Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

mais il tremble quand il se prépare au combat. Tallien, Barras, Fréron, Legendre sont résolus à agir et montrent de l'audace. « Rendons grâce à la destinée, s'écrie Tallien, j'aime » micux Robespierre révolté que Robespierre » soumis. Il eût fallu attendre son jugement; il est porté. Mettons Robespierre hors la loi.» Ces paroles ont rendu les lâches moins timides. L'assemblée au bruit des acclamations applique cette terrible sentence à Robespierre, Couthon, Henriot, aux chefs de la Commune. Barras est nommé commandant de la force armée ; il jure d'être vainqueur. Féraud, Fréron, Romme, Delmas, Bourdon de l'Oise, Léonard-Bourdon, sont adjoints à Barras; ils marchent pour armer les sections. La générale est battue dans tous les quartiers de Paris, elle appelle les habitans à la Convention; lè tocsin sonne, il les appelle à la Commune. La terreur qui, depuis si longtemps, plane sur cette immense cité, a rendu les habitans étrangers aux mouvemens populaires; Paris est muet et plongé dans la stupeur, Quel sera le résultat de la lutte qui se prépare? on l'ignore encore; dans les deux rangs on compte des monstres de paisibles habitans combattront-ils pour le choix des tyrans?

Bientôt cependant les événemens du jour commencent à être connus, et l'espoir semble

[graphic][merged small][merged small][subsumed][merged small]

renaître au cœur de la population accablée si long-temps sous le sceptre de la terreur; quelques hommes de bien se présentent aux sections; ils retracent avec véhémence la longue série des forfaits de Robespierre et excitent une foule de citoyens à marcher pour écraser et le tyran et la Commune; la Convention ne leur inspire que de l'horreur; mais une voix secrète leur crie, qu'en renversant Robespierre et ses bandes, des coups terribles seront portés à la tyrannie.

Ces dispositions éclatent à la fois dans tous les quartiers de Paris. Des milliers d'artisans courent aux armes pour combattre celui qu'on leur présente comme l'ordonnateur en chef des massacres. Tout s'ébranle ; Barras est à la tête de quelques bataillons ; il accroît leur audace en s'écriant « Vous êtes accourus les premiers, » c'est vous qui aurez la gloire de renverser le » tyran. »

Robespierre, dans la plus abjecte stupeur, est resté immobile à la Commune; le lâche ne s'est pas même montré au milieu de ses hordes armées pour le venger; la plus affreuse anarchie règne parmi les chefs; leurs canons, rangés sur les places et que tant de fois ils traînèrent pour épouvanter Paris, sont abandonnés sans résistance; le féroce Henriot, pour se disposer

au combat, s'est gorgé de liqueurs, il est dans la plus stupide ivresse.

་་

Barras, à la tête de ses bataillons, se présente aux regards de la Commune épouvantée. Les bandes d'Henriot n'osent point chercher l'honneur de mourir dans un combat; aux premiers cris de sommation, elles ont posé les armes; la commune est vaincue. Tout est ignominie dans les derniers instans du dictateur et de ses complices. Robespierre est au fond d'un obscur réduit de la Commune; transi d'effroi, il voudrait vivre encore, il se cache derrière une muraille; un gendarme pénètre auprès du monstre et lui tire un coup de pistolet; il tombe baigné dans son sang, sa mâchoire est fracassée, mais il n'est point privé de la vie. Le frère de Robespierre s'est précipité d'une croisée, plusieurs de ses membres sont mutilés. Couthon s'est caché sous une table; il agite un couteau d'une main tremblante et n'ose l'approcher de son cœur. SaintJust pleure et supplie Lebas de lui ôter la vie; celui-ci l'appelle lâche et se donne la mort. Hen-' riot est étendu sur le pavé ; c'est Coffinhal qui l'a précipité d'une fenêtre de la Commune, en lui reprochant d'avoir fait à tous de trompeuses promesses et de les avoir perdus par sa lâcheté (1).

ཞི་ ས་

(1) Coffinhal se faisait remarquer parmi ses in

à Paris chez Menard & Decene Rue Git le Coeur Ne

« PreviousContinue »