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la plus làche dérision, déclarent qu'ils ne vivront plus désormais qu'en philosophes.

Parmi les vétérans de l'apostasie, on remarque un vieillard qui semble toucher aux portes de la tombe; sa démarche est tremblante, et sa voix cassée vient prononcer la formule de réprobation : c'est Coupé de l'Oise.

C'est, parmi ces infâmes, à qui descendra plus de degrés dans l'abjection. L'histoire de ces temps est réduite à présenter ces législateurs régicides, faisant traverser leur salle par un âne coiffé d'une mitre et revêtu d'une chape; au bruit des chants du blasphème et des cris du délire, des prêtres viennent fouler aux pieds le symbole sacré, la croix qui a sauvé le monde! Ce sont là les hommages que reçoit la Convention au nom de la Raison et de la Nature; ils eussent soulevé d'horreur les êtres les plus dégradés, si dans l'obscurité de leurs repaires ou le délire de leurs orgies, quelques-uns de leurs complices eussent osé se livrer à ces actes d'une sacrilége démence.

Au milieu de ces saturnales, le poète Fabre d'Eglantine se lève : « La raison éternelle, dit>> il, vient de faire un grand pas ; je demande » qu'on en consacre la mémoire. » L'assemblée régicide, inscrivant elle-même les titres de son ineffaçable opprobre, décrète à l'unanimité que

le procès-verbal de cette séance sera adressé à tous les départemens, à toutes les communes de la France; et pour apprendre à l'Europe que l'assemblée qui égorgea son Roi, consacre l'athéisme et renie le Dieu de l'Univers, elle ordonne que ce procès-verbal sera traduit dans toutes les langues, sera envoyé à tous les peuples. Peu de jours après ce jour horrible, l'œuvre exécrable d'un apostat lui est présenté : c'est le Symbole raisonné de l'athéisme, pour l'instruction des jeunes enfans. Un décret en ordonne la mention honorable et l'insertion au registre de ses crimes, qu'elle décore toujours du nom de Bulletin des Lois.

L'abjection était tellement profonde en ces temps, que l'on vit un prêtre s'adresser à la Convention pour obtenir l'autorisation de changer de nom; le malheureux demandait à choisir celui qui devait rappeler à tous son infamie; il voulait être appelé Apostat. L'assemblée régicide approuva sa demande.

Désolée de ne plus avoir de têtes royales à abattre, la Convention assouvit sa rage sur les corps inanimés des rois et des guerriers qui défendirent la France; des monstres à figures humaines ont brisé les tombes royales confiées à la garde des autels. Les cendres de Duguesclin, qui reposaient à côté de celles des Rois, ont été je

tées au vent. La tombe de Turenne échappe seule à la profanation; quelques courageux amis de l'honneur français ont épargné cet outrage aux mânes d'un héros.

Bientôt le crime ne connaît plus de frein; les dépouilles des plus magnifiques églises, comme celles des plus humbles chapelles, sont offertes à l'assemblée régicide par des apostats et des histrions; les comités révolutionnaires qui couvrent la France, s'abandonnent, dans leurs fureurs sauvages, aux plus sacriléges profanations. Les monumens qu'érigèrent aux hommes vertueux la reconnaissance et la piété, sont réduits en poussière; partout les bûchers s'élèvent, les images saintes, les chefs-d'œuvre des arts qui ornaient les autels sont consumés par les flammes. Les envoyés de l'assemblée régicide qui inondent toute la France, brisent, de leurs mains ensanglantées, les vases sacrés et les tabernacles du sanctuaire. Aux cris des proconsuls, se rassemble tout ce que chaque ville, chaque village renferme d'êtres corrompus et cupides, pour assister à ces saturnales; des hommes placent, sur leurs fronts dégradés, les signes augustes de la religion, et imitent, par la plus horrible de toutes les dérisions, les cérémonies sacrées. C'est un des spectacles tels que le monde n'en présenta jamais de sembla

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