cher, et tâcher d'isoler pour en étudier la nature et les propriétés : toujours est-il que la dissolution huileuse de proto-iodure de fer présente une grande fixité; mise en contact prolongé, soit avec l'eau froide, soit avec l'eau bouillante, elle n'abandonne que des traces de sel ferreux; il en est de même lorsqu'on la soumet à un courant de vapeur d'eau à 100 degrés centigrades; mais alors elle a contracté une saveur âcre et désagréable, qui annonce l'altération qu'elle a subie par l'action réunie de la vapeur et de l'air atmosphérique, indépendamment de la présence du composé ferreux. Il est encore une question capitale dans l'espèce, à laquelle n'avait point pensé M. Gille, que votre rapporteur a tenu essentiellement à faire résoudre, et dont l'Académie va comprendre la portée : En mettant en contact de l'iode, du fer en limaille et de l'huile fixe, jusqu'à ce que toute trace apparente d'iode ait disparu, et filtrant ensuite pour séparer l'excès de fer, M. Gille ne doutait pas, comme, au reste, l'analogie portait à le croire, qu'il se formait véritablement une proto-iodure de fer; mais aucune expérience directe n'avait été faite pour le prouver : nous avons donc demandé à l'auteur de déterminer la quantité de fer par l'analyse directe, et non pas simplement par une induction purement théorique. Il a, à cet effet, préparé une huile contenant 90 centigrammes d'iodure ferreux pour 400 grammes d'huile; et il a soumis cette huile à l'action décomposante de l'acide nitrique concentré dans une capsule de porcelaine placée sur un bain de sable: c'est un travail long et pénible, qui n'a pas demandé moins de sept heures pour la réduction des corps gras en charbon. Ce charbon a été détaché avec soin et projeté ensuite par petites parties dans un creuset de porcelaine rougi à blanc; la complète incinération a encore demandé près de quatre heures; enfin le résidu de cette combustion a été traité par l'acide nitrique, pour convertir le fer en peroxyde. La moyenne de trois combustions a donné 355 milligrammes de peroxyde de fer par opération. Or, 355 milligrammes de peroxyde de fer correspondent à 242 milligrammes de fer métallique, qui exigent 563 milligrammes d'iode pour constituer 805 milligrammes de proto-iodure ferreux : la quantité d'iodure ferreux supposé contenu dans les 400 grammes d'huile mise en expérience analytique étant de 900 milligrammes, on voit que la différence est insignifiante, et que l'analyse directe est venue confirmer positivement les prévisions de M. Gille sur la formation d'un véritable iodure ferreux dans la préparation de l'huile de ce nom. L'huile de proto-iodure de fer a une couleur légèrement ambrée; elle n'a point d'odeur, et elle est presque insipide; elle peut se conserver à l'air, pendant plusieurs semaines, sans éprouver d'altération sensible, toutes propriétés qui doivent rendre son administration commode. Nous recommanderons de la tenir dans des flacons bouchés de verre et non de liége: ayant conservé pendant plusieurs mois cette huile dans un vase bouché de liége, elle est devenue trouble et noire par la réaction du principe ferreux de l'huile sur la matière tannante du liége; rien de semblable n'a lieu quand on substitue un bouchon de verre à un bouchon de liége; l'huile conserve toutes ses qualités physiques, sans aucune altération appréciable. Nous ne savons jusqu'à quel point l'expérience faite au lit des malades prouvera l'utilité de ce médicament: c'est le temps qui décidera cette question; mais ce que dès à présent nous pouvons affirmer à l'Académie, c'est le zèle éclairé de M. Gille pour les recherches propres à faciliter les progrès de CHIMIE. T'honorable et utile profession qu'il exerce. Nous proposons donc qu'il lui soit écrit une lettre pour le remercier de sa communication, et pour l'inviter en même temps à poursuivre des travaux qui peuvent ajouter aux ressources de la thérapeutique. Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées par l'Académie. NOUVELLE MÉTHODE POUR RECONNAITRE LA PURETÉ DES COMPOSÉS A BASE DE QUININE, PAR M. PAGLIARI. Ce procédé consiste à placer dans une cuillère métallique une très petite quantité de la préparation quinique, et à l'exposer sur un charbon ardent. En fort peu de temps, la matière se fond en laissant un résidu dont il sera parlé plus bas. Le plus grand soin doit être apporté dans l'examen du résidu dont la couleur particulière sert à caractériser chacun des composés. Caractères que présentent les préparations suivantes : Sulfate de quinine très pur, résidu de couleur rubis clair. Citrate de quinine, résidu couleur de citron clair, avec excès d'acide couleur de citron foncé. Valérianate de quinine, résidu couleur semblable à celle du médicament même. Lorsque l'une ou l'autre de ces préparations est adultérée avec un corps étranger, le résidu, après la fusion, manquera de poli, de transparence et offrira une matière noire, poreuse. Si elles sont additionnées de cinchonine et de salicine, fondues isolément elles perdent leur transparence et leur éclat, et deviennent opaques : la même chose arrive lorsqu'elles sont mélangées à la quinine. Pour plus de certitude de la présence de la salicine, on ajoute au mélange de l'acide sulfurique concentré qui lui communique une couleur rouge. Ces essais doivent être faits sur de petites quantités de matière, un demigrain environ, que l'on expose au feu jusqu'à fusion, à l'exception du sulfate de quinine, parce que ce sel présente à la première vue une couleur verdâtre qui, en prolongeant l'action du feu, passe au rubis. L'auteur espère que ces expériences mettront un obstacle de plus à la falsification de médicaments aussi utiles que les sels de quinine, et il engage les chimistes à faire connaître le résultat de leurs travaux, afin d'augmenter et de répandre les observations, quelque simples qu'elles soient, qu'ils pourraient faire. (J. de pharm. d'Anvers.) INFUSION DU GLand torréfié ASSOCIÉ AU SULFATE DE QUININE, PAR M. THOULOUSE. M. Thoulouse a publié, il y a quelques mois, une note de laquelle il résulte que l'infusion de gland préparée à la manière du café, et servant de véhicule au sulfate de quinine, detruit instantanément l'amertume de ce dernier médicament, sans détruire son action thérapeutique. Le mélange de ces deux substances filtré et desséché, donne pour résidu une poudre amorphe, de couleur brune, incomparablement moins amère que le tannate de quinine du commerce. Ce qui lui avait donné l'idée de cette combinaison, c'était l'impossibilité de se procurer, dans les pharmacies du voisinage, du tannate de quinine. Il avait affaire à une malade qui avait des accès de fièvre intermittente larvée coïncidant avec de violentes douleurs gastriques, et qui redoutait extrêmement le sulfate de quinine. La nouvelle combinaison réussit au delà de toute espérance; non seulement les accès, mais encore la gastralgie, cédèrent aux premières doses du médicament. M. Thoulouse père eut alors l'idée d'expérimenter sur lui-même le café de gland, et il observa que cette préparation diminuait d'une manière notable la sécrétion de l'urine. Il en conseilla l'usage à un de ses malades atteint d'un relâchement voisin de l'incontinence la sécrétion de l'urine diminua, à ce point que le besoin ne se fit plus sentir qu'une ou deux fois dans les dix heures qui suivirent l'ingestion du café-médicament. Mais cette sécrétion se rétablit telle qu'elle existait auparavant, ces dix heures passées. M. Thoulouse fils a lui-même conseillé, dans des conditions analogues, la même infusion, et son malade paraît s'en être bien trouvé. Il est besoin d'ailleurs de nouvelles observations pour apprécier l'effet de cette préparation, soit contre l'incontinence d'urine résultant d'un relâchement du col de la vessie, soit contre les sécrétions anormales des reins (glucosurie, albuminurie). On savait, d'après les observations de M. Desvouves, que l'acide tannique jouit de la propriété de masquer l'amertume du quinquina et de ses préparations; il s'agissait donc de trouver une substance qui, renfermant de l'acide tannique, fût d'une préparation facile, peu coûteuse, et qui, mêlée au sulfate de quinine, n'offrît point les inconvénients des autres préparations ,de quinquina, que les estomacs délicats ne peuvent supporter, et qui inspirent surtout aux enfants une répugnance insurmontable. Le café de gland paraît réunir toutes ces conditions. On en jugera par les expériences suivantes : 4° Du papier de tournesol plongé dans l'infusion de gland torréfié rougit d'une manière évidente, ce qui établit que cette infusion est acide. 2. En mêlant 4 gramme de sulfate de quinine à 150 grammes environ d'infusion concentrée de gland torréfié, et filtrant peu après le mélange, on a obtenu pour résidu 9 décigrammes d'une substance aromatique, brune, amorphe, bien que parsemée de quelques aiguilles qui elles-mêmes disparurent bientôt. Une petite quantité de cette poudre, mise en suspension dans de l'eau distillée, a donné lieu à un mélange insipide complétement neutre. 3o Cette poudre, d'abord insoluble, acquiert après quelques jours un peu de solubilité, perd son arome et a l'amertume particulière du tannate de quinine du commerce. Elle ramène lentement au bleu le papier de tournesol rougi par un acide étendu. 4o Un cristal de sulfate de fer plongé dans de l'eau distillée tenant en suspension un peu de la poudre dont nous parlons, prend, après trois ou quatre minutes, une couleur noire, preuve que cette poudre contient de l'acide tannique. 5 Lorsque cette poudre a recouvré son amertume, et seulement alors, elle se dissout parfaitement dans l'acide citrique. 6o La dissolution de chlorure de barium, mise en contact avec cette poudre dissoute dans l'acide citrique, produit un léger trouble; il se forme, |