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une statue de St.-Pierre. Sur la même ligne, en montant vers la partie

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orientale du bas-côté, on trouve une répétition de cette porte, à l'entrée de l'aile gothique du cloitre, servant maintenant de sacristie. Celle-ci a conservé le bas-relief de son tympan, tandis que les autres formes qui constituent la porte, ont été mutilées en grande partie, par une construction faite à propos des chapelles gothiques qui se trouvent entre ces deux anciennes entrées de l'église.

Toute la composition de ce bas-relief, ainsi que chaque figure à part, portent fortement le caractère de l'époque romane. Le Sauveur, assis sur un trône, tient sur son genou un livre ouvert sur lequel les dix commandements sont figurés par le nombre en chiffres. Il tient la main droite levée pour bénir. Sa figure est encadrée dans une plate-bande approchant de l'ovale et figurant le ciel. Un génie ailé et trois animaux symboliques représentent les quatre évangelistes. Le génie vêtu d'une tunique, quatre ailes, ainsi que les trois animaux qui ont la tête nimbée comme des figures humaines. Tous

C

les quatre portent un livre. Sur l'encadrement en demi-cintre on lit l'inscription suivante :

Haec domus orandi, domus est peccata lavandi
Hoc subeas limen purgare volens homo crimen
Intus peccatis lavacrum, dat fons pietatis.

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PECCATA LAUNDI

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NTUSPE CCATIS LAUAERVICUP FONSPIETATIS
Bas-relief au-dessus d'une porte romane.

Il est très-probable que vis-à-vis de la porte dont nous venons de parler, une entrée pareille aura existé à l'endroit occupé maintenant par la première chapelle gothique du bas-côté méridional. Cette dernière aura ainsi complété le nombre pair de quatre entrées latérales, dont les églises romanes offrent des exemples très-fréquents.

En jetant un coup d'œil sur le pavé de l'église, qui a été renouvelé dans les trois nefs et les transepts au 17e siècle, nous remarquons encore des pierres sépulchrales d'un grand intérêt. Nous nous arrêtons surtout aux belles dalles tumulaires qui se trouvent dans les chapelles latérales gothiques. Plusieurs de celles-ci représentent des dignitaires du chapitre, et les unes sont travaillées en relief, d'autres gravées en creux. Nous ne doutons pas que ces belles lignes gravées n'aient été remplies d'un mastic colorié, et nous laissons l'imagination se faire une idée de l'effet que cette belle mosaïque devait produire. Les parties fortement creuses dénotent l'absence d'un métal qui remplissait ces vides. Les ornements encadrant ces figures romanes, gothiques et renaissance, sont d'une pureté de goût admirable. Remarquables sous le rapport du style monumental dont ils sont empreints, ces beaux restes de l'art ancien sont encore curieux pour le costume de l'époque et pour l'histoire de l'église, par leurs dates et inscriptions. Pour leur conservation nous émettons l'idée de les enchasser dans les murailles du cloitre gothique, où elles seraient parfaitement à leur place sous les arcades de ce campo sancto, qui deviendraient un musée d'art et un digne champ de repos pour maint illustre personnage qu'elles représentent.

Une construction en saillie sur les chapelles gothiques se trouve à la partie sud-ouest de l'église. A part un bâtiment moderne et la chapelle servant de baptistaire actuel, ce bel édifice forme un avantcorps ou le narthex de l'église. Son architecture, beau roman de la fin du 12me siècle, fait pressentir la naissance du gothique. Le mélange de la forme ogivale et du plein cintre nous fait même penser à un style transitoire, qui s'annonce par la grande ogive

encadrant un ensemble, où tous les détails sont du style roman, avivéà sa plus haute splendeur.

La façade à laquelle on a fait subir des changements, se compose d'une grande ogive à large base, dont les moulures sont sans ornements. Le tympan 1 de l'ogive, qui ne consiste qu'en une maçonnerie unie, percée de trois fenêtres, a pour base une architrave décorée d'une suite d'arcadures couvertes de trèsjolies sculptures presque sans relief. Des faisceaux de colonnes rondes et de piliers carrés à chapiteaux romans, soutiennent les retombées de l'ogive, tandis que quatre colonnes rondes à chapiteaux historiés soutiennent le milieu de l'architrave. Deux de ces colonnes se présentent à la façade et leurs doubles à l'intérieur, de même que les colonnes en faisceaux, soutenant l'ogive extérieurement, se répètent à l'intérieur. Privées de leurs stylobates, qui sont enterrés par l'élévation du pavé, ces belles colonnes se trouvent tronquées, ce qui fait perdre à la façade de son élégance. Deux contreforts, dont la largeur accuse l'épaisseur des anciennes parois latérales, flanquent l'ogive, qui est couronnée par une maçonnerie chantournée, 2 et celle-ci est décorée de trois arcades. géminées du plus joli effet. Nous nous y arrêtons un instant avec plaisir, leur forme gracieuse méritant de l'attention. Des moulures constituent intérieurement l'archivolte posant sur deux colonettes, rondes, dont les chapiteaux rappellent le galbe corinthien. Une troisième au milieu supporte deux cintres d'une dimension des plus réduites. Une bande à dents de loup sépare ces arcades de l'ogive.

L'intérieur se présente sous un aspect à la fois noble, riche et religieux. L'enfoncement de ce fastueux vestibule, si défavorable pour la façade, ajoute à l'impression qu'on éprouve

1 Tout porte à croire qu'un grand bas-relief a décoré ce tympan, si nu maintenant.

2 Ceci nous rappelle une réparation moderne; car évidemment un tympan à corniche aura terminé la façade, sa forme ayant suivi le contour du toit en pignon, ce qui caractérise ordinairement les édifices de cette époque.

ordinairement en entrant dans les anciennes églises 1. Une profusion de belles sculptures décore tous ces grands pans de muraille, et cette richesse de sculpture s'alliant aux lignes nobles de l'architecture, produisent un grand effet. Les anciens écrits sur l'histoire de l'église ne disent rien de l'usage de ce porche, si ce n'est que nous savons que les processions solennelles y entraient ou en sortaient, et que c'est par cette partie de l'église que les souverains faisaient leur entrée quand ils allaient jurer protection au chapitre. Peut-être une construction plus ancienne a existé avant celle-ci, et les parois latérales pourraient en être des restes. A la plupart des églises romanes, un abord séparé servait à recevoir les néophytes, qui sous le nom de Catéchumènes, devaient premièrement subir la purification du baptême, avant d'être reçus, avec les fidèles dans l'enceinte sacrée du temple. Cet endroit appelé Narthex, ne servait plus à cet usage, dans le temps où l'on construisit ce portail, puisqu'il n'y avait plus de payens à convertir dans nos environs. Mais l'usage de ces vestibules se sera conservé dans la construction des églises 2. Le plan de son pavé présente un parallelogramme peu prononcé dont les quatre angles sont brisés, premièrement en face par la suite des colonnes qui se suivent vers l'enfoncement où se

On y descend par plusieurs marches, dont le nombre pourrait être réduit. Nous verrions avec le plus grand plaisir déterrer ce beau monument, sans doute unique dans son genre, dans les deux royaumes. La chose ne présente aucune difficulté. En baissant le sol de la rue au sommet de la hauteur, et qui se trouve en ligne horizontale à celle qui longe la façade du portail, et qui est perpendiculaire, on ferait reparaître la base de la facade occidentale de l'église, entre les arcades, où également, comme nous avons dit, le socle des murailles n'est plus visible. Quelques marches seraient encore nécessaires pour la descente des piétons de cette rue dans celle qui descend entre l'église de St-Jean et de St-Servais pour parvenir à découvrir les stylobates des colonnes du portail. Un pavé qui traverse en biais la place, plantée d'arbres, peut suffisamment servir pour les voitures. Qu'on refléchisse que la pression du pavé et l'humidité de la terre doivent ronger la base de cet édifice.

2 Nous remarquons qu'une porte dans le mur latéral droit communique avec la chapelle gothique où se trouvent les fonds baptismaux. La décoration de cette porte est la même dans cette chapelle que dans l'intérieur du portail.

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