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par l'honneur; Lyon demande quelques secours à Marseille. L'armée, formée dans ses murs, sort de cette ville, entre dans Avignon et dans Orange; mais bientôt les envoyés de la Convention rassemblent plusieurs corps pour combattre cette armée. Le général Carteaux, à la tête de quelques milliers d'hommes, vient attaquer les Marseillais postés à Cadenet, près de la Durance; le général Arbaut, qui les commande, est grièvement blessé; il tombe au pouvoir des troupes de la Convention, et sa mort jette le désordre dans son armée. Tous les prisonniers faits par Carteaux sont des victimes dévouées à la mort; il arrive aux portes de Marseille, entre dans entre dans cette magnifique cité, et avec lui le proconsul Fréron; c'est l'implacable ministre des fureurs de la Convention; des torrens de sang vont être versés. Plusieurs Marseillais se réfugient à Toulon, et trouvent pour quelques instans un asile dans ses murs. Long-temps cette ville a été opprimée par les révolutionnaires, et ensanglantée par des massacres qui avaient devancé ceux de septembre; une immense partie des habitans de Toulon sont animés du plus ardent dévouement pour la cause royale. La constitution révolutionnaire a été brûlée dans cette ville par la main du bour- '

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reau, au bruit des acclamations du peuple. L'amiral anglais Hood croisait à la hauteur de Toulon, et commandait une flotte de vingt vaisseaux de ligne et vingt-cinq frégates; un parlementaire anglais est envoyé par l'amiral Hood; il annonce et promet des secours, si Louis XVII et la constitution de 91 sont reconnus; il proclame qu'il ne veut point faire de conquêtes, et qu'à la paix l'Angleterre rendra au roi de France Toulon, ses vaisseaux et ses magasins. Le 27 août, l'amiral Hood prend possession de ce superbe port au nom de Louis XVII, roi de France; le pavillon blanc est arboré sur tous ses vaisseaux. A la vue de ces couleurs nationales, qui rappellent aux marins tant et de si glorieux souvenirs, les cris d'enthousiasme éclatent de toutes parts; un peuple fidèle à la monarchie répète avec ivresse le cri de la France, et le nom de l'Enfant-Roi retentit sur ces bords, tandis que, captif au Temple, l'assemblée régicide le laisse expirer dans les tourmens du plus cruel supplice.

Bordeaux fait d'impuissans efforts pour armer ses habitans; cette ville était en proie à une disette terrible; les députés de la Montagne curent recours à tous les stratagèmes pour tromper le peuple, et lui persuader qu'eux sculs pouvaient faire entrer des vivres dans ses

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murs. L'or, les menaces, les promesses réduisirent à l'inaction cette ville, qui renfermait tant de citoyens dévoués à la cause royale, La Convention fixait avec avidité ses regards sur les richesses d'une si opulente cité. Des proconculs sont chargés du soin de ses vengeances.

Cependant une si honteuse tyrannie sera combattue; les peuples de la Vendée et de la Bretagne (1) ont fait entendre le cri de guerre ; ils marchent aux combats, et leurs premières luttes sont des victoires. Tant de succès ont porté l'effroi dans l'assemblée régicide. La conquète d'un port est urgente; les Vendéens tentent de s'emparer de Nantes ; le 29 juin, ils se présentent devant cette ville et combattent avec le courage du désespoir. Delbée, Talmont, La Rochejaquelein sont dans leurs rangs,et mille fois affrontent la mort à la tête de leurs colonnes. Cathelineau est blessé mortellement. Ce grand malheur porte quelque découragement parmi les braves paysans. Le combat dura dix-huit heures; l'armée vendéenne n'avait point d'artillerie, elle fut repoussée.

Les généraux Beysser et Canclaux commandaient les troupes qui défendaient Nantes con

(1) Nous ne devons qu'indiquer ici ces grands événemens, ils recevront des développemens dans le cours du récit.

TOME V.

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tre les Vendéens; une partie des habitans de la ville secondèrent les efforts du général Canclaux pour repousser les Vendéens. Nantes vit bientôt Carrier arriver dans ses murs.

Tout ce que Paris renfermait de plus abject et de plus féroce fut armé et marcha contre les Vendéens; les hommes du 10 août et de septembre partirent, emmenant avec eux les dépouilles des victimes qu'ils avaient égorgées. Leurs généraux étaient dignes des bandes qu'ils commandaient: c'étaient Rossignol, Ronsin et Santerre. Ces hordes portaient l'épouvante de toutes parts; mais ces misérables, qui avaient massacré des prêtres et des vieillards, avaient toute la lâcheté du crime, ils ne surent que fuir devant les légions vendéennes.

Armés de bâtons, les Vendéens se précipitaient sur les bouches enflammées, et s'empa raient des pièces d'artillerie que traînait l'armée de la Convention. A Clisson, à Montaigu, à Chantonay, les troupes républicaines furent vaincues; à Montaigu, cinq mille Vendéens mirent en déroute quarante mille hommes; les généraux se vengèrent de leurs défaites, en couvrant tous les départemens voisins de sang et de ruines.

Dans ses fureurs contre la Vendée, la Conven

tion décréta que tous les biens des rebelles seraient confisqués au profit de la république; que leurs moissons seraient coupées et portées sur les derrières de l'armée; que des compagnies de pionniers seraient organisées pour abattre leurs forêts, et qu'enfin une immense quantité de combustibles serait préparée pour mettre le feu partout. Ruelle, Thureau, Cavagnac, commissaires dans les départemens de l'ouest, écrivaient qu'ils exécutaient le décret de destruction. Ce grand acte de sévérité nationale, » disaient-ils, jette dans l'ame des rebelles une salutaire terreur. Des monceaux de cendres, » la famine, la mort, s'offrent de tous côtés à » leurs regards. »

La Convention, frémissant aux succès que remportaient les armées vendéennes, plus qu'aux victoires des armées coalisées, résolut de transformer la France entière en un vaste camp; elle adopta le décret que Barrère lui proposa.

«Le peuple français déclare, par l'organe de » ses représentans, qu'il va se lever tout entier. » pour la défense de son indépendance, de sa

liberté, de sa constitution, et pour délivrer » son territoire de la présence des despotes et » de leurs satellites.

Dès ce moment jusqu'à celui où les enne

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