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» et des mesures révolutionnaires qu'avec

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égard.

Lorsque Lebon parut à l'assemblée, il osa monter à la tribune: ce fut là que, rappelant la mémoire de ses plus odieux attentats, il déclara que la Convention tout entière les avait prescrits; fixant ses regards sur ses complices, il les coujura de ne point oublier l'éclatante approbation qu'ils avaient donnée à sa conduite. Bourdon de l'Oise lui reprocha d'avoir dîné publi̟quement avec le bourreau. Lebon répondit « que » la Convention avait décrété une mention hono› rable pour célébrer cette conquête sur les pré»jugés remportée par Lequinio. >>

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La complicité de l'assemblée régicide avec Lebon fut établie par les preuves les plus irréfragables. «C'est la Convention elle-même, disait » le proconsul, qui consacra cette pensée de Saint-Just, que la révolution devait entraîner » tout ce qui se trouvait sur son passage; c'est > elle encore qui m'a déclaré que les Autri» chiens n'étaient pas aussi dangereux que les » aristocrates. On me poursuit pour des délits » que le comité de salut public a ordonnés, et » que la Convention elle-même à approuvés > par ses acclamations. » Enfin il adressa à seg complices ces terribles paroles: Législateurs,

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si je vous avais moins respectés, je ne serais pas dans les fers.

L'assemblée régicide s'efforça d'arracher à l'échafaud celui qui avait été l'ordonnateur de tant de crimes; elle ordonna que Lebon serait détenu au château de Ham: long-temps il dut croire que ses complices, devenus de si timides accusateurs, n'oseraient jamais prononcer sa mort. Ce fut le dessein de la Convention; mais l'indignation publique éclata d'une manière si terrible qu'elle fut contrainte de céder à ses cris. Joseph Lebon fut enfin traduit au tribunal criminel du département de la Somme; comme Robespierre il mourut avec lâcheté, et sembla frappé de terreur au pied de l'échafaud.

Ce fut tardivement et à regret que la Convention se décida à livrer avec Fouquier-Thinville quelques uns des infâmes qui, sous les noms de jurés et de juges, formaient le tribunal révolutionnaire; dix mois après la chute de Robespierre ils étaient libres encore. Les débats de cette épouvantable procédure se prolongèrent pendant de longues séances. Au récit de tant de forfaits, des cris d'horreur s'élevaient de toutes parts; la salle offrait le tableau le plus lamentable; plusieurs pleuraient leurs enfans; d'autres leurs pères, leurs frères égorgés par ces mons

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tres. Fouquier-Thinville faisait entendre d'affreux rugissemens et portait sur ses juges des regards terribles; altéré de sang, son unique tourment semblait être de n'en pouvoir plus répandre'; pendant la longue lecture du récit de tant de forfaits il feignit de dormir.

A l'exemple de Carrier et de Lebon, Fouquier-Thinville déclara qu'il avait obéi aux ordres des comités et aux décrets de la Convention. Chaque jour les listes des prisonniers dévoués à la mort étaient présentées à l'assemblée régicide; elle saluait par des cris de joie les victimes marchant à l'échafaud; et de ses bancs il ne s'éleva pas une seule voix pour mettre un frein à tant de crimes; le sang à son gré coulait trop lentement encore. Ce fut elle qui imprima au tribunal révolutionnaire son action terrible; l'assassinat de la Reine retombe sur la Convention tout entière; Fouquier-Thinville et ses satellites ne furent que les bourreaux choisis par la Convention: tous ses membres avaient délibéré le crime avec maturité, et sur leurs têtes pèse la plus épouvantable complicité.

Neuf mois s'étaient écoulés depuis la chute de Robespierre, lorsqu'enfin Fouquier-Thinville reçut la mort.

L'histoire doit conserver l'acle d'accusation et la sentence qui fut prononcée ; ces monu

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