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ses squames, des cheveux cassés, puis d'arracher, sur le pourtour de la plaque, tous les cheveux dont la couleur est altérée et de faire, aussitôt après cette opération, une lotion avec le solutum de sublimé. En agissant ainsi, on arrête le développement excentrique de la plaque, et l'on détruit déjà une bonne partie du champignon.

Pendant quelques jours on continue la lotion parasiticide, puis on enduit les plaques et la chevelure d'une pommade composée de 30 à 50 centigrammes d'iodure de soufre, par 30 grammes d'axonge. Dès que les cheveux recommencent à pousser sur les parties malades, on les enlève de nouveau; on lave la plaque avec la solution de sublimé, et la même opération se répète jusqu'à ce que le cuir chevelu se soit affaissé, ait perdu sa teinte ardoisée et que les cheveux arrachés viennent avec leur racine. On peut, de cette manière, réduire à trois ou quatre mois la durée du traitement de la teigne tonsurante.

De la mentagre. Dans toutes les mentagres, et notamment dans les mentagres pustuleuses, qui datent déjà d'un certain temps, l'épilation est nécessaire: on doit la pratiquer immédiatement sans préparation aucune. Cette épilation se fait à l'aide de pinces convenables, et si la mentagre est partielle, si elle n'occupe qu'une partie des moustaches ou de la barbe, on peut épiler tous les poils malades en une seule séance. Dans le cas contraire, lorsque le mal attaque tous les poils de la figure, les moustaches, la barbe, les favoris et même, comme nous l'avons vu une fois, quelques points du cuir chevelu, on consacre plusieurs séances à cette petite opération, que le malade peut d'ailleurs parfaitement bien pratiquer lui-même.

L'épilation des moustaches et de la barbe se fait en général très facilement et sans que les malades témoignent en ressentir beaucoup de douleur. Cela toutefois dépend du degré de sensibilité propre à chaque individu. Si la mentagre est ancienne, les bulbes des poils sont en général ébranlés, la capsule est en quelque sorte détachée de la papille et séparée de l'étui folliculaire; le poil vient de lui-même. Dans les mentagres récentes, l'opération est un peu plus douloureuse; ce qui se conçoit sans peine, quand on songe au nombre de filaments nerveux qui se distribuent dans les téguments de la face.

L'avulsion des poils est quelquefois accompagnée de suintement sanguin. Cette circonstance ne rend pas l'opération plus douloureuse; elle tient uniquement à l'état fongueux des parties atteintes du sycosis.

Dès que les surfaces malades sont épilées, nous les imbibons, à l'aide d'un pinceau, d'une éponge ou d'une brosse fine, d'un solutum de sublimé.

La solution que nous employons pour la mentagre est en général celle dont nous nous servons pour le favus: elle renferme 5 grammes de sublimé pour 500 grammes d'eau distillée. A cette dose, le sublimé détermine assez souvent, aussi bien sur les lèvres que sur la tête, une éruption plus ou moins nombreuse de petites pustules que l'on ouvre le lendemain avec une épingle, et qui n'offrent d'ailleurs aucun inconvénient. Dans un cas, nous avons eu un commencement de ptyalisme. Pour prévenir ces légers accidents, on peut se servir d'un solutum ne contenant que 4 ou 2 grammes de sublimé pour 500 grammes d'eau distillée ou bien d'une dissolution de 4 gramme d'acétate de cuivre dans 500 grammes d'eau.

L'épilation dans la mentagre est immédiatement suivie d'une améliora

tion vraiment surprenante. Les démangeaisons, la douleur cessent, la tension de la lèvre disparaît, la souplesse remplace l'induration, l'éruption pustuleuse n'a plus lieu.

La durée du traitement se réduit au temps de l'épilation. Une seule application du liquide parasiticide suffit, et le malade n'a besoin ni de traitement interne, ni de bain, ni de pommade, de sorte qu'il est à peu près inutile de l'admettre à l'hôpital pour un traitement aussi simple. Si la mentagre est fort étendue, si elle occupe tous les poils de la figure, si elle a gagné le cuir chevelu, le malade pourra être admis à l'hôpital: il n'y fera pas un long séjour; en huit ou dix jours il sera complétement débarrassé et sortira parfaitement guéri.

L'épilation seule peut amener la guérison de certaines mentagres, dans lesquelles il existe peu ou il n'existe point de cryptogames; il est toujours plus sûr de recourir après l'épilation, à la lotion parasiticide.

A la suite de ce traitement, les poils repoussent parfaitement bien, et souvent plus beaux qu'avant l'épilation. Il peut y avoir récidive; mais elle est toujours partielle, et le malade sait comment il faut faire pour se débarrasser promptement de sa maladie.

L'isolement des poils, la nature du champignon de la mentagre expliquent pourquoi on guérit plus vite et par une seule lotion le sycosis phyto-dermique, tandis que le traitement du favus est plus compliqué.

Des teignes achromateuse et décalvante. Nous n'avons que peu de choses à dire du traitement de ces affections auxquelles nous n'avons pu encore appliquer d'une manière complète le traitement qui nous a si bien réussi pour les autres espèces de teignes.

L'épilation devra être pratiquée le plus tôt possible et sur toute l'étendue des surfaces malades. Comme agent parasiticide, on pourra indifféremment choisir le sublimé ou l'acétate de cuivre.

Les bains sulfureux, les pommades avec l'huile de noix d'acajou ou le quinquina, les toniques à l'intérieur pourront être concurremment mis en usage.

SUR LE BAUME TRANQUILLE ET LES SOLANÉES, PAR M. PERRONNET, PHARMACIEN, A SAINT-SYMPHORien de Lay (Loire). ·

Cet hiver, me trouvant pris au dépourvu pour le baume tranquille, la saison m'empêchant de pouvoir me procurer les plantes fraîches, et d'un autre côté, me méfiant du baume tranquille de messieurs les droguistes qui, souvent, n'est que de l'huile blanche colorée par une décoction d'épinards, je me souvins qu'un de mes patrons m'avait donné, dans un temps, la formule suivante, me la garantissant parfaitement bonne :

Feuilles de belladone,

jusquiame,

morelle,

nicotiane, pavot,

stramonium, de chaque.

25 gram.

Incisez les plantes, faites macérer pendant quarante-huit heures dans l'huile d'olives, 2 kilogrammes, et eau 1 kilogramme, puis, faites bouillir jusqu'à évaporation complète de l'eau, passez avec expression, puis ajoutez :

Essence de thym,

menthe,

lavande,

rue,

romarin, de chaque .

Ce baume tranquille est d'une couleur verte magnifique.

5 gouttes.

J'avais peu de confiance dans ce baume tranquille, lorsque quinze jours après sa préparation, une de mes clientes, qui en avait pris un peu pour friction, en avala environ six à huit gouttes, par inadvertance; un quart d'heure après on me vint chercher, en courant, le médecin de ma localité se trouvant absent.

Je trouvai une personne très agitée et ne pouvant se soutenir sur ses jambes, faisant continuellement aller les bras, ayant la vue trouble, les pupilles dilatées; enfin, offrant les symptômes bien caractérisés de l'empoisonnement par les solanées. Je fis prendre un émétique; puis après, selon la méthode de notre excellent professeur M. Caventou, une solution de tannin dans l'eau, qui fit cesser les symptômes assez vite.

La question de la solubilité des principes actifs des solanées, dans les corps gras, n'est pas encore résolue d'une manière bien satisfaisante. Le fait rapporté ci-dessus prouverait que le baume tranquille, préparé d'après la formule que j'ai indiquée, aurait toutes les propriétés des solanées. Je livre ce sujet à l'essai de ceux qui, mieux que moi, sont à même de l'expérimenter: si les expériences répondaient à mon attente, on éviterait un grand embarras au pharmacien qui a souvent beaucoup de peine à se procurer les plantes fraîches, comme les ordonne le codex.

SUR LA PRÉPARATION DES SIROPS DE LIMON ET D'ORANGE, PAR M. ANACHARSIS PLUCHE.

Plusieurs pharmaciens préparent les sirops acides de limons et d'oranges

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Le sirop d'oranges se prépare de la même manière, en y ajoutant, bien entendu, la teinture fraîche d'oranges.

D'autre part, ces sirops, comme on le sait, préparés avec le suc de ces fruits, ne se conservent que quelques jours.

Ces sirops, dont je viens de donner la formule, déposent au bout de quelque temps, la cristallisation appelée sucre de raisin.

J'ai trouvé un moyen bien simple pour éviter et conserver ces sirops acides. Il consiste à mettre 60 grammes sirop de gomme incolore par litre de sirop. Par ce moyen ils se conservent indéfiniment.

TRAITEMENT DE L'ASTHME, PAR M. TROUSSEAU.

Le traitement de l'asthme comprend le traitement de l'attaque, le traitement prophylactique, celui de la diathèse, et enfin le traitement des complications, quand il en existe.

L'attaque d'asthme se traite ordinairement de la manière la plus efficace par certaines substances vireuses, et en première ligne par les solanées vireuses, jusquiame, datura, tabac, mandragore, belladone, etc. Il suffit souvent, pour calmer une attaque, de faire au malade une atmosphère de fumée de datura, en projetant des feuilles de cette plante sur des charbons ardents. On peut également tirer parti des cigarettes ainsi composées : 30 gram.

Feuilles sèches de datura..

sauge.

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Mêlez et faites vingt cigarettes, ou chargez une pipe de ces feuilles mélangées. Chez les individus qui n'ont pas l'habitude de fumer, le tabac agit parfois comme le stramonium.

L'emploi du papier nitré ou salpêtré dans l'asthme a été préconisé par un médecin breton, M. Letenneur, qui l'a essayé sur lui-même avec succès. Pour le préparer, on prend un verre à vin de Bordeaux rempli d'eau ; on jette dans cette eau 15 grammes de sel de nitre. Si tout le sel n'est pas dissous, vous en concluez que la liqueur est saturée; alors vous trempez dans cette liqueur du papier à écolier; vous le faites sécher; vous le roulez en forme de cigarettes, et si vous allumez celle-ci, vous les voyez brûler comme de l'amadou. On place une de ces cigarettes en ignition sous le nez, et on aspire la fumée qui s'en dégage par les narines et par la bouche.

Ce moyen très simple, et dont il serait difficile d'expliquer le mode d'action, a réussi chez plusieurs malades. M. Trousseau connaît intimement une famille dont le chef et deux demoiselles âgées de vingt-trois et de vingt-sept ans, avaient des attaques d'asthme très rapprochées. Ces trois malades ont fait usage du papier salpêtré; depuis cette époque les attaques se sont éloignées; et, quand elles reparaissent, il suffit qu'on ait recours au même remède, pour qu'en dix minutes tout rentre dans le calme. C'est donc là une espèce de fumigation qu'on peut ajouter, ne fût-ce qu'à titre d'essai, à celles dont la liste est connue.

S'agit-il maintenant de prévenir, par un traitement prophylactique, le retour des attaques d'asthme, il faut avoir égard à cette circonstance que l'asthme est souvent goutteux ou graveleux, et le gouverner à ce point de vue, comme une maladie diathésique.

Les deux grands moyens auxquels M. Trousseau s'adresse, non pour guérir, mais pour éloigner les attaques d'asthme, sont, d'une part, les médicaments et le régime alcalins, et, de l'autre, les solanées vireuses. Il fait faire des pilules de 4 centigramme d'extrait de belladone. Le malade en prend une le soir pendant une semaine, deux pendant la seconde semaine, trois dans la seconde quinzaine, quatre pendant le second mois; et ensuite, de deux en deux mois, il augmente la dose d'une pilule jusqu'à ce qu'il prenne chaque soir 6 à 7 centigrammes de belladone à la fois. Il se conduit ainsi pendant cinq ou six mois de suite, puis il se repose un mois, reprend la belladone pendant quatre mois, se repose deux mois, et ainsi de suite, de manière à n'user de ce médicament que de semestre en semestre. Pendant une quinzaine, en même temps, l'asthmatique prend du bicarbonate de soude, à la dose de 1 à 2 grammes à chaque repas; d'abord pendant dix jours chaque mois, puis pendant le même temps tous les deux mois, puis tous les trois mois, etc. Son régime alimentaire est, en outre,

composé, autant que possible, de végétaux qui, lors même qu'ils sont acides, donnent des urines neutres ou alcalines.

Enfin, si l'asthme est compliqué de catarrhe chronique, il est bon d'opposer à celui-ci le baume de Tolu ou du Pérou à haute dose pendant une quinzaine, tous les mois d'abord, puis tous les deux, trois et quatre mois, en augmentant progressivement la durée des intervalles de repos; de même qu'on agirait sur le cœur à l'aide de la digitale, et d'après une méthode semblable, si l'on avait constaté quelque lésion du côté de cet organe. (Journ. de méd. et de chir. prat.)

DE L'EMPLOI DU MERCURE MÉTALLIQUE A L'INTÉRIEUR DANS LA CONSTIPATION OPINIATRE; MÉMOIRE LU A LA SOCIÉTÉ MÉDICOPHYSIQUE De florence; PAR M. LE DOCTEUR HENRICO FRANCESCHINI.

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Tandis que la thérapeutique va continuellement en s'enrichissant de nouveaux remèdes ou de nouvelles formes de remèdes, il arrive que quelques uns plus anciens, et dont l'expérience avait pourtant constaté l'utilité, tombent peu à peu en désuétude et finissent par être tout à fait oubliés. Puis, soit par une étude nouvelle des traditions médicales, soit par quelque fait que le hasard aura offert aux observateurs, ils reviennent en crédit, et l'histoire de la médecine est pleine de semblables exemples. Ce sont surtout les moyens thérapeutiques spécialement applicables à des maladies rares qui sont exposés à ces revirements de l'opinion; et c'est là, si je ne me trompe, ce qui explique l'oubli de l'emploi interne du mercure dans certains cas de constipation et d'iléus. Je me souviens, avec un regret amer, que dans le début de ma pratique, en 1841, seul, dans un village éloigné, où l'incertitude des premiers pas ne pouvait pas être corrigée par l'avis des collègues habiles et éprouvés dans l'art, j'eus à traiter une jeune fille atteinte de colique, pour laquelle, n'ayant pas réussi avec les moyens ordinaires, si multipliés que j'eusse pu les prescrire, à venir à bout d'une constipation opiniâtre, les accidents qui s'ensuivirent furent enfin la cause trop manifeste de la mort. Peut-être l'administration du mercure aurait pu sauver cette malade.

Il est vrai que, tandis que des écrivains renommés le comptent parmi les moyens à opposer aux affections indiquées, presque tous s'accordent à en réserver l'emploi pour les cas extrêmes, comme s'il devait exposer à une épreuve presque homicide la vie déjà gravement compromise des malades; et les auteurs modernes le citent plutôt pour compléter l'histoire de la thérapeutique de ces maladies, que pour inviter à y recourir. Il n'en manque même pas qui en ont tout à fait repoussé l'usage, comme Sydenham et Morgagni; et de là est venue sans doute la défiance qu'il inspire aux praticiens. D'autre part, entre ceux qui l'ont plus ou moins recommandé, il suffit de citer, sous l'autorité de J. Frank, Paré, Moscati, Rivière, F. Hoffmann, Borsieri, et d'autres en grand nombre, sans oublier J. Frank lui-même.

L'auteur rapporte treize observations dans lesquelles le mercure métal lique fut administré depuis la dose de 50 grammes jusqu'à 300 grammes. Il résulte de toutes ces observations :

1° Que l'usage interne du mercure métallique dans la constipation et

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