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toutes ses parties, plus immédiatement unie dans toutes leurs communications, est aussi l'être le plus actif, le plus industrieux, le plus intelligent, le plus capable de comparer, de se souvenir et de prévoir; celui dont la raison est la plus parfaite et la plus étendue.

Cette perfection d'ensemble ne suppose pas la plus grande perspicacité de tous les sens isolément considérés, pas plus que la plus grande adresse, la plus grande activité, le plus bel accord des mouvemens ne supposent la plus grande puissance musculaire dans chaque membre. Aussi la comparaison des organes des sens entre les hommes et les divers animaux présente - t- elle, dans certaines espèces, des avantages supérieurs à ceux dont jouit l'homme, et en général des nuances très-différentes et variées selon le genre de vie, les besoins de l'animal, les dangers auxquels il est exposé, le milieu dans lequel ib vit. Nous ne suivrons pas l'auteur dans les détails nombreux qu'il donne sur les organes des sens; sur les yeux simples, composés, en nombre plus ou moins grand, pédiculés ou rétractiles, des mammifères, des oiseaux, des poissons, des insectes, des mollusques gastéropodes, des écrevisses, et manquant dans des classes entières; sur le sens de l'ouïe et son organe plus ou moins composé, depuis le simple labyrinthe, sa partie essentielle, jusqu'aux appareils plus compliqués des osselets, du tympan et de sa membrane, et de l'oreille externe et de ses muscles; manquant aussi dans plusieurs classes, sans cependant qu'elles paroissent insensibles aux commotions du son; sur l'organe du toucher si varié par la nature des surfaces sur lesquelles il est répandu, soit d'une manière générale, soit spécialement et d'une manière plus délicate dans certaines parties, ni sur le pannicule charnu moteur plus ou moins puissant de la peau dans laquelle cet organe réside; enfin sur les sens et les organes de l'odorat et du goût comparés, soit pour l'étendue, la structuré et le développement des parties, soit pour la manière dont les nerfs qui leur sont destinés y sont reçus, et s'y distribuent.

Neuf leçons sont consacrées au système des organes destinés à l'ali– mentation. Il est peu de matière en anatomie comparée sur laquelle on se soit plus anciennement exercé. Nous nous contenterons donc d'indiquer la manière dont M. Cuvier ordonne ses recherches dans cette partie, parce que c'est de l'ordre qu'il y a mis que sortent les princi

pales

pales idées qu'il a introduites dans la science, et qui rendent son ouvrage précieux.

Il partage tout ce qui est relatif à cette grande fonction, à laquelle tant d'opérations concourent, en quatre divisions.

La première renferme l'opération de la mastication cxécutée par les mâchoires et les dents, et celles de l'insalivation et de la déglutition, dont les organes secréteurs sont les glandes salivaires, et dont les organes mobiles et moteurs sont l'os hyoïde, la langue, le palais mobile et le pharynx.

Il les examine d'abord dans les animaux vertébrés; puis dans les invertébrés, les mollusques, les crustacés, les insectes à mâchoires et sans mâchoires, les échinodermes et les vers.

Tout le monde connoît le rapport de structure des organes qui appartiennent à cette première division avec ceux qui appartiennent aux organes propres de la digestion, ainsi qu'avec le genre de vie et la nature des alimens propres à chaque genre d'animaux.

La seconde division comprend les opérations digestives du canal alimentaire remplies par l'œsophage, l'estomac ou les estomacs, et les intestins.

La troisième renferme les annexes de la deuxième, ou les organes qui versent leurs secrétions dans le canal alimentaire, ainsi que les organes salivaires les versent dans l'intérieur des organes de la mastication et de la déglutition. Ce sont ici le foie, ses canaux et sa vésicule, le pancréas et la rate.

Enfin la quatrième comprend les organes de l'absorption : les uns servent aux autres d'enveloppes et de soutien ; ce sont le péritoine, le mésentère et les épiploons; les autres sont les organes mêmes de l'absorption et de la transmission du chyle, les vaisseaux et les glandes lymphatiques.

Ces quatre divisions sont d'abord considérées dans les animaux vertébrés, dans lesquels, avec de grandes ressemblances, ces différens organes offrent de grandes variétés.

Le canal alimentaire des mollusques de divers ordres, des crustacés, des insectes de différentes classes, avec ou sans mâchoires, des vers; le sac des zoophytes; le foie des mollusques; les organes qui répondent au foie ainsi qu'aux glandes conglomérées en général, formés par

des paquets de vaisseaux assemblés et réunis d'une part, libres et flottans de l'autre au milieu des grandes cavités dans les crustacés et les insectes; le système lymphatique absorbant, confondu dans les mollusques avec le système veineux; le même système manquant absolument, ainsi que les autres vaisseaux, dans les insectes, et ses fonctions remplacées, à ce que croit M. Cuvier, par l'imbibition des surfaces et l'immersion des organes secréteurs, qui baignent dans le liquide sans mouvement dont est remplie leur cavité abdominale; une imbibition encore plus simple dans les zoophytes, dans lesquels le corps entier n'est que l'enveloppe organisée du sac alimentaire : tous ces objets occupent tour à tour l'anatomiste, et lui présentent le système de la nutrition dans toutes ses nuances, depuis les combinaisons multipliées des premiers animaux jusqu'à la structure si simple de ceux qui nous paroissent les plus imparfaits.

Cinq leçons seulement sont consacrées à la circulation, à la respiration et aux organes de la voix. On comprend aisément pourquoi la circulation et la respiration sont inséparables, et pourquoi l'examen des organes de la voix suit immédiatement celui des appareils destinés à la respiration.

Tous les animaux n'ont point un système de vaisseaux et de circulation. Celui de la respiration est plus général, ou du moins, lorsque les organes apparens de la circulation manquent, comine dans les insectes, il prend d'autres dispositions, il pénètre toutes les parties du corps sous forme de trachées, et circule au milieu des liquides qui ne circulent pas; et dans les animaux, dans lesquels on ne voit rien de pareil, il y a toujours des points organisés pour le contact avec le milieu ambiant, soit dans des vases destinés à le recevoir et à l'émettre, soit à la surface même de leur corps, dans laquelle existe probablement une disposition propre à favoriser l'influence de l'air ou de l'eau, puisque les végétaux mêmes ne sont point privés de cette fonction.

M. Cuvier divise donc les parties de cette section en organes de la circulation, organes de la respiration, organes de la voix. Les deux premiers ordres d'organes sont d'abord considérés dans les animaux vertébrés, puis dans les animaux sans vertèbres. Ceux de la circulation sont le cœur, les vaisseaux artériels et les vaisseaux veineux; ceux de la respiration sont les poumons organisés pour recevoir l'air, ou les

branchies disposées pour être pénétrées par l'eau. L'auteur considère ensuite les poumons dans leur structure ou dans leur forme; dans leur structure, il observe les vaisseaux aériens, les vésicules, cellules ou sacs qui terminent ces vaisseaux, les vaisseaux sanguins artériels et veineux qui se distribuent au milieu de cet appareil.

On connoît les dispositions respectives du cœur et des organes respiratoires; de la circulation aortique et de la circulation pulmonaire ; des cavités réunies ou séparées, communes ou distinctes, veineuses et artérielles, de l'une et l'autre circulation, dans les mammifères, dans les oiseaux, les reptiles et les poissons ; dans les oiseaux sur-tout, distingués par le beau mécanisme de leur respiration, dont l'air pénètre presque tout le corps par des cellules aériennes qui associent aux poumons les viscères, les vertèbres, et presque tous les os, sur-tout ceux des ailes, et les plumes qui s'y attachent.

Dans les animaux invertébrés, c'est à M. Cuvier qu'on doit la connoissance exacte de la circulation des mollusques; dans les céphalopodes, les cœurs sans oreillettes, séparés, divisés en trois, deux pulmonaires et un aortique; dans les gastéropodes, un cœur aortique avec une oreillette, et les veines réunies en un tronc, qui, divisé ensuite, se convertit en artères pulmonaires, par un mécanisine inverse de celui qu'on observe dans les poissons, où les veines branchiales remplissent le même office pour former le système artériel du tronc; dans les acéphales, un cœur à deux oreillettes et à deux aortes, et les mêmes animaux doués, ou de branchies quand ils vivent dans l'eau, ou de sacs pulmonaires quand ils vivent sur terre. Ainsi cette classe, douée sous le rapport de ces deux fonctions importantes d'une organisation long-temps méconnue, se trouve, ainsi que les crustacés, reportée plus près des classes d'animaux parfaits à circulation complète. Ce même genre d'organes, auquel quelques Anatomistes veulent rapporter le vaisseau dorsal des insectes, vaisseau sans ramifications apparentes, se trouve cependant dans les araignées encore représenté par un cœur et des ramifications vasculaires.

Pour décrire l'artifice de la voix, M. Cuvier commence par les oiseaux, dont le larynx inférieur, véritable générateur du son, et le larynx supérieur qui le modifie par son élévation variable et par ses diverses ouvertures, présentent les conditions des instrumens à

vent les mieux organisés. Lés organes vocaux de l'homme, des mam→ mifères et des reptiles, et les cavités accessoires du larynx qui contribuent à renforcer et à modifier le son, sont ensuite considérés à part. Nous n'en rappellerons pas les détails bien connus; mais nous observerons que le développement anatomique du larynx des oiseaux est encore un des objets d'Anatomie comparée, dans lesquels M. Cuvier à le plus ajouté aux connoissances des Anatomistes qui l'ont devancé. Une seule leçon, la vingt-neuvième, est consacrée à l'exposition des organes de la génération.

L'auteur commence par présenter des vues générales sur la génération. La plus simple possible, sans sexes ni fécondation, la génération gemmipare se voit dans les polypes et les actinies. Le concours des deux sexes dans un même individu, ou le véritable hermaphroditisme, existe dans les mollusques acéphales et les échinodermes. Le concours réciproque de l'un et de l'autre sexe, résultant de la réunion des deux genres d'organes dans chacun des deux individus réunis par la copulation, s'observe dans la plupart des gastéropodes et dans quelques vers. Le concours d'individus exclusivement mâles et femelles par leurs organes respectifs, appartient à toutes les autres classes d'animaux ; ces fécondations, étendues à plusieurs pontes dans les gallinacés, et à plusieurs générations dans les pucerons et quelques monocles, sont autant de traits de cette admirable variété dont se pare la nature aux yeux de ses observateurs.

Dans la description des organes de la génération, M. Cuvier distingue, 1.o les organes préparateurs et conservateurs ; dans les mâles, ce sont les testicules, les vésicules séminales, la prostate et les glandes de Cowper; la somme de leurs secrétions forme la totalité du liquide réservé et émis pour l'œuvre de la génération; dans les femelles, les ovaires seuls composent l'appareil des organes conservateurs. 2.o Les organes de l'accouplement ou de la fécondation: ce sont dans les mâles la verge et l'urèthre des mammifères, la verge des oiseaux et des reptiles, les organes par lesquels le mâle saisit la femelle dans certains genres d'animaux; dans les femelles, ce sont la vulve et le vagin. 3.o Les organes éducateurs internes et externes : internes, ce sont les trompes utérines, et l'utérus dans les mammifères; les oviductus dans les oiseaux, les reptiles et les poissons. Les organes édú

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