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ces traités, si l'on en excepte quelquesuns, tels que le Tableau des preuves évidentes du christianisme de William Paley, dont la réputation est faite depuis longtemps; celui du docteur Chalmers, qui a pour titre des Preuves et de l'autorité de la révélation chrétienne, qui est court et d'un mérite supérieur; le petit Essai de David Bogue, sur la divine autorité du Nouveau Testament, dont nous ne saurions trop recommander la lecture aux jeunes gens et aux personnes qui ne sont pas dans le cas de se livrer à des études suivies, sur les preuves de la divinité du christianisme; la plupart de ces traités, disons-nous, sont en général trop longs, et plus propres à dégoûter la masse des lecteurs qu'à servir à leur édification. Quelques-uns sont abstraits ou diffus. Chez d'autres, le langage a vieilli, et n'est plus approprié au goût actuel. Ceux que nous devons aux écrivains de la communion de Rome, tels que l'Apologie de

Bergier, sa Certitude des preuves de la religion, le Génie du christianisme de M. de Chateaubriand et autres ouvrages du même genre, quoiqu'infiniment recommandables à une foule d'égards, sont faibles sur plusieurs points, parce que leurs auteurs, confondant avec l'or pur du christianisme l'alliage grossier des préceptes et des traditions humaines, s'obstinent à défendre des dogmes aussi contraires à la raison que peu d'accord avec l'écriture sainte. Quelques auteurs enfin n'envisagent le sujet que sous un certain point de vue.

Nous manquions donc essentiellement d'un ouvrage qui fût resserré dans un petit espace, et dans lequel les principales preuves du christianisme, rapidement exposées, commandassent l'attention sans la fatiguer. En attendant que quelque plume exercée ait pris soin de combler chez nous cette lacune, on jugera si le livre dont nous offrons la traduction, cir

conscrit dans un cadre peu étendu, et ré

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digé dans un langage clair et facile, qui le met à la portée de tous les lecteurs, et que nous avons cherché à imiter autant qu'il nous a été possible, ne pourrait pas être avantageusement placé entre les mains des jeunes gens qui ont achevé le cours de leur instruction religieuse, et s'il ne serait pas également propre à suppléer au défaut d'instruction chez les personnes du monde, qui, par suite du malheur des temps, ou d'autres circonstances qui leur sont particulières, se seraient jusqu'ici peu occupées de cet objet, sans contredit, le plus important de tous.

Nous pensons qu'il est d'autant plus nécessaire de faire ainsi reposer la croyance religieuse sur une base solide, que l'incrédulité, comme l'a démontré l'expérience, est pour l'ordinaire fille de l'ignorance ou du manque de réflexion, ou qu'elle marche presque toujours à la suite d'une conviction d'autorité qui ne dure pas. « Nous » voyons tous les jours, dit M. Charles

› Pictet, dans la préface de sa traduction › de la Théologie naturelle de W. Paley, ⚫ que l'éducation la plus soignée, sous le › rapport de l'instruction dogmatique, ne > met point les hommes à l'abri du tour› ment de douter, et du malheur de ne > rien croire, après avoir admis sans exa» men tout ce qu'on leur a enseigné.

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Si, dans tous les temps,» poursuit ce judicieux écrivain, «l'enseignement reli» gieux, sans l'appui d'une persuasion » raisonnée, a fait beaucoup d'hypocrites » et d'incrédules; s'il a multiplié le nombre des individus qui, affranchissant leur morale de leur foi, sont d'autant » moins scrupuleux pour la conduite qu'ils » sont plus sévère pour l'observance, n'est» ce pas surtout dans les temps où nous » vivons, que ce danger doit être redouté ?» Il est donc bien essentiel, tant pour être solide que pour atteindre son véritable objet, qui est d'exercer sur l'ensemble de la vie une influence salutaire, que

l'instruction de la jeunesse soit éclairée; et qu'une conviction raisonnée, seule autorité qui ait une prise durable sur un être doué de raison, serve d'appui à la croyance. Il est essentiel encore, et aujourd'hui peut-être plus que jamais, de suivre dans l'enseignement religieux, dans l'exposition et la défense des vérités saintes, « une › marche logique et raisonnée, sans la>> quelle on parviendrait difficilement à › persuader, à l'heure qu'il est, ceux qui › savent penser. » Dans le siècle où nous vivons, la foi ne peut plus être imposée. On a trop appris à se défier, et à se défier avec raison de quiconque ordonne de croire et défend d'argumenter.

Et n'imaginons pas que la religion puisse rien perdre à cet examen! Non, le chris» tianisme n'a pas la moindre chose à re» douter de cet esprit scrutateur qui con

seille aux hommes de rentrer en eux› mêmes et de réfléchir » (1), de cet es

(1) Thomas Rennel, Remarks on septicism.

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