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fruit de ses sueurs. Toutes les sectes réformées ont rivalisé de zèle et d'ardeur, ou plutôt, oubliant leurs divisions et ne formant qu'un cœur et qu'une âme, elles se sont donné la main pour la plus sainte des causes; adorant le même Sauveur et recevant le même Evangile, elles n'ont plus connu d'autre besoin que celui de le faire connaître, d'autre sentiment que l'espérance de le faire goûter, et le résultat de cette immense et noble association a été le réveil du monde idolâtre. L'Eglise a vu se renouveler dans son scin les prodiges d'amour, de confiance et de dévouement quisignalèrent sa naissance; et, par des bénédictions toujours croissantes, le ciel a daigné marquer son approbation. Le don des langues a reparu; l'Evangile les a toutes parlées; ce missionnaire muet mais éloquent, a traversé les mers pour être la lumière des nations. A son aspect, les yeux s'ouvrent, les idoles tombent, les coutumes barbares disparaissent, les esprits se dépouillent de leur ignorance et les cœurs de leur férocité. Les paroles du salut retentissent d'un pôle à l'autre; et chaque peuple dans son langage entend parler des merveilles du royaume des cieux.

Qui ne reconnaîtrait ici le doigt de Dieu et l'œuvre inattendue de sa paternelle providence? Qui aurait pu le prévoir, il y a vingt ans; qui eût osé l'espérer, ce retour univorsel à l'Evangile?

Quel changement subit dans les esprits et dans les cœurs! Quel heureux concours de circonstances! Les guerres et les révolutions qui ont ébranlé l'Europe, et dont l'esprit humain ne pouvait prévoir l'issue, ont donné la plus grande puissance aux deux nations les plus disposées à la déployer en faveur de l'Evangile. La Russie, l'Angleterre, qui tiennent sous leur influence immédiate un tiers du monde connu, font prêcher la bonne nouvelle aux peuples de leur domination. L'œuvre étonnante des Sociétés bibliques a rendu en quelque sorte à l'Eglise le don des langues. Trois millions d'exemplaires des Saintes Ecritures, sortis des seules presses de l'Angleterre, se sont répandus à grands flots sur le monde païen. Un nouveau mode d'enseignement mutuel et rapide, met les lumières évangéliques à la portée de la génération naissante. Les épis jaunissent, la moisson est mûre, et le maître de la moisson suscite partout des ouvriers, qu'il anime de son esprit, qu'il enflamme de son ardente charité. La même main qui convertit autrefois les nations de l'empire, par le ministère de douze pauvres villageois, dirige et soutient les nouveaux apôtres de l'Evangile ; il semble que les jours de triomphe promis à l'Eglise vont luire sur elle; il semble que les oracles s'accomplissent, et que toutes les nations de la terre vont rendre gloire à Jésus et à sa croix. Ah! je le ré

pète, qui aurait pu le prévoir, qui eût osé l'espé rer? Et dans quel temps? Lorsque le règne de l'Evangile semblait devoir prendre fin, lorsque l'irréligion avait conçu l'horrible espoir de l'anéantir, « lorsque tant d'esprits superbes, dans leur » orgueilleux délire, avaient attaqué le ciel par » des pensées audacieuses et des doutes impies, » qui eussent attiré la foudre sur leurs têtes, si » l'homme et ses outrages pouvaient exciter autre » chose que le sourire du mépris ou la pitié du » ciel. » Lord Byron. Pélerinage de Childe Harold. DURAND fils.

FIN.

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