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qui le fait vivre, » d'un homme, « salarié pour avoir de la foi, » et « dont le » témoignage, par conséquent, mérite peu

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de confiance. » L'auteur ne remplit aucune fonction dans l'Église; il ne paraît attaché à aucune secte particulière. Ce n'est ni un prêtre du culte romain, ni un ministre du saint Évangile, c'est un laïque, un philosophe, qui expose nettement, avec ordre et simplicité, mais aussi avec dignité et avec force, les puissans motif's qui ont entraîné sa conviction et déterminé sa croyance. Disons un mot pour le faire mieux connaître.

James Beattie, fils d'un simple fermier écossais, s'acquit dans sa patrie une réputation précoce et distinguée. Il fit ses premières études à Lawrencekirk, lieu de sa naissance; puis au college Mareschal d'Aberdeen, sous le savant Thomas Blackwell. Il avait un goût naturel pour la poésie, et publia, à l'âge de vingt-cinq ans, un recueil composé d'odes, d'élégies et d'une

a.

traduction des Eglogues de Virgile, qui annonçait un goût sain, du talent et une disposition d'esprit philosophique plutôt qu'une grande chaleur d'imagination ou de sentiment. Ce fut à cette époque qu'il obtint une chaire de philosophie, dans le même collége où il avait fait ses études. Dès lors il dirigea tous ses travaux vers la nouvelle carrière qui s'ouvrait devant lui. Et c'est aussi dans la philosophie morale et critique, que Beattie s'est particulièrement distingué. On a de lui plusieurs ouvrages remarquables qu'il publia sous le titre modeste d'Essais. On cite principalement son Essai sur la poésie et la musique (1), celui sur le rire et les ouvrages de plaisanterie; celui sur l'utilité des études classiques; enfin, celui sur la mémoire et l'imagination, faisant partie de ses cours. de philosophie. On lui doit aussi une Théorie du langage, qui est une de ses

(1) 1 vol. in-8°. Prix : 4 fr. A Paris, chez Servier.

meilleures productions, et deux volumes intitulés Élémens de la science morale, ouvrage fort estimé, et qui est un résumé de ses leçons à l'université d'Aberdeen.

Mais ce qui établit sa réputation, fut son Essai sur la nature et l'immutabilité de la vérité. Suivant M. Suard, à qui nous sommes redevables de ces détails, l'époque où cet ouvrage parut lui donna un grand intérêt en Angleterre, et surtout en Écosse, où les écrits de Locke, et plus récemment ceux de Hume, avaient tourné les esprits vers les discussions philosophiques. L'ouvrage de Beattie était principalement dirigé contre la doctrine de Locke, qui fait des sensations la source unique de nos idées, et contre le scepticisme de Hume. Il distingue dans ce traité deux sortes de vérités; les unes, qu'il fait reposer sur le sens commun, et qui nous frappent d'une manière intuitive, c'est-à-dire, sans que nous ayons besoin d'aucune preuve; les autres, qui sont du domaine

de la raison, et qui n'entrent dans notre esprit qu'au moyen des preuves. Mais comme tout raisonnement aboutit finalement à un premier principe, nous sommes toujours ramenés à l'intuition, qui est, suivant Beattie, la source première de toutes nos connaissances, doctrine qui avait été déjà mise au jour par son ami le docteur Reid dans ses Recherches sur l'esprit humain (Inquiry into human mind). L'ouvrage de Beattie produisit un grand effet, d'abord en Écosse, et bientôt après en Angleterre, où son poëme du Minstrel (le Ménestrel ou les Progrès du génie), qu'il publia en 1771, obtint aussi un brillant succès, et fixa plus particulièrement sur l'auteur l'attention du public.

Ce fut en 1786 que Beattie fit paraître, pour la première fois, son Traité sur les preuves de la vérité du christianisme, dont nous publions la traduction. Nous nous abstiendrons de parler en détail de ce dernier ouvrage, dont nous avons suffisam

ment fait connaître le but. C'est au lecteur à juger si ce but est rempli. Sans doute, dans un sujet de ce genre, qui avait si souvent exercé la plume des écrivains les plus distingués de l'Angleterre, on ne devait s'attendre à rien de bien nouveau, ni pour le fond ni pour la forme. Toutefois, on n'en sut pas moins gré à l'auteur d'avoir exposé, dans un ordre logique, et sous le jour le plus favorable, des argumens disséminés dans une foule d'écrits; et ce petit traité, digne de son génie, fut accueilli avec empressement par ses compatriotes, chez lesquels il a obtenu plusieurs éditions. C'est la sixième, publiée à Londres en 1814, qui a servi de base à notre travail.

Les mêmes motifs qui ont engagé Beattie à composer ce petit ouvrage, nous ont déterminé à en publier la traduction. Ce n'est pas qu'il n'y ait déjà dans notre langue d'excellens traités destinés à la défense du christianisme; mais la plupart de

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