Page images
PDF
EPUB

pense, d'y faire une réponse, à moins donc qu'il ne soit prouvé, que les événemens surnaturels, rapportés dans nos saints livres, sont indignes de Dieu ou impossibles en eux-mêmes (ce que ne soutiendra jamais quiconque est en état d'apprécier la nature de ces faits); il se trouvera que ces événemens ajouteront à la crédibilité de l'Évangile ; et cela, dans la même proportion à peu près que des événemens surnaturels, attribués à un homme ordinaire, porteraient atteinte à la crédibilité de l'historien qui les raconterait.

La probabilité que l'Evangile est vrai, se déduit encore de l'extrême improbabi. lité qu'il puisse être faux. Il n'approche en rien, comme nous l'observerons plus particulièrement dans la suite, de tout ce qui est le fruit de l'invention humaine. La perfection de sa morale surpasse de beaucoup les efforts de la sagesse de l'homme. Le caractère de son fondateur est infiniment supérieur à celui d'un simple mortel; et il faut convenir que les apôtres ne

peuvent, sous aucun rapport, être comparés à d'autres pécheurs ou à d'autres docteurs qui, dans aucun temps, aient fixé l'attention des hommes. Les vues développées dans l'Évangile, touchant les dispensations divines à l'égard de la race humaine, sont telles, qu'avant que notre Sauveur eût commencé son ministère, elles ne s'étaient jamais présentées à l'esprit d'aucun mortel. Pour se persuader que tout cela est de pure invention humaine, il faudrait avoir une dose de crédulité qui, dans le cours ordinaire des choses, compromettrait un peu la raison d'un homme sage. C'est comme si quelqu'un s'imaginait qu'un vaisseau de guerre du premier ordre est l'ouvrage d'un enfant [D].

Si les apôtres avaient tramé une imposture, il s'en serait rencontré plusieurs parmi eux qui ne l'auraient pas soutenue jusqu'au bout. On ne doit pas s'attendre à ce que douze personnes occupées à publier une fable, et dispersées dans ce but, sur différentes parties de la terre, persé

vèrent jusqu'à la fin dans la même déclaration, en bravant la persécution et la mort. Il est vrai que tous les apôtres ne persévérèrent pas. L'un d'eux fut un traftre; mais que devint-il? Dans le temps où il n'avait rien à espérer ou à craindre de la part des hommes; après que son maître cut été condamné, que ses premiers compagnons eurent été dispersés et épouvantés, tandis que lui-même était protégé par les principaux d'entre les juifs, ce traître est saisi par le remords, il confesse qu'il a trahi le sang innocent, il reporte à ceux de qui il l'a reçu, le salaire de son iniquité, et, dans son désespoir, il se retire et se donne la mort. Dans la supposition que l'Évangile est vrai, tout cela est naturel et probable; dans la supposition contraire, tout cela est incroyable et impossible.

[blocks in formation]

De l'argument tiré des prophéties.

Il est plusieurs points de l'histoire évangélique qui sont un accomplissement de certaines prophéties, religieusement conservées par les juifs eux-mêmes, et consignées par écrit, plusieurs siècles avant la naissance de notre Sauveur. Une prophétie est une chose possible pour tous ceux qui admettent la possibilité d'autres miracles, c'est-à-dire, pour tous ceux qui reconnaissent le pouvoir et la toute science de la Divinité. Assurément il faudrait avoir bien de la présomption pour oser soutenir que, dans les anciens temps et antérieurement à la dernière et grande manifestation de la vérité divine, les prophélies et les autres miracles ne furent ni utiles ni nécessaires, par la raison qu'ils ne le sont plus aujourd'hui.

Il paraît, par l'histoire de l'Ancien-Tes

tament, que dès les premiers âges du monde, les juifs et leurs anciens patriarches avaient conçu l'espoir qu'un personnage extraordinaire, désigné par quelques prophètes sous le nom de Messie, c'est-àdire d'Oint, ou de Christ, paraîtrait tôt ou tard sur la terre, et opérerait le changement le plus important chez le peuple juif et chez toutes les autres nations. Les anciennes prophéties qui semblent se rapporter à ce personnage, quand on les examine séparément, paraissent, au premier coup-d'œil, offrir un sens moins précis que celui que leur attribuent les chrétiens. Mais quand on compare ces prophéties entre elles; quand on observe comment elles s'enchaînent, comment elles s'éclaircissent mutuellement, comment l'une imite souvent le langage de l'autre, et emprunte quelquefois les mêmes expressions, on ne peut qu'être frappé de leur force et de leur liaison. On ne sera pas moins surpris de trouver, malgré la variété et la contradiction apparente des circonstances prédites, qu'un si

« PreviousContinue »