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des suffrages a été pour l'admission du Décret. M. le Président l'a prononcé, et a levé la Séance prolongée jusqu'à six heures, en indiquant la Séance prochaine à lundi matin.

Il a prévenu l'Assemblée que la réunion dans les Bureaux seroit de même lundi matin, à huit heures et demie, pour y procéder à l'élection d'un Président, de trois Secrétaires, et de trois Trésoriers de la Caisse Patriotique, et que delà on se rendroit à l'Assemblée générale à neuf heures et demie.

Signé, STANISLAS DE CLERMONT-TONNERRE, Président; l'Abbé D'EYMAR, le Vicomte DE MIRABEAU, DÉMEUNIER, REDON, DESCHAMPS, HENRI DE LONGUÊVE, Secrétaires.

A PARIS, chez BAUDOUIN, Imprimeur de L'ASSEMBLÉE
NATIONALE, rue du Foin St. Jacques, No. 31.

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Le Premier Miniftre des Finances a mis fous vos yeux le tableau effrayant, mais fidèle, de la fituation du Royaume; il vous a peint la détreffe du tréfor public, accrue par une détreffe nouvelle; les revenus de l'Etat, ou fufpendus par la misère des Peuples, ou interceptés, dans plufieurs Provinces, par les troubles; cinquante millions verfés dans les différens Marchés de l'Europe, pour acheter la fubfiftance du Citoyen, & pefant contre nous dans Α

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la balance du Commerce; le voyageur repouffé loin de la France par le malheur de nos divifions; le François fuyant fa Patrie, & portant à l'Etranger nos richeffes, ou les dérobant à la circulation; la défiance attachée à toutes nos opérations; la reffource même des anticipations évanouie; le numéraire difparu; quatre-vingt millions néceffaires pour arriver à de nouveaux befoins, & le vuide dans toutes les caiffes.

Dans cette pofition, qu'il ne cherche point à vous diffimuler, M. Necker a ofé ne pas défefpérer de la chose publique; & il est venu vous offrir de grands moyens dans le préfent, & la certitude d'une reftauration entière dans l'avenir.

Au mois d'avril dernier, le déficit ordinaire étoit de

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De cette fomme il faut déduire

Pour intérêt d'anticipations. .

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56 millions.

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qui n'ont pu être renouvelés; mais
il faut y ajouter dix millions pour l'in-
térêt & le remboursement annuel du
nouvel emprunt que vous avez décrété 10

Ainfi le déficit ordinaire s'élève au

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les unes certaines, les autres encore indéterminées; par quinze millions, fomme à laquelle il évalue la contribution des Privilégiés, ou le produit d'une répartition plus égale. Si on l'aime mieux, il propofe d'abandonner cette contribution aux Provinces, en la balançant avec une fomme égale que le Roi facrifioit ci-devant en modération d'impôts, en travaux de charité, en dépenses diverfes.

Cet arrangement offre aux Provinces la chance heureuse d'économies utiles. Enfin il nous montre, dans le lointain, d'autres améliorations, d'autres accroiffemens de revenus, qui compenferont ou les pertes que quelques impôts ont déjà éprouvées, ou les nouveaux facrifices qu'exigeront les befoins & la tranquillité des Provinces.

Mais il eft des embarras actuels qu'il faut furmonter pour atteindre à toutes les profpérités qui nous font promises.

Il faut les trois derniers mois de cette anpour née, 70 à 80 millions.

Il faut 8 millions pour l'année prochaine, & éteindre au moins une partie des anticipations qui dévorent nos revenus : l'intérêt public le demande, & votre fageffe l'ordonnera.

Ce n'est plus par des emprunts que vous pouvez remplir cette tâche : les emprunts font décriés, & A 2

'de nouvelles tentatives feroient vraisemblablement infructueuses: on ne peut dont parvenir à ce bien fi defiré, que par un généreux effort; & cet effort, le patriotifie le follicite & le provoque.

Déjà un grand nombre de Citoyens ont indiqué & offert une contribution fur leurs capitaux. M. Necker penfe, & il a raifon de penfer, que cette contribution ne doit porter que fur les re

venus.

Il le démontre, Meffieurs, parce qu'il est plus ajfé d'évaluer les revenus que les capitaux; parce que la contribution ne peut être égale entre le Capitaliste & le Propriétaire, fi le Propriétaire paye le centième d'un capital qui ne lui rend que trois pour cent, & le Capitalifte le centième d'un capital qui produit cinq & fix pour cent; parce qu'il eft des Citoyens qui ont des revenus & qui n'ont point de capitaux, & que ces Citoyens auffi doivent & voudront faire un facrifice à la fortune publique.

En admettant tous les Citoyens à cette honorable contribution, il demande qu'il foit fixé une fomme de revenus, au-deffous de laquelle elle ne fera plus qu'un facrifice, & non pas un devoir.

Il defire qu'on affigne au paiement de cette contribution quinze à dix-huit mois; mais qu'on encourage ceux quianticiperont le paiement, & qu'on

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