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tisé; mais s'il abjurait publiquement sa croyance, ou s'il refusait de faire administrer le baptême à ses enfans, son impiété et son obstination ne lui feraient pas gagner beaucoup dans l'estime publique. Il peut, dans ses ouvrages, injurier les ministres de la parole de Dieu; il peut les traiter, comme on l'a fait souvent, d'enthousiastes et d'hypocrites; mais s'il les insultait publiquement par de semblables discours, on le signalerait bientôt comme un homme qui a perdu l'esprit ou comme un perturbateur de l'ordre social. En un mot, l'incrédule peut penser ce qu'il lui plaît; et chez quelques peuples, il peut imprimer et publier ce qu'il veut; mais des mesures violentes et des usages directement opposés à ceux de la communauté dans laquelle il vit, ruineraient bientôt tous ses plans. A l'aide d'une humeur agréable, d'un langage persuasif et de certaines insinuations, qui « découvrent et » qui voilent tour-à-tour une partie de ses > intentions secrètes,» il peut s'insinuer

par degré dans l'esprit des hommes, et en cas d'événement, se ménager une retraite, en déguisant ses propos sous l'apparence d'une plaisanterie. Mais se démasquer tout d'un coup, déclarer une guerre ouverte au christianisme, taxer de folie ou de fourberie quiconque y ajoute foi, fouler ouvertement aux pieds les lois de son pays dont les institutions de Jésus forment une portion considérable, ce serait compromettre également et sa propre cause et sa sûreté personnelle [I].

T ROISIÈME OBJECTION.

Obscurité de quelques préceptes et de quelques passages de l'Évangile.

On a élevé contre la doctrine chrétienne des objections tirées de l'obscurité de certaines maximes et de certains passages de l'Évangile. Les obscurités ont même été singulièrement multipliées et exagérées par quelques écrivains. Le père Simon s'efforce de prouver que l'Écriture ne sau

rait être comprise sans les traditions d'une église infaillible; et l'on devine aisément les motifs qui lui font défendre cette opinion. Il n'en reste pas moins vrai que l'essentiel de la religion est accessible à toutes les capacités, particulièrement à tous ceux qui ont fait quelques progrès dans la connaissance des écritures; car, sans cette condition, je répéterai de nouveau qu'on n'acquerra jamais une connaissance exacte du christianisme ni de ses preuves.

Nous l'avons déjà observé; on doit raisonnablement s'attendre à rencontrer dans une chose aussi extraordinaire qu'une révélation divine, certains points particuliers que, dans notre état d'imperfection, nous ne saurions pleinement comprendre, et cela d'autant mieux que les autres ouvrages de la Divinité nous offrent également une foule d'objets qui surpassent notre intelligence. Il n'est pas moins raisonnable de supposer que, vu la distance de temps et de lieu qui nous sépare des apôtres, plusieurs locutions qu'ils em

ploient, plusieurs coutumes auxquelles ils font quelquefois allusion dans leurs écrits, nous ont échappé ou ne peuvent plus être parfaitement comprises.

Il n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que, par la négligence des copistes, il se fût glissé quelques variations et même quelques altérations dans le texte original de livres qui ont existé quatorze siècles avant l'invention de l'imprimerie. Ces altérations toutefois sont peu considérables, et en plus petit nombre peut-être que celles d'aucun autre ouvrage de l'antiquité. Gar premièrement, les copistes du NouveauTestament ont toujours entrepris leur travail, avec l'idée que le livre qu'ils avaient sous les yeux, était un livre sacré, ce qui sans doute devait les rendre aussi attentifs que possible. En second lieu, la jalousie mutuelle des différentes sectes chrétiennes qui, toutes, s'accordaient à en appeler à ce livre comme à la règle de leur foi, devait porter ceux qui avaient embrassé telle ou telle de ces sectes, à

examiner avec un soin tout particulier, les copies que leurs adversaires pouvaient faire circuler, et à signaler la moindre négligence qu'ils y découvriraient. Enfin, en comparant les diverses copies et les divers manuscrits de nos saints livres, les diverses traductions qui en ont été faites à différentes époques et dans différentes langues, ainsi que les citations innombrables qu'on rencontre dans les pères grecs et latins, il paraît que le texte sacré a été, dans tous les siècles, essentiellement le même. Bentley, dont on ne contestera pas l'habileté dans ce genre de science, observe que le Nouveau-Testament a souffert moins d'altération de la main du temps, qu'aucun écrit profane. Et en effet, il n'y eut jamais d'ouvrage profane, à la conservation et à l'intégrité duquel le genre humain ait été si fortement intéressé que l'a été le monde chrétien, durant l'espace de dix-huit siècles, à certifier et à préserver de toute altération et de toute variation, les monumens originaux du christianisme.

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