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portance de l'homme par la masse de son corps, ou par la grosseur et la situation de la planète qui est maintenant le lieu de sa résidence.

Notre Seigneur, comme s'il eût voulu prévenir les objections de cette nature, caractérise de la manière la plus expresse les soins vigilans de la Providence, quand il enseigne que c'est Dieu qui orne l'herbe des champs; qu'il ne tombe pas un pässereau en terre sans sa permission, et que les cheveux même de notre tête sont comptés. Cependant il n'y a point là d'exagération; si Dieu sait tout, s'il est tout-puissant, la chose doit être rigoureusement vraie. Par une prodigieuse fécondité dans le règne animal, végétal et minéral, et par un appareil plus admirable encore, s'il est possible, et merveilleusement combiné pour la distribution de la lumière et de la chaleur, Il fournit aux habitans de ce globe, pour le peu de temps qu'ils ont à y rester, les moyens de vivre et de goûter les douceurs de la vie. Cela nous paraîtra-t-il donc si

invraisemblable? La remarque que nous venons de faire ne nous donne-t-elle pas au contraire les plus fortes raisons de penser que par une dispensation analogue, le Tout-Puissant a préparé les moyens de rendre éternellement heureux des êtres qu'il a créés pour l'éternité; qu'il a doués de qualités aussi excellentes que celles de l'âme humaine, et pour le bien être des quels durant leur état d'épreuve ici-bas, il a si admirablement déployé toute la magnificence de ce monde sublunaire ?

Aussi loin que s'étendent nos connaissances naturelles, nous remarquons une dépendance merveilleuse des êtres les uns à l'égard des autres. Il est possible, il y a même quelque probabilité, qu'au moyen des comètes ou du moins de l'attraction, notre système solaire est mis en rapport avec d'autres systèmes. Nos planètes supérieures et inférieures dépendant toutes d'un centre puissant de gravité, agissent réciproquement les unes sur les autres ; par là notre atmosphère éprouve certaines

variations, et est mise en état de fournir la nourriture aux espèces innombrables d'animaux et de végétaux qui nous entourent. Et depuis l'homme jusqu'au plus chétif insecte, depuis le chêne et le cèdre jusqu'au plus petit corps organisé que le microscope nous fait découvrir, chaque être est non-seulement accompli en luimême, composé de parties adaptées les unes aux autres, et concourant à leurs fins respectives; mais de plus, il est utile à une foule innombrable d'autres espèces d'animaux et de végétaux. N'est-il pas probable qu'il existe de semblables analogies dans les mondes qui échappent à nos regards ?

Durant cette première période de notre existence, nos yeux ne peuvent pénétrer au-delà de la scène présente; et la race humaine nous semble former seule une grande société distincte de tout autre. Mais nous pouvons présumer, et tous les raisonnemens qui établissent la vérité de notre religion nous conduisent à cette con

séquence, que nous sommes destinés à entrer un jour en relation avec d'autres mondes et avec d'autres sociétés. Et si par la sainteté de notre vie, il nous est donné même ici-bas, comme l'affirme positivement notre Sauveur, d'augmenter jusqu'à un certain point la félicité des esprits célestes, il n'est point impossible que notre salut ne devienne par la suite une affaire importante, non-seulement pour nous mais pour plusieurs autres classes d'êtres immortels. Ils ne porteront pas, il est vrai, la peine de nos fautes, et ne seront point récompensés à cause de notre obéissance; mais il n'est nullement absurde d'imaginer que notre chute ou notre conversion ne leur serve d'exemple, et que la grâce divine, manifestée dans notre rédemption, n'élève au plus haut point de ravissement leur adoration et leur reconnaissance, et n'excite leur zèle à approfondir, avec une satisfaction toujours nouvelle, les dispensations de l'infinie sagesse. Du reste, ce n'est point ici une simple con

jecture. On peut être conduit à ce résultat d'une manière assez plausible par plusieurs analogies de la nature; aussi-bien que par les déclarations de l'Esprit-Saint, qui représente le mystère de notre rédemption comme un objet de curiosité pour les intelligences supérieures; et notre repentance, comme une occasion de faire éclater leur joie [S].

Il serait donc on ne peut plus absurde, de se figurer que le genre humain, dans. toutes les périodes de sa durée, formera une société distincte, et qui ne tiendra par aucun lien au reste de l'univers. Cependant, même dans cette supposition, les hommes ne perdraient rien de leur importance; et la religion de notre Sauveur, considérée comme moyen de rendre éternellement heureuses des millions de créatures humaines, n'en serait pas moins un ouvrage qui décélerait tant de bonté et tant de grandeur, qu'on ne saurait l'attribuer qu'au meilleur des êtres, comme il est assurément digne du plus grand.

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