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qui est entier, est carré, ayant de chaque côté dix-huit palmes de longueur, et, par de petites pierres colorées, s'y trouvent dessinées les plus agréables et les plus jolies frises (bordures) avec des arabesques et des noeuds entrelacés sur champ (fond) blanc, au milieu duquel, également sur fond blanc, est peint en couleurs, Achille qui, ayant lié à son char le corps d'Hector, excite les chevaux pour qu'ils le traînent sur la voie. Le second pavement est endommagé de plus de la moitié, mais on y découvre des bordures et ornements comme au premier, quoique le dessin en soit différent, et au milieu se trouve un cheval courant qu'un palfrenier retient par les rênes. Le travail est bien fait, et en particulier dans les chevaux se remarque l'ardeur de la course. L'édifice dans lequel ont été trouvés ces deux pavements, quoiqu'il soit demantelé, permet, à en juger par ses vestiges, de croire que c'était anciennement une maison. - Maintenant je vous donnerai la copie des épigraphes tirées du Colombajo découvert du côté de la voie Appia à un mille environ hors de la porte. Il est remarquable que près de ce monument on ait trouvé un lambeau assez ample d'un linceul d'amiante dans lequel on enveloppait les cadavres afin qu'après leur combustion on en conservât les cendres.

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Les épigraphes sont les suivantes: (Voir la planche et les notes qui suivent).

Notes.

No 1. On remarque que la vilenie écrite contre Annio Pollione y est ajoutée en autres caractères, quoiqu'antiques.

No 2. Le titre d'Insularius est remarquable; il signifie gardien de plusieurs maisons agglomérées, quoique MARINI ARVAL, pag. 299, dise que ce sont les gardiens et curateurs des maisons. (Voir MURATORI Insc. page 943. II.

No 3. Plumarius signifie Brodeur. (Voir MURATORI, pag. 907).

No 4. Cette Methe était servante à pied de sa maîtresse.

No 5. DEC j'interprête DECURIO familiaris Decurio, le chef des serviteurs qui servaient de plus près la personne du maître.

No 6. Cette épigraphe est remarquable pour le Consulat de Caius Julius Cesar fils d'Auguste par adoption et L. Emirlio Paolo. Celui qui intervint en l'an de Rome 754, la première de N. S.

Dans le même Colombajo se trouvaient de notables fragments de tables en stuc, ornées de très-beaux groupes de figures. Le vignoble où se font les excavations, est de M. De Rosa.

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En tête des inscriptions trouvées dans le voisinage de la voie latine, non loin de la porte, par les fouilles opérées par M. Arduini dans la vigne Gremaschi, se place en premier lieu la pierre de marbre, haute d'environ 6 palmes, surmontée d'un bas-relief représentant Bacchus entouré de faunes et de satyres versant du vin daus des vases. Au-dessous se lit (Voir la Pierre N° 7).

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Observations du chevalier Grifi:

No 7. Cette inscription est rare, puisqu'elle nous indique un marchand de vin et de vivres qui avait son hôtel dans le Velabre, à l'enseigne des 5 Poissons, appelés scarus (SKAROs) par les anciens. La pierre a été trouvée au long de la voie, hors du Colombajo.

No 8. On doit observer que sur toutes ces pierres où se trouve sculpté le nom de Mecenate, on le doit toujours lire avec la diphtongue ae dans la premiere syllabe. V. FABRETTI Inscr. pag. 225.

No 9. Genium Divinité tutélaire de tout homme quelconque, et ici de Clodio, ainsi qu'en parlent Plutarque de Fato Servo Liv. VI Aerid. Voir FABRETTI et REINESIO Inscr.

No 10. Dans REINESIO page 183 et dans MERCATORI Inscr. page 77, se trouvent trois épigraphes dédiées au génie de quelques personnes.

No 11. Servus decurio : à qui était sujette la décure des autres serviteurs. N° 12. Cette épigraphe semble avoir quelque rapport avec celle marquée No 1. No 13. Ici sont sculptés deux anges et cette pierre est chrétienne, non trouvée dans le Colombajo.

No 14. La manière d'écrire le B est remarquable.

No 15. Cette inscription est très-rare; il me semble, tant pour l'office quelconque que Létia ait pu tenir au Capitole, que pour la manière dont elle (l'inscription) est composée, qu'elle est sans pareille. — Cette Létia serait-elle par hasard la femme de quelqu'un habitant le Capitole pour y célébrer les jeux d'après l'institution de M. Favio Camillo, ou aurait-elle tenu sa demeure sur cette montagne, puisque sur la foi de Lampridio in Heliog. cap. 30 et de Propertio IV. 9. 3., on peut assurer qu'il y avait là des habitations privées.

J'espère que M. le vicomte agréera cette faible preuve que je lui envoie, pour lui témoigner ma plus profonde estime et ma véritable affection.

NOTICE

SUR LES TOURNOIS,

par un membre de l'Académie.

Les tournois, les joûtes et les combats de la table ronde ont joué un grand rôle dans l'histoire de la noblesse. On sait que le tournoi était un combat d'honneur où les gentilhommes entraient en lice pour prouver leur valeur, leur force et leur adresse. Il se faisait en troupes; et son nom, croit-on, provient du mot tourner, parce qu'on y exécutait des courses en rond, et que ses exercices forçaient à tourner souvent. Pour que les combattants ne pussent s'entre-blesser, les lances et les épées dont ils se servaient, avaient la pointe émoussée et le taillant rabattu, ce qui faisait donner à leurs armes le nom d'armes courtoises. Ceux qui se livraient à ces jeux militaires étaient encouragés par la présence des dames qui y assistaient en spectatrices; elles couronnaient les vainqueurs

en leur remettant avec grande pompe les prix qu'ils remportaient. Cependant ces exercices militaires n'ont pas été toujours d'une nature pacifique; car l'histoire fournit des exemples de tournois où l'on combattait avec des armes offensives, que l'on appelait tournois à outrance, et qui ne se terminaient pas sans effusion de sang, ou par la mort de quelques-uns des combattants 1. En 1414, Jean duc de Bourbon choisit seize chevaliers et écuyers pour l'accompagner à un de ces tournois à outrance, et défia un pareil nombre de chevaliers et écuyers d'Angleterre. On connait l'histoire de Jean Astley, écuyer anglais, qui, en 1430, combattit à Londres contre Philippe Boyle, chevalier aragonnais, en présence de Henri IV, qui créa Astley chevalier. C'est du même Astley dout, pour le dire en passant, descend, en ligne directe, le plus célèbre chirurgien que la Grande-Bretagne ait vu naître dans nos temps modernes.

Les joûtes étaient des combats particuliers à l'épée ou à la lance, et qui se faisaient souvent après ceux des tournois, ou bien dans d'autres occasions où des chevaliers s'offraient à combattre d'homme à homme dans certains lieux qu'ils indiquaient, et aux conditions portées dans leur défi. Aux joùtes appartient aussi le combat anciennement appelé pas d'armes, qui se faisait à des fêtes publiques, par un ou plusieurs chevaliers qui choisissaient un lieu qu'ils proposaient de défendre contre tous venants, comme un passage que l'on ne pouvait traverser sans combattre ceux qui le gardaient. La table ronde était une espèce de joûte, que l'on désignait sous ce nom, parce que les chevaliers qui y avaient combattu, allaient, en se retirant, souper à une table ronde chez celui qui les avait invités à la joûte.

On ne saurait déterminer d'une manière exacte l'origine des exercices militaires dont nous venons de parler. Les historiens sont peu d'accord à cet égard. Après avoir compulsé les chartes, les anciens manuscrits et les livres qui ont traité ce sujet, on doit, si l'on est de bonne foi, avouer qu'on ne sait

1 DU CANGE, Dissertation septième sur l'histoire de Saint-Louis.

rien de positif. Aussi Limnæus, auteur d'ouvrages si remarquables sur le droit public et sur les états de l'empire germanique, 1 etc., fait observer avec raison combien il est difficile de découvrir l'origine des tournois; il est d'opinion qu'il faut glisser là-dessus, d'autant plus qu'il importe fort peu de rechercher avec ardeur et de connaître l'institution primitive de ces exercices militaires, puisqu'il suffit, ajoute ce célèbre jurisconsulte et historien, de savoir qu'ils ont été introduits chez les Germains par Henri-l'Oiseleur. Sans vouloir nous jeter dans des conjectures, il nous semble, que l'on peut dire sans crainte de trahir la vérité, que l'origine des tournois se perd dans la nuit des temps. Ils ont été, selon toute probabilité et selon l'opinion généralement reçue, institués primitivement pour apprendre uniquement le métier des armes; de sorte qu'il est même permis de supposer qu'ils doivent être presqu'aussi anciens, si nous pouvons nous exprimer ainsi, que le désir de se rendre habile à tuer les hommes à la guerre. Dès leur naissance, ils ont dù naturellement donner l'idée de s'en servir, à certaines fêtes, comme de jeux et d'amusements. Nous pensons néanmoins qu'il est peu raisonnable d'attribuer l'invention des tournois, des joûtes et des combats de la table ronde, comme on l'a fait, à Arthus, à ce roi fabuleux des Bretons, qui, prétend-on, vainquit les Saxons, soumit l'Écosse et l'Hibernie, défit Lucius, général des Romains en Allemagne sous le règne de l'empereur Claude, et ravagea la plus grande partie des Gaules. Nous ne pouvons nous empêcher de citer François Modius, chanoine d'Aire, écrivain très-érudit du 16° siècle, que les guerres des Pays-Bas forcèrent de passer une grande partie de sa vie en Allemagne ; d'après lui les tournois seraient plus anciens chez la nation germanique que partout ailleurs 2. Nous partageons

1 Notitia Regni franciæ; jus publicum imperii Romano-Germanici; Dissertatio apologetica de Statibus imperii Romano-Germanici; Capitulationes imperatorum et Regum; etc.

Pandecta triumphales, sive pomparum, festorum, ac solemnium apparatuum, conviviorum, spectaculorum, etc.

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