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d'évidence, compatible avec notre état d'épreuve et notre qualité d'agens moraux, qui soit propre à fixer l'attention générale, et à opérer en matière de religion une pleine conviction, chez des hommes de tout rang et de toute portée, si ce n'est l'évidence qui provient de miracles ou d'événemens surnaturels.

Un auteur a affirmé sérieusement qu'aucune doctrine ne pouvait être prouvée par les miracles parce que, suivant lui, un témoignage, quel qu'il soit, ne peut, le moins du monde, rendre un miracle croyable. Mais un paradoxe, si contraire aux premiers principes du sens commun, et qui, d'ailleurs, a été victorieusement réfuté par le docteur Campbell, dans sa Dissertation sur les miracles, ne doit nullement interrompre la suite de notre argument. En effet, tout ce qui peut être vu et entendu par un nombre suffisant de témoins compétens, est du ressort du témoignage humain [A].

Certaines choses peuvent paraître sur

naturelles, qui, pourtant ne le sont point.. De ce genre, sont les tours d'un jongleur. Nous n'en avons pas plutôt découvert l'artifice, que nous sommes tout surpris de trouver la chose si simple, et que nous rougissons presque d'avoir admiré. D'autres objets paraissent surnaturels, aux personnes seulement qui en ignorent les causes tels sont certains phénomènes de l'électricité, du magnétisme et de plusieurs branches de la physique expérimentale.

Mais les œuvres puissantes de notre Sauveur offrent un caractère bien différent. Rappeler un mort à la vie, guérir d'un seul mot les maladies les plus opiniâtres, marcher sur la surface de la mer en courroux; de tels actes et une foule d'autres faits, mentionnés dans l'Évangile, sont de vrais miracles, dont l'esprit humain ne peut rapporter l'exécution qu'au pouvoir de celui qui, ayant réglé le cours de la nature, est seul en état de le modifier.

L'auteur de notre religion, non-seule

ment a opéré plusieurs miracles de cette espèce, mais il a aussi communiqué à ses apôtres le pouvoir d'en faire de semblables. Et ce qui est encore plus surprenant, si quelque chose peut l'être davantage, c'est que lui-même, après avoir été crucifié en présence d'une grande multitude, après que sa mort eût été bien constatée, son côté ayant été percé d'une lance, après être demeuré près de trois jours couché dans le tombeau, revint à la vie, ranima ce corps qui avait été déchiré sur la croix, et passa encore quarante jours sur la terre depuis sa résurrection. Durant cet espace de temps, il eut de fréquens entretiens avec ses disciples; et à la fin, en plein jour, tandis qu'il leur parlait encore, il s'éleva de terre d'une manière sensible, jusqu'à ce qu'une nuée le dérobât à leur vue. Or, ces miracles, certainement, surpassent tout autre pouvoir que le pouvoir divin. Ainsi donc, si nous admettons la vérité de l'histoire évangélique, nous devons croire aussi, sans qu'il soit possible

d'élever le moindre doute à ce sujet, que notre Seigneur fut réellement, comme il le déclare lui-même, un envoyé extraordinaire, investi d'un pouvoir surnaturel et chargé d'une mission divine. Or, la vérité de l'histoire évangélique se prouve par diverses considérations.

Elle se prouve par l'existence et par le caractère particulier de la religion de Jésus. En admettant la vérité de l'Évangile, le caractère particulier de cette religion, son état actuel et les diverses révolutions qu'elle a éprouvées, s'expliquent aisément. Dans la supposition contraire, le cercle entier des affaires humaines n'offre rien de plus inconcevable que la naissance et les progrès du christianisme. Son histoire peut être suivie pas à pas, en remontant du temps actuel à celui des apôtres. Depuis cette première époque jusqu'à nos jours, une foule si considérable d'écrivains font mention de cet Évangile; ils s'accordent sur tant de détails qui le concernent, qu'il n'existe peut-être aucune autre histoire

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des anciens temps, en faveur de laquelle on puisse fournir un si grand nombre d'autorités. Nous sommes certains que nombre de personnages éclairés de la primitive Eglise, placés dans les circons tances les plus favorables pour s'assurer de la vérité de cette histoire, et fortement intéressés à l'examiner de près, et à se garantir eux-mêmes de toute surprise, ont cru et attesté la vérité de l'Évangile. Ils ont scellé de leur sang, leur foi et leur témoignage. Rien de pareil, assurément, ne saurait être allégué en faveur de Xénophon, de Salluste et de Tacite; toutefois on ne s'occupe pas beaucoup de contester leur autorité, parce qu'en général, on n'a pas de grandes raisons de le faire.

Si les Évangélistes avaient écrit l'histoire; si les apôtres avaient prêché la doctrine d'un homme qui eût vécu long-temps avant qu'eux-mêmes eussent paru dans le monde, ou que ni eux ni leurs contemporains n'eussent jamais vu, leur témoignage ne serait peut-être pas à l'abri de tout

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