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>> mis scrout chassés, tous les Français seront ⚫ en réquisition permanente pour le service des >> armées. »

Dans toutes les parties de la France, la violence armée vient au secours de la violence législative; les proconsuls dans tous les départemens marchent à la tête des bandes de l'armée révolutionnaire, et font des battues de réquisitionnaires, les arrachent de la maison paternelle, les poursuivent dans leurs retraites, les tuent s'ils résistent, ou les traînent enchaînés à leur suite; trois cent mille familles sont au désespoir, cinq cent mille tremblent, mais la douleur se consume en gémissemens inutiles, ou en mouvemens isolés et infructueux. La patience des opprimés sera pour l'avenir un prodige aussi inconcevable que la perversité révolutionnaire.

La Convention s'irrite à la nouvelle de la déroute de l'armée qui combattait la Vendée; les Vendéens avaient dissipé cette masse énorme de réquisitionnaires indisciplinés, ramassés de toutes parts, à la hate et à peine armés; ils avaient fui au premier coup de feu, en se culbutant les uns sur les autres, et avaient, dans leur déroute, causé plus de ravage que les Vendéens eux-mêmes.

Dans les Pyrénées, l'armée française venait

d'éprouver des revers; une armée espagnole avait pénétré, par les chemins les plus âpres, jusque sous les murs de Bellegarde ce fort était tombé en son pouvoir. Une partie du département des Pyrénées orientales était occupée par les Espagnols; ils étaient maîtres du port de Collioure.

La Convention avait ordonné au général Kellerman de marcher sur Lyon; les troupes du roi de Sardaigne commençaient à occuper quelques parties de la Savoie.

Dans le nord, les troupes de la coalition obtenaient d'importans succès; après un blocus de quatre mois, la ville de Condé capitula; Lagrange-Chancel commandait la place, et la défendit avec intrépidité; plus tard ce général, après avoir été échangé, revint en France; la Convention l'envoya au supplice.

L'armée française fut forcée dans le camp de Famars par le prince de Cobourg; la plus grande partie de l'artillerie tomba en son pouvoir; Valenciennes fut assiégée; la Convention ordonna au général Custines de venir réparer les désastres de l'armée du Nord; elle le plaça entre la victoire et l'échafaud. Bientôt le camp de César fut forcé; Valenciennes capitula; cette place se rendit après vingt-deux jours de tranchée ouverte. Custines fut appelé

à Paris; il avait été vaincu, l'échafaud l'attendait.

Alexandre de Beauharnais avait succédé à Custines dans le commandement de l'armée du Nord; il fit tous ses efforts pour arriver au secours de Mayence; quinze mille hommes défendaient cette place, et résistèrent avec opiniâtreté à une armée qui l'attaquait avec ardeur; Beauharnais venait de remporter un avantage lorsqu'il apprit que Mayence avait capitulé ; une immense artillerie était remise entre les mains du roi de Prusse. La garnison revint en France.

Telle était la sitnation des armées au commencement de septembre.

Si l'assemblée régicide ordonnait le crime aux cris de la démence et du délire, plus souvent encore elle le délibérait avec sang-froid, le discutait avec méthode. Merlin, de Douai, vint lui soumettre une de ces conceptions, dont la cruauté lentement réfléchie surpasse tout ce que l'ame des Tibère et des Néron put jamais concevoir; la Convention consacra par d'unanimes suffrages, et donna le nom de lois aux dispositions suivantes, l'histoire doit les recueillir:

« Tous les gens suspects qui se trouvent sur » le territoire de la république, et qui sont en

» core en liberté, seront mis en état d'arres» tion.

» Sont réputés suspects ceux qui, soit par » leur conduite, leurs relations, leurs propos » ou leurs écrits, se sont montrés partisans de » la tyrannie, du fédéralisme, et ennemis de la liberté; ceux des ci-devant nobles, ensemble >> les maris, femmes, pères, mères, fils ou » filles, frères ou sccurs, ct agens d'émigrés » qui n'ont pas constamment montré leur atta» chement à la révolution.

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Ainsi, des milliers de victimes doivent être immolées dans toutes les parties de la France, par des assassinats juridiques. Cette loi sanglante devait trouver des interprètes dignes de son auteur. Chaumette traça les caractères auxquels les suspects seraient reconnus, devint le régulateur de tous les comités révolutionnaires qui couvraient la France.

et

Deux cent mille membres de comités révolutionnaires, choisis dans ce que la population avait de plus abject, devinrent les arbitres suprêmes de la liberté, de la fortune et de la vie des Français. La Convention en avait instituć jusque dans les villages. Dans cet appel fait à la bassesse, à la dégradation, tous les vices, tous les crimes furent caressés et armés d'une sanglante dictature. Les hommes les plus flé

tris vinrent se venger de l'opprobre ou du châtiment qu'une vic infâme avait appelé sur leurs têtes. Sous leurs ordres furent placés des milliers de délateurs; ils pénétrèrent jusque dans les foyers domestiques. Comme au temps de Tibère, la Convention assigna un salaire pour récompenser l'infamie; dans le dessein d'accroître le nombre de ses complices, elle accorda une solde aux malheureux qui assistaient aux clubs révolutionnaires désignés sous le nom de sections. La peur conduisait dans ces clubs des hommes qui, pour conserver la vie la plus dégradéc, se façonnent à tous les de tygenres de rannie. Bientôt le crime a brisé tous les freins; l'avidité est impatiente de s'enrichir sans travail, et, dans cette anarchie sauvage, les fureurs de la vengeance s'exercent sans crainte et sans remords. Dans le calcul présenté, dans ce temps, par le régicide Thuriot à l'assemblée, il porta à cent mille le nombre des suspects détenus dans les prisons de la France.

Chaque jour amène une succession continuelle d'actes et de décrets qui sont l'expression de la cruauté ou de la démence.

Le 18 septembre, Barrère fait décréter, au nom du comité de salut public, que toute personne qui répandrait de fausses nouvelles scrait traduite au tribunal révolutionnaire et pu

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