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nie comme contre-révolutionnaire. A la suite de ce décret, Barrère proposa de faire déporter du territoire français tous ceux qui, depuis le 10 août, ne se seraient pas montrés amis du gouvernement républicain. Cette demande extravagante fut renvoyée au comité de salut public.

Une loi fut rendue qui condamnait à dix années de fers toute autorité qui dissoudrait une société populaire.

Déjà le bonnet rouge était substitué partout aux fleurs de lys, et partout on découvrait sa couleur sanglante; il y avait encore quelques établissemens publics sur lesquels on avait négligé de le représenter; c'étaient les bornes milliaires le long des grandes routes. Le 20 septembre, Garan de Coulon fit décréter que ce dégoûtant emblême y serait gravé sans retard. Il fut prescrit que les plaques des cheminées portant des empreintes royales ou féodales seraient retournées dans le délai d'un mois.

La Convention avait fixé le prix du bois. L'effet de ce décret fut de produire une telle disette de bois, que, pendant les rigueurs de l'hiver, la moitié des habitans de Paris faillit périr de froid.

L'accaparement fut décrété un crime capital emportant la peine de mort et la confiscation;

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Et de si dégoûtantes turpitudes reçoivent, dans le sein de l'assemblée régicide, d'unanimes applaudissemens; et un décret solennel or. donne l'insertion de cette lettre dans les archives de ses crimes, qu'elle appelle ses procèsverbaux.

Merlin, de Douai, se présentait sans cesse à la tribune pour faire consacrer par des lois, ses conceptions froidement homicides; le tribunal révolutionnaire qui chaque jour envoyait des victimes à la mort, versait le sang français trop lentement encore au gré du régicide; il demanda donc que le nombre des juges fût porté à seize, et celui des jurés à soixante. L'assemblée choisit pour exécuteurs de ses volontés tout ce que Paris renfermait de plus féroce et de plus dépravé.

Herman, un des familiers de Robespierre, présidait ce tribunal. Dumas, Coffinhal, Antonelle, Topino-Lebrun, Dopsent, siégeaient près d'Herman; Fouquier-Thinville était là pour demander la mort. Danton fit décréter qu'il serait fait un rapport sur les moyens. d'augmenter de plus en plus l'activité du tri

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bunal, c'est-à-dire l'activité des assassinats.

La création de ce tribunal n'était point encore le dernier degré de la conception du crime. Le 5 septembre, une députation de toutes les sections de Paris vint demander la formation d'une armée révolutionnaire. Chaumette, escorté d'une foule d'hommes qui se ralliaient autour de lui, s'écria : « Nous sommes chargés

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de vous demander la formation de l'armée » révolutionnaire que vous avez déjà décrétée ; » que cette armée forme incessamment son » noyau dans Paris, et que dans tous les départemens qu'elle parcourra, elle se grossisse de tous les hommes qui veulent la République, une et indivisible; que cette armée soit » suivie d'un tribunal incorruptible et redoutable, et de l'instrument fatal qui tranche d'un seul coup et les complots et les jours » de leurs auteurs. >>

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L'assemblée régicide décréta à l'unanimité la formation d'une armée révolutionnaire; la société des Cordeliers se présenta à la Commune pour en réclamer la prompte organisation dans la séance des Jacobins du 28 septembre, Robespierre exhala ses plaintes sur les retards que subissait l'organisation de l'armée «On reste en arrière!» s'écria-t-il. Robespierre fit à la tribune une longue apologic de tous les crimes qui ensanglan

taient la France; et la Convention tout entière se levant pour applaudir sa harangue, déclara que le comité de salut public était investi d'une confiance sans bornes. Robespierre était ainsi proclamé dictateur par la Convention elle-même. Jamais une semblable adulation n'éclata dans ce sénat qui fatigua Tibère par tant de servitude. Courbés aux pieds de Robespierre, les conventionnels avaient choisi Collot-d'Herbois, Billaud-Varennes, Carnot, Saint-Just, Couthon, pour être associés à sa puissance au comité de salut public, régulateur suprême des destinées de la France. Robespierre avait éloigné Danton, il redoutait sa popularité; cet homme, qui donna le signal des massacres de septembre, partageait son temps entre la cruauté et la mollesse; il avait obéi aux insinuations de Robespierre et s'était retiré à Arcis-sur-Aube son pays.

L'institution d'un tribunal et d'une armée révolutionnaires semblaient être le dernier terme des conceptions de l'assemblée régicide; dépassant toutes les limites du possible dans l'absurde et la férocité, elle décréta que le gouvernement de la France serait révolutionnaire jusqu'à la paix; ainsi, par la plus épouvantable combinaison, tous les crimes étaient rattachés au même principe, une même chaîne unissait

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tous les complices. Dans la séance du 8 octobre, Barrère annonça qu'il s'était formé, à Beauvais, des rassemblemens considérables qui avaient pour objet la résistance au décret ordonnant aux femmes de porter la cocarde. Un décret prescrivit que les auteurs de ce mouvement seraient traduits au tribunal révolutionnaire; ce fut Joseph Lebon, devenu si fameux par ses cruautés, qui reçut cette mission.

Boulanger, commandant en second de l'armée révolutionnaire, vint déclarer à la société des Jacobins, que Ronsin et lui allaient promener cette armée. «Il est temps, s'écria-t-il, » de punir les scélérats; nous demandons qu'une guillotine soit continuellement à notre » suite.» Un des êtres les plus féroces de ces temps, l'ami d'Hébert, fut choisi pour être le chef de l'armée révolutionnaire: il s'appelait Ronsin. On le vit se présenter à la Convention à la tête des misérables auxquels il osait donner le nom de soldats.

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Représentaus! s'écria-t-il, depuis que vous » avez mis la terreur à l'ordre du jour, depuis » que vous avez déclaré le gouvernement en état » de révolution, le peuple, inspiré par votre exemple, s'est élevé à la hauteur de la revolu. » tion.

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