> tendons vingt-quatre heures. » L'époque marquée pour sa chute est arrivée. La nuit s'écoule, Robespierre l'a consacrée à de sombres méditations; mais il ne s'est point servi de ses ombres pour conduire les bras qui lui sont dévoués et terrasser ses adversaires. Les conjurés en ont employé toutes les heures à rallier autour d'eux tous ceux qui ont reconnu que Robespierre a tremblé. La crainte de perdre la vie arme leurs bras; cette peur de mourir qui les a fait souscrire à tant de forfaits les réunit encore; mais cette fois ils vont devenir les vengeurs de tant de crimes: les complices du tyran vont l'écraser. Robespierre se présente le lendemain dans cette assemblée où pendant si long-temps les hommages de la plus servile adulation lui furent prodigués. A peine a-t-il paru qu'un murmure l'environne; Robespierre a pâli; ces hommes, si long-temps muets devant le dictateur, le regardent avec mépris; il s'assied sur les bancs de la Montagne; ses complices se lèvent et détournent la tête. Saint-Just s'élance à la tribune, impatient de recommencer cette lutte où la veille il fut vaincu; ses premières phrases annoncent qu'il va répéter tout ce que Robespierre a déjà fait entendre. Tallien tout à coup l'interrompt; la fureur est dans ses regards: « Écouterons TOME V. 11 432 > nous plus long-temps, s'écrie-t-il, les hypo› crites protestations de ces hommes qui, prêts à nous égorger, travaillent à nous désunir; il » est arrivé le moment de notre union, de notre › force, de notre liberté ; » puis s'adressant avec véhémence à Robespierre: " Tyran, préten drais-tu nous cacher les attentats que tu médi» tes contre la représentation nationale? Tu as? pires à maintenir la plus odieuse dictature; » tremble, l'instant de ta chute est enfin arrivé. › Les accens véhémens de Tallien ont retenti dans toute la salle, des cris approbateurs ont éclaté de toutes parts; Billaud-Varennes suit Tallien à la tribune, il presse l'heure de la chute de Robespierre en redoublant l'effroi de tous les députés; il leur annonce qu'Henriot, à la tête des satellites de Robespierre, s'avance sur la Convention, et que là il frappera tous ceux dont les noms ont été inscrits pendant la nuit sur les tables de proscription dressées aux Jacobins. Robespierre veut parler, ses efforts sont impuissans; les cris à bas le tyran! à bas le dictateur! ont étouffé sa voix. Tallien s'élance de nouveau à la tribune, les acclamations l'y suivent. << Tout annonce, dit-il, que la Convention » va, d'un sentiment unanime, prononcer sa dé» livrance; mais si elle trahissait mon attente et » celle de tous les Français, le tyran ne jouirait « |