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La course de la bague est celle où l'on s'exerçait à enlever à la pointe de la lance ou de l'épée, une suite d'anneaux suspendus; et quand au lieu d'anneaux, on placait des têtes de carton, représentant ordinairement des Maures ou des Turcs, on appelait cet exercice la course des têtes. Celle-ci, introduite seulement en France du temps de Louis XIV, est très-ancienne chez les Allemands, qui l'ont vraisemblement adoptée lors de leurs guerres contre les Turcs.

De tous les exercices employés au carrousel, la course des têtes était le plus en usage en Allemagne. Plusieurs têtes de Turcs et de Maures confectionnées en bois ou en carton, étaient placées dans le même lieu et à certaines distances, de manière que d'une course on lançait le dard à l'une, on tirait le pistolet contre une autre, on fendait la troisième avec une hache ou on la rompait avec une massue, et on enlevait la dernière soit avec la lance, soit avec l'épée.

Il y avait encore d'autres exercices aux carrousels, tels que de combattre à cheval l'épée à la main, et de faire la foule. Le combat à l'épée s'exécutait par des cavaliers armés de toutes pièces, qui s'abordaient par trois voltes, et cherchaient à se porter à chaque fois des coups d'épée sur le casque. La foule était la course générale de tous ceux qui assistaient au carrousel, et par laquelle il se terminait. Dans la soirée de la fête on tirait de brillants feux d'artifice.

Un écrivain moderne prétend que les carrousels, qui, d'après lui, ont pris naissance chez les Italiens, doivent être regardés comme une dégénération des tournois, et qu'on ne doit pas s'arrêter à l'opinion de quelques auteurs qui font remonter les carrousels à la plus haute antiquité, et qui désignent sous ce nom les fêtes des Grecs et des Romains, et surtout les jeux du cirque. Malgré l'estime que nous professons pour l'érudition de cet écrivain, nous ne pouvons partager son opinion; nous dirons plutôt avec un écrivain du dernier siècle : « l'antiquité n'a eu rien de » plus noble, ni de plus ingénieux, ni de plus solennel que >> l'usage des carousels. Pendant que le peuple s'amusait à

>> regarder ces exercices comme des divertissements, les prêtres » idolâtres en faisaient des actes de religion; les soldats prou» vaient leur habileté au maniement des armes, et les savants en » profitaient pour faire des études agréables et instructives. » S'il fallait en croire Tertullien 1, on attribuerait les honneurs de l'invention des carrousels à Circé, qu'on disait être fille du soleil et grande magicienne. D'après cet auteur, qui vécut sous le règne de l'empereur Sévère et sous celui d'Antonin Caracalla, Circé institua le cirque et les courses en honneur de son père. En parlant du cirque, endroit où le peuple se plaçait en rond pour voir les spectacles, nous croyons qu'il doit son origine à la Grèce, et qu'il a commencé par les jeux olympiques; et quant aux carrousels, sans faire remonter leur naissance à Circé, on ne peut se refuser, en lisant les livres qui en traitent, d'admettre qu'ils doivent être beaucoup plus anciens que les tournois, qu'ils existaient déjà chez les Grecs et les Romains, mais que, par la marche du temps, les autres nations ont cherché à embellir ces jeux et les ont modifiés suivant leurs goûts et leurs mœurs. C'est ainsi que les Goths et les Allemands s'y montrèrent avec des cimiers, par lesquels ils cherchaient sans doute à se rendre plus terribles et plus imposants, en plaçant sur leurs têtes des emblêmes de toute espèce, tels que des serpents, des griffons, des harpies, des cornes ; des mufles de lion, de léopard, de tigre, de sanglier, de taureau, d'ours; des plumes, des ailes, etc.; cimiers qui, comme les emblêmes des tournois, ont passé dans les armoiries de famille.

Les carrousels chez les Italiens se faisaient remarquer principalement par une foule de machines qui montraient de l'esprit et de la sagacité; ils se distinguaient de même par la musique et par les récits.

1 Livre sur les spectacles, traduction du jésuite Caubère, publiée en 1733, le même qui a traduit les traités de Tertullien sur les ornements des femmes, sur le baptême, sur la patience, et la lettre aux martyrs.

Les Français employèrent beaucoup aux carrousels les cottes d'armes et les devises. Chez cette nation, les carrousels ne sont pas aussi anciens qu'en Allemagne et en Italie. Cette espèce de divertissement ne semble pas aller en France au-delà du règne de Henri IV. En 1606, on fit à Paris dans la cour du château du Louvre, le carrousel des quatre éléments, représentés par quatre quadrilles de cavaliers, qui sortirent de l'hôtel de Bourbon. Il y eut des carrousels fort brillants sous Louis XIII.

On a vu souvent aux carrousels les plus remarquables, les princes figurer comme les chefs des quadrilles. Dans le premier carrousel donné sous le règne de Louis XIV, ce roi fut le chef de la quadrille des Romains; Monsieur, son frère, fut à la tête de celle des Persans; Monsieur le prince commanda celle des Tures; Monsieur le duc, celle des Moscovites, et le duc de Guise fut le chef de la quadrille des Maures. On sait que Louis XIV donna deux carrousels très-célèbres en l'honneur de mademoiselle de la Vallière, l'un à Paris en 1662, et l'autre à Versailles en 1664; carrousels auxquels les seigneurs de la cour étalèrent le plus grand luxe, et cherchèrent à s'effacer mutuellement par la magnificence de leurs costumes antiques et chevaleresques. La place actuelle du Carrousel devant les Tuileries tire son nom de la première de ces fêtes qui y eut lieu.

Le dernier carrousel remarquable de nos temps modernes, se fit à Berlin en 1750, et l'on cite, comme s'y étant particulièrement distingué, le prince Henri, frère du grand Frédéric.

Il nous reste encore à ajouter à ce qui précède, que dans la pompe du carrousel se trouvait ordinairement comme au tournoi, un chef ou commandant, appelé par les Français Mestre de camp: il était chargé de régler la marche, d'introduire dans la lice et de diriger tout ce qui concernait la fête; il avait auprès de lui plusieurs aides, placés dans les mêmes attributions que les aides-decamp de généraux d'armées. Il y avait en outre les tenants, les assaillants, les chefs de quadrilles, les hérauts d'armes, les pages, les trompettes, les valets, les estafiers, les personnes des récits et

des machines, les musiciens, les parrains et les juges. Les tenants ouvraient le carrousel et faisaient les défis par les cartels, que les hérauts publiaient. Les assaillants étaient ceux qui répondaient aux cartels. Les pages portaient les boucliers et les armes de leurs maîtres. Les valets et les estafiers conduisaient les chevaux et faisaient les commissions. Les juges étaient choisis parmi de vieux cavaliers, expérimentés dans ces sortes de divertissement. Ces juges présidaient aux courses et décernaient les prix à ceux qui les remportaient.

FRAGMENT GÉNÉALOGIQUE

CONCERNANT LA FAMILLE DE

BERNARD DE FAUCONVAL.

Très-ancienne famille noble, originaire du pays de Liége, ayant pour armes de sable à la croix potencée d'or, accompagnée de quatre croisettes de même.

Jacques de Bernard, écuyer, épousa Anne de Bernard, sa cousine germaine, dont Charles-Jacques de Bernard, écuyer, seigneur de Deukem et de Fauconval, né à Tourinne-les-Ourdons en 1700, et décéda, le 10 octobre 1776, ainsi que le prouve son épitaphe à l'église de Tourinne-les-Ourdons. Il avait épousé Isabelle de Martin de Beaumont, née en 1710, et décédée le 13 janvier 1779, ce qui conste par la même épitaphe.

De l'union de Charles-Jacques de Bernard avec dame Isabelle de Martin de Beaumont, sont issus Anne de Bernard, alliée à Lambert de Burlet 1, et Herman Joseph de Bernard, seigneur de Fauconval et de Deukem, né à Tourinne-les-Ourdons, le 27 novembre 1734,

1 Ancienne famille noble du Brabant-Wallon, à laquelle appartiennent M. Ch. L. W. de Burlet du Boloy, propriétaire à Malines, et G. de Burlet. ancien officier de cavalerie au service d'Autriche (régiment des dragons de

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