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NOTE

SUR UNE FOUILLE,

faite durant le mois d'août 1844, à Casterlé, province d'Anvers;

PAR

M. PROSPER CUYPERS,

membre correspondant de l'Académie; de la Société royale des Antiquaires du Nord;
de celle des Antiquaires de la Morinie; etc.

Faisant une excursion dans la Campine, j'appris qu'on avait trouvé en 1841, à Casterlé (Province d'Anvers), une statuette en bronze, et qu'elle était encore entre les mains de M. le chanoine de Ram. - M. Van Genechten, président du tribunal de Turnhout, eut la bonté de me communiquer la note que ce savant avait publiée à ce sujet. La lithographie qui l'accompagne me rappela une de ces statuettes que j'avais vues quelques fois en Allemagne, à Blankenheim et Strasbourg, où généralement elles sont regardées comme représentant le Dieu de la force. On en

trouva aussi à Vienne. Klemm, (Handbuch der germanische alterthumskunde p. 357) décrit la même idole, qu'il représente p. 20-21. Il regarde la petite draperie qui couvre une partie du bas-ventre comme un poignard à courte lame. Wagener (Handbuch der vorzuglichster in Deutschland entdechten alterthümer aus hüdnischer zeilj en décrit plusieurs d'une ressemblance parfaite avec celle trouvée à Casterlé, tandis que d'autres sont représentées à genoux, portant une massue, ou appuyées sur un bouclier. Désireux de voir la place où le monument avait été découvert, je me rendis à Casterlé. Les renseignements que j'y reçus, ne furent néanmoins pas de nature à me tranquilliser sur son origine; j'appris d'un témoin oculaire qu'il y a vingt ans, cette statuette, dont il ignorait la valeur, avait servi de joujou, et plus tard, jusqu'au moment de la décou verte, avait servi comme régulateur d'une balance. Quelle que soit son origine, l'opinion émise par le savant chanoine m'est un sûr garant de son antiquité. Toutefois, je crois que sa religion a été surprise sous les rapports du temps et du lieu de la découverte, ce qui prouve combien il est urgent que les fouilles soient faites par des personnes expérimentées dans ces sortes d'explorations archéologiques.

Ma course néanmoins ne fut point inutile: j'acquis la certitude qu'on y avait découvert en 1829, une urne dont les fragments se trouvaient encore à la maison communale. M'y étant renda, M. l'échevin Benoît Musser eut la bonté de me la faire voir ainsi que le procès-verbal qui en avait été dressé. Quoique à peu près en pièces, je la reconnus immédiatement pour une de ces urnes que l'on regarde généralement comme étant d'origine germaine; elle était d'une assez jolie forme, d'une terre assez fine et d'un bon travail, portant sur un seul fragment les lignes dont j'ai fait mention dans ma notice sur une fouille faite à Alphen, dans le Brabant septentrional en 1845; fragment que j'ai eu l'honneur d'offrir à l'Académie. A-peu-près certain d'y découvrir d'autres urnes, je me rendis dans la bruyère, que M. l'échevin m'indiqua, et, accompagné par lui, je vis bientôt que dans une partie du Rulheide,

contre les limites de la commune de Lichtaert, à une distance d'environ 30 à 40 mètres du ruisseau nommé le Rullouf, la bruyère est couverte d'un grand nombre de tumuli.

Le peu de temps dont je pouvais disposer, me fit borner ma besogne à ouvrir trois de ces monticules. J'ai l'honneur de rendre à l'Académie un compte exact de cette opération, m'estimant heureux de pouvoir lui indiquer une place où, sans aucun doute, une riche moisson d'antiquités germaines pourrait être faite, et ces découvertes contribueraient éminemment à nous faire mieux connaitre les mœurs et les usages de nos ancètres.

TUMULUS 1.

Dans ce monticule, haut environ 50 centimètres, et éloigné de 34 mètres du Rullouf, je découvris à une profondeur de 20 à 30 centimètres, du charbon de terre et des ossements. Bientôt une plus grande quantité de charbons se montra, parmi lesquels j'en trouvai d'une grosseur peu commune, et que l'on pouvait reconnaître comme provenant indubitablement de bois de chêne. Au milieu de ces charbons de bois et une grande quantité d'ossements, en partie calcinés, je trouvai à environ 50 centimètres sous terre, une petite urne d'un diamètre de 10 centimètres, et d'une forme assez ordinaire. Elle se trouvait placée sur le côté avec l'ouverture tournée vers le sud-est, et a été légèrement endommagée par un des ouvriers. Cette découverte me paraît mériter quelque attention, vu qu'elle détruit tout doute à l'égard de l'emploi des petites urnes, que l'on avait cru jusqu'ici assez généralement, ne contenir que des cendres et des ossements d'enfants, tandis que les ossements trouvés ici proviennent indubitablement d'un homme dans la force de l'âge.

TUMULUS 2.

Dans le monticule d'une hauteur de 50 centimètres, dans une direction vers le nord-est, à 11 mètres du Tum. no 1, je trouvai

à une profondeur de 40 à 45 centimètres une grande quantité de charbons de terre et d'ossements, parmi lesquels une dent; mais point d'urne.

TUMULUS 3.

A environ 8 mètres du Tum. no 2, dans la même direction, à une profondeur de 50 à 55 centimètres, je trouvai une grande quantité de charbons de terre et d'ossements, parmi lesquels un objet en bronze, ayant probablement servi comme ornement de tête, et ressemblant parfaitement à celui trouvé à Alphen (Prov. du Brab. septentrional) dont la description se trouve dans la notice sur cette fouille, publiée en 1843.

Je profite de la même occasion pour offrir à l'Académie d'Archéologie de Belgique, les différents objets que j'ai eu le bonheur de trouver.

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