pour la combattre.

La Société, d'un autre côté, demande, au contraire, qu'il lui soit indiqué un bon moyen pour garantir les serres de la maladie.

En tout cas, elle demande quelles mesures de police on pourrait prescrire aux propriétaires des serres affectées à la culture de la vigne; car il serait assurément déplorable que, si par un bienfait inespéré de la Providence, l'oidium venait à disparaître des cultures naturelles, on n'eût rien fait pour prévenir sa reproduction dans les cultures forcées. Quand la France et Ï'Europe ont voulu sérieusement se garantir de la peste, elles ont fait trois choses elles ont étudié la maladie pour apprendre à la traiter; elles ont établi des quarantaines pour en empêcher l'importation; elles ont envoyé à son foyer même des médecins instruits et courageux pour l'y poursuivre et l'y détruire.

:

Traitons l'oidium comme une peste; cherchons les moyens d'en guérir quand il s'est déclaré, de le prévenir quand il est loin encore, et de nous préserver de sa résurrection s'il doit disparaître un jour.

Enfin la Société voudrait que la question, souvent agitée, de la disparition spontanée de la maladie fût étudiée avec soin. On comprend que, s'il était vrai qu'elle eût reparu cinq ans de suite sur la même treille, par exemple, il faudrait peu compter sur les forces de la nature pour en débarrasser nos vignobles.

à

La Société regrette que les engagements qu'elle a déjà contractés, l'occasion des concours qu'elle a ouverts, ne lui permettent pas de consacrer de plus fortes sommes à celui-ci. Persuadée que des recherches accomplies à court délai, contrôlées et comparées à mesure, et récompensées immédiatement, auront pour effet d'exciter la vive émulation des observateurs et de propager rapidement les notions saines que leurs études mettront en évidence, elle aurait aimé à mesurer la récompense qu'elle offre à la hauteur du service qu'elle réclame.

Mais il fallait utiliser cette année, cette saison; recueillir, pour l'année et pour la saison prochaines, des faits, des jugements de nature à diriger les propriétaires de vignes dont la récolte était menacée en 1854; par conséquent, restreindre, dans les limites des crédits maintenant disponibles, des promesses que la reconnaissance publique aurait seule le pouvoir de proportionner aux efforts qu'il s'agit d'obtenir.

Prix proposés.

I. Prix de trois mille francs à l'auteur du meilleur travail sur la nature de la maladie qui attaque la vigne.

II. Prix de trois mille francs à l'inventeur du moyen préventif ou destructeur le plus efficace pour la maladie de la vigne.

III. Encouragements, savoir: trois encouragements de mille francs chacun, et six encouragemeuts de cinq cents francs chacun, en faveur des auteurs des meilleurs travaux sur les objets suivants :

1o Origine de la maladie, sa marche : le travail doit être accompagné de cartes montrant son progrès annuel;

2o Découverte d'un moyen de semer à volonté l'oidium ou de l'inoculer; 3o Découverte des conditions d'hybernation propres à l'oïdium ;

4° Historique exact et accompagné de preuves authentiques des effets obtenus par l'emploi des divers engrais, et en particulier par les engrais qui exhalent des émanations sulfurées ;

5o Variations que la maladie éprouve en raison des cépages, des climats, des expositions, des terrains et des circonstances météorologiques;

6° Historique exact et accompagné de preuves authentiques des effets obtenus, tant négatifs que positifs, au moyen des divers remèdes proposés et essayés jusqu'ici;

7° Recherche des effets produits sur la vigne en ce qui concerne l'envahissement de la maladie par les plantes ou arbres qui l'avoisinent, et en particulier par ceux qui sont riches en huiles volatiles et qui exhalent une odeur forte;

8° Invention de tout appareil d'un bon emploi pour administrer à la vigne des ablutions, des douches, des bains de brouillard ou de poussière;

9° Indication des mesures que l'autorité pourrait prescrire pour préserver les serres et pour circonscrire, même en plein vignoble, les ravages de la maladie.

RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES RELATIFS AUX TRAVAUX EXÉCUTÉS JUSQU'A CE JOUR SUR LA MALADIE DE LA VIGNE.

Les concurrents pourront consulter avec fruit, afin de se rendre compte des travaux exécutés avant eux sur la maladie de la vigne, trois sortes de publications: 4° les documents historiques parlant des anciennes maladies de la vigne; 2o les mémoires contenus dans les recueils scientifiques ou agricoles; 3° les mémoires ou rapports publiés séparément.

1. Documents historiques.

Pline le naturaliste. Lib. XVII, cap. 37, 14.

Théophraste. De hist. pl., lib. V, cap. 13.
Ramazzini. De constitutione anni 1690.

Du Puits. Maladie des raisins observée en 1834. Annales de la Société d'agriculture de Lyon, 1839.

II. Mémoires contenus dans les recueils scientifiques ou agricoles.

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17 novembre 1847, 5 août 1848. Comptes rendus de l'Académie des sciences. Notes de M. GuérinMenneville, t. XXXI, p. 453; t. XXXIII, p. 295; t. XXXV, p. 322; t. XXXVI, p. 451; de M. Marie, t. XXXI, p. 453; de M. Ormancey, t. XXXII, p. 328; de M. Letellier, t. XXXIII, p. 321, 355; t. XXXV, p. 478; de M. Payen, t. XXXIII, p. 329; de M. Chérot, t. XXXIII, p. 480, et t. XXXV, p 268; de M. Robouam, t. XXXIII, p. 412, et t. XXXV, p. 358; de M. Fourcault, t. XXXIII, p. 309; de M. Bouchardat, t. XXXIII, p. 313; de M. Gensoul, t. XXXIII, p. 398; de M. Prangé, t. XXXIII, p. 282; de M. Roussel, t. XXXV, p. 268; de M. Delmas t. XXXV, p. 604; de M. Regnault, t. XXXV, p. 473; de M. Camille Aguillon, t. XXXVI, p. 151; de M. Pionnier, t. XXXVI, p. 157. Bulletin de la Société centrale d'agriculture. t. VI, p. 235; de M. Bouchardat, t. VI, p. 275; de M. Pepin, t. VI, p. 647; de M. de Mortemart, t. VI, p. 737; de M. Montagne, t. V, p. 224; de M. Ch. Martins, t. VII, p. 164; de M. Heuzé, t. VII, p. 427 et 580; de M. Mezu, t. VH, p. 565; de M. Graffin, t. VII, p. 504; de M. Turrel, t. VII, p. 532 et 587.

Notes de M. Labbé,

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Revue horticole. Notes de M. Leveillé, 3° série, t. V. p. 224; de M. Naudin, 3a série, t. IV, p. 364; de M. Dubreuil (1er août 1851). Journal d'agriculture pratique. Notes de M. Guérin - Menneville, 3 série, t. VI, p. 456; de M. Louis Leclerc, 3a série, t. VI, p. 417; de divers, t. VI, p. 168 et 518.

Journal de botanique de Berlin.— Nos 1 et 2, note de M. Hugo Mohl (analysée, Bulletin de la Société centrale d'agriculture de Paris, t. VII, p. 303). Bulletin de la Société philomathique. - Note de M. Leveillé, 3 août 1850. Actes de l'Académie des géorgiphiles de Florence. Notes de MM. Cosimo Ridolfi, Adolfo-Targioni Torzetti, Tigri, Bonaini, Pacini, t. XXIX, p. 104. Gazelle piémontaise. Notes de MM. Cantu, Grizeri, del Ponte, 7, 12, 19 août 1851.

Mémoires de

Bulletin de la Société d'agriculture de l'Hérault. MM. Esprit Fabre et Dunal; de M. Cazalis-Allut; de M. Bouscaren, etc. (38, 39° et 40° années, 1851, 1852 et 1853).

Journal d'agriculture du Midi, publié par la Société d'agriculture de Toulouse. Note de M. Noulet, t. IV, p. 57.

Société d'agriculture de Grenoble, Bulletin, no 22.

Voir aussi, Journal d'agriculture pratique, 3a série. t. VI, p. 163, une liste chronologique des publications faites sur les maladies de la vigne. III. Publications séparées (1).

Les vignes malades, rapport de M. Louis Leclerc sur une mission accomplie en 1852.

De la maladie de la vigne dans le midi de la France et le nord de l'Italie ; rapport de M. Victor Rendu, inspecteur général de l'agriculture.

Traitement des vignes malades; rapport de M. Gustave Heuzé.

Maladie de la vigne, observations faites dans le département du Rhône; par M. Eugène Tisserant, professeur à l'école vétérinaire de Lyon.

Compte rendu des travaux de la commission instituée par la Société linnéenne de Bordeaux, suivi de mémoires de M. Gaschet, de M. Desmartis, de M. Cuigneau; de la traduction de l'italien d'une instruction sur la maladie de la vigne du docteur Bertola, et de divers documents sur la maladie de la vigne en Toscane.

Maladies des végétaux, dans la Bibliothèque des chemins de fer; par M. Payen.

FALSIFICATIOn des alimenTS ET DES MÉDICAMENTS ENn Angleterre. --- M. le docteur Chereau a publié dans le dernier numéro du Journal de chimie médicale, un article intéressant sur les travaux de la commission hygiénique de Londres. << Une commission sanitaire, dit-il, a été nommée en Angleterre pour s'occuper d'une manière sérieuse de la falsification des médicaments et des préparations pharmaceutiques. Cette commission a déjà commencé ses travaux, et elle a pris l'opium pour le premier but de ses recherches. Un fait presque incroyable et pourtant certain est ressorti de ces études c'est qu'une préparation opiacée, bien déterminée dans la pharmacopée de Londres, ayant été achetée chez vingt et un droguistes différents et les plus renommés dans la métropole, ne s'est pas présentée deux fois dans les mêmes éléments constituants.

(1) Ces publications se trouvent à Paris, chez MM. Bouchard-Huzard, Dusacq, Hachette.

Cette préparation, à laquelle nous faisons allusion, est le laudanum ou teinture d'opium, qui, d'après les prescriptions du collège des médecins, doit se faire de la manière suivante. Nous copions textuellement la pharmacopée londonienne :

Opium pulvérisé

Alcool rectifié.

3 onc.

2 pint.

Faire macérer pendant sept jours, puis faire agir la presse et filtrer. Voilà qui est simple et sans erreur possible. De plus, d'après les recherches de M. Squire, treize gouttes de cette teinture ainsi obtenue, doivent contenir la matière soluble de grain d'opium, et la pesanteur spécifique de la liqueur est de 932.

Et pourtant les membres de la commission sanitaire ont fait acheter, avons-nous dit, de cette teinture opiacée chez vingt et un droguistes de la capitale, et pas un seul échantillon n'a présenté, réunies, toutes les conditions exigibles d'une bonne préparation. Nous avons là sous les yeux les analyses de ces vingt et un échantillons, pas un seul ne présente la pesan-teur spécifique de 952; les uns l'ont plus forte, les autres plus faible; on trouve les nombres 937, 939, 940, 962, 1,036, etc.

La quantité de matière opiacée tenue en dissolution dans l'alcool ne varie pas moins et est toujours au-dessous de la proportion exigée par le Codex anglais.

Ces résultats suffisent pour donner une idée de la grande difficulté qui s'offre au médecin anglais de trouver pour ses malades un médicament aussi important que le laudanum, d'une force uniforme. Les ordonnances peuvent être envoyées à une douzaine de pharmaciens sans qu'il soit certain de donner à ses malades la quantité d'opium qu'il a en vue d'administrer. Ni la réputation du droguiste, ni le prix que ce dernier exigera de la vérité de son médicament, ne présenteront des garanties suffisantes. Un tel mal demandait un prompt remède, et tout porte à espérer qu'il découlera des travaux auxquels se livre la commission sanitaire anglaise de grands bienfaits pour la pauvre humanité souffrante.

Si de l'officine pharmaceutique nous passions dans la boutique du confiseur et du vendeur de conserves, nous y constaterions des faits encore plus fâcheux; peut-être plus qu'ici nous verrions, non plus un défaut d'harmonie dans les éléments constituants du produit, mais bien l'adjonction de substances essentiellement vénéneuses. Ainsi, la commission sanitaire de Londres a analysé trente-cinq échantillons de conserves de toute espèce, conserves de groseilles, de framboises, de prunes, de citrons, etc.; des marmelades, des fruits confits, etc. De ces analyses faites avec le plus grand soin, sont résultées les conclusions suivantes :

4° La conserve de framboises contenait une quantité considérable de cuivre.

2o Les quatre échantillons de conserve de groseilles contenaient tous du cuivre.

3o Sur quatorze échantillons de marmelade d'orange, on en trouva douze chargés de cuivre.

4 Trois marmelades étaient falsifiées avec une énorme quantité d'une substance végétale ressemblant à du navet.

5o Les neuf échantillons de gelée de prunes étaient plus ou moins chargés de cuivre.

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