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argent et effets dont le Sicur Chevalier Lefebon fait le généreux sacrifice, avec celui d'une pension de sept cent-huit livres, et de ses arrérages échus; 3°. de l'argenterie et des bijoux d'un Citoyen qui veut que son nom reste ignoré, et qui évalue son offrande à la somme de quarante mille livres (1).

une

Deux Citoyens de la Garde Nationale de Paris offrent à la Patrie une garniture de boutons d'or; douze écus de six livres paire de boucles à souliers, une à bracelets avec agraffes, et un dé d'argent donné par la fille de l'un de ces deux Citoyens.

M. Fieffé, ancien Notaire à Paris, a fait offrir et déposer, par un des Membres de l'AsSEMBLÉE NATIONALE, une somme de cinq mille livres en cinq billets de caisse.

MM. Valérian Duclos, et Louis-Etienne Richard, Députés de Nîmes, ont présenté leur soumission de payer le quart de leur re

(1) La Lettre de ce Citoyen, qui contient ses offres, annonce qu'elles ont été particulièrement déterminées par la lecture de l'Ouvrage de M. Clavière, intitulé : Opinion d'un Créancier de l'Etat.

venu, conformément à la proposition du Premier Ministre des Finances de ce jourd'hui.

L'Assemblée a reçu avec sensibilité ces sacrifices patriotiques, et en a ordonné l'inscription sur ses Registres.

L'ordre du jour a été repris par la discussion du Projet d'Arrêté relatif aux Impositions, qui a été soumis par le Comité des Finances. Dans le cours de cette discussion M. le Président ayant annoncé qu'il avoit été averti de se rendre chez le Roi, à neuf heures, pour présenter à la sanction de SA MAJESTÉ l'Arrêté relatif aux Gabelles, M. l'Evêque de Langres, ancien Président, l'a remplacé.

Plusieurs Membres de l'Assemblée ont été entendus; et à raison de l'impossibilité reconnue de prononcer, dans cette Séance, sur tous les amendemens proposés, et sur le Décret lui-même

un des Membres du Comité des Finances a été chargé de proposer, pour la Séance de demain au soir, un nouveau Projet de Décret dans lequel seront refondus tous les amendemens sur lesquels l'Assemblée a particulièrement fixé son attention.

Le Comité des Recherches a fait le rapport

de la réclamation du Sieur Vaurillon de la Bermandie, détenu prisonnier à Montignat en Périgord, sous prétexte d'indiscrétion et vivacités contre les Habitans de cette Ville. Le rapport entendu, l'Assemblée confirmant l'avis du Comité, a autorisé son Président à écrire au Comité de Police de Montignat, pour le charger de rendre au Sieur de Vaurillon sa liberté, à moins qu'il ne soit survenu contre lui de nouvelles charges; auquel cas il sercit renvoyé aux Tribunaux ordinaires.

M. le Président a levé la Séance, et a in-diqué celle de demain matin, à neuf heures.

Signé, STANISLAS DE CLERMONTTONNERRE, Président; l'Evêque-Duc DE LANGRES, Vice - Président; REDON, DESCHAMPS, HENRY DE LONGUÊVE, DÉMEUNIER, l'Abbé d'EYMAR; le Vicomte de MIRABEAU Secrétaires.

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A PARIS, chez BAUDOUIN, Imprimeur de L'ASSEMBLÉE NATIONALE, rue du Foin Saint Jacques, N9. 31. 1789.

Prononcé

par

M. NECKER, Premier Miniftre

des Finances, à l'Affemblée Nationale, le 24 Septembre 1789.

MESSIEURS,

Les affaires de finances dont on vous a entrenus plufieurs fois, font arrivées graduellement au dernier terme de l'embarras; & vous ne vous en étonnerez point, fi Vous réfléchiffez d'abord qu'au mois d'Août de l'année dernière, elles paroiffoient à un tel degré de trouble, qu'on fe crut dans la néceffité de proposer à Sa Majesté les mefures les plus alarmantes, & que toute efpèce de confiance fut arrêtée. Depuis cette époque, font furvenues toutes les difficultés qui naiffent du foutien long & pénible d'un édifice chancelant; il s'y est joint, par extraordinaire, des befoins immenfes de blés, qui ont occafionné ou des dépen fes proportionnées à ces befoins, ou l'emploi d'un crédit équivalent. Les achats faits par le Gouvernement, réunis aux opérations du commerce, ont dérangé peut-être la balance avec l'Étranger, de plus

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de cinquante millions; ce qui n'a pu fe faire fans une révolution dans les changes; révolution qui influe fur la quantité du numéraire en circulation. Le Public attendoit avec impatience que l'Affemblée Nationale s'occupât des Finances; mais la marche néceffairemnet lente d'un corps législatif très-nombreux, a tellement prolongé fes difcuffions, qu'après cinq mois révolus, les affaires effentielles de la finance ne font point encore traitées. Il est réfulté de ce retard & des divifions qui ont régné dans votre Affemblée, un difcrédit qui s'eft accru infenfiblement, & chacun fait que des événemens extraordinaires ont mis le comble à la défiance & au refferrement de l'argent. Nos troubles intérieurs ont éloigné de la France, & de la Capitale en particulier, certe multitude de voyageurs qui attirent en France une fomme d'argent confidérable; & dans le même temps une émigration de François d'une étendue effrayante, répand au dehors notre numéraire. Enfin, au fein du Royaume, un grand nombre de citoyens regardant l'état des finances comme irremédiable, & confidérant l'avenir d'une manière finiftre, enferment foigneufement leur argent; & des capitaux immenfes font comme difparus du milieu de nous. J'avois eu un moment d'efpérance, lorfque je vous propofai un premier emprunt National & patriotique, à cinq pour cent d'intérêt. Il n'eft pas douteux qu'il eût été rempli en peu de jours, & cet empreffement auroit ranimé pendant quelque temps les efprits: mais tel a été l'effet de ce qui s'eft paffé à cet égard, telle a été auffi l'impreffion donnée par des mouvemens momentanés, tantôt à Paris,

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