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Le grand-duc de Hesse écrit la lettre suivante : Monsieur le vicomte, c'est avec bien du plaisir que j'ai reçu la deuxième livraison du bulletin de l'Académie d'Archéologie de Belgique, qu'au nom de cette honorable association, vous venez de m'envoyer. Je vous prie de vouloir bien lui exprimer mes remerciments. et je saisis cette occasion pour vous renouveler l'assurance de mon estime parfaite.

Darmstadt, le 2 février 1844.

Louis.

Le roi de Wurtemberg, l'empereur du Brésil et le roi de Hollande remercient également l'Académie, de la manière la plus gracieuse, de l'envoi de ses annales.

Vous aurez remarqué, MM., dans les livraisons qui ont paru, l'énumération des nombreux envois de livres et d'autres objets qui ont été faits à l'Académie; nous voyons avec plaisir que notre bibliothèque continue à s'enrichir, pour ainsi dire, chaque jour. La plupart de ces dons sont vraiment dignes, MM., de votre attention. Forcé, comme je le suis, de me renfermer dans les limites étroites de ce compte-rendu, je regrette de ne pouvoir vous en parler avec toute l'importance qu'ils méritent. Je dois donc me borner à citer seulement les ouvrages que l'Académie a reçus depuis l'impression de la 3me livraison.

Le conseil d'administration, ayant introduit la plus sévère économie dans les dépenses, a trouvé jusqu'à présent, dans les seules et modestes ressources de l'Académie, le moyen de faire face à tous les frais. Le nombre des abonnés à nos annales augmente de jour en jour. M. Nothomb, ministre de l'intérieur, a souscrit pour 25 exemplaires; de sorte que quelques membres pensent que bientôt on pourra affranchir les membres effectifs de toute cotisation annuelle.

L'état de nos finances est donc favorable. M. le trésorier vous présentera sa comptabilité, vérifiée par la commission nommée dans la dernière séance générale, et composée de MM. Smolderen, Van Camp et De Kuyper 1.

Ces comptes ont été vus et approuvés à la séance générale.

M. Van Hasselt, trésorier de l'Académie, obligé de s'absenter à chaque instant, désire échanger ses fonctions contre celles de M. De Keyser, conseiller de l'Académie. Le bureau d'administration a donc l'honneur, MM., de proposer à votre sanction le mandat de trésorier, qu'il a provisoirement confié à M. De Keyser, et la place de conseiller, qu'il a de même conférée à M. Van Hasselt.

Le bureau propose également à la sanction de l'assemblée générale, le choix qu'il a fait de M. Broeckx, comme conseiller-bibliothécaire et archiviste, en remplacement de M. Mertens 1.

Avant de vous citer les noms des savants dont le conseil vous propose l'admission définitive comme membres de l'Académie 2, permettez-moi, MM., d'adresser à M. le président un juste tribut de remerciments et de reconnaissance. Si les résultats heureux et presque inattendus que nous avons obtenus, en si peu de temps, sont dus, en partie, à l'intérêt que les études archéologiques inspirent partout aujourd'hui, nous ne pouvons, sans nous montrer ingrats, nous empêcher de les attribuer en grande partie aussi aux relations nombreuses que M. De Kerckhove a dans toutes les parties de l'Europe. Ces relations, il les doit à ses travaux scientifiques, au grand nombre d'ouvrages qu'il a publiés, à sa correspondance avec les principaux savants de notre époque. Membre de presque toutes les Académies, personne mieux que lui ne pouvait procurer à notre société, ces relations pour ainsi dire infinies que le genre de nos travaux rend indispensables pour réussir. A tous ces titres, M. De Kerckhove joint encore l'heureuse qualité d'une activité infatigable, et je puis attester qu'il ne se passe pas de jour qu'il ne s'occupe avec dévouement des intérêts de l'Académie.

1 Ces différentes propositions ont été adoptées.

2 Les noms des candidats admis à cette séance générale, seront publiés dans la liste supplémentaire.

DESCRIPTION D'UN MONUMENT

connu sous le nom de

TROU DES FÉES,

PRÈS DE VIRTON,

PAR

M. DU MONT,

Vice-président de l'Académie, membre correspondant de la Société

des Antiquaires de la Morinie, etc.

On a découvert à plusieurs reprises, en France, des monuments souterrains, que l'on a regardés comme des temples druidiques; et les savants se sont emparés sur le champ de ces découvertes. Il y a eu, à cette occasion, assaut d'érudition; il y a eu des dissertations à perte de vue, fondées souvent sur des suppositions plus ingénieuses que conformes à la vérité; et l'on a vu d'anciennes carrières de pierres, transformées, sous la plume de certains écrivains, en temples de Teutatès, uniquement pour satisfaire à la manie de voir partout des antiquités.

D'après les journaux, on vient encore de découvrir un de ces monuments pratiqué dans le roc, et dont l'entrée avait été tellement obstruée jusqu'aujourd'hui, que, sans le hasard qui a amené à creuser en ces lieux, on serait encore privé de ce trésor.

Et nous aussi, nous avons de ces débris de l'antiquité gauloise. Comment supposer, en effet, que, placés près d'une des forêts les

plus considérables de la Gaule, nous n'ayons pas en des druides, qui y eussent établi leur séjour, et pratiqué leurs redoutables mystères? croit-on que les seules forêts du midi puissent s'y prêter? les croit-on plus sombres, plus majestueuses, plus propres à inspirer que les nôtres qui, quoique aujourd'hui aménagées, soignées comme des parcs, répandent néanmoins encore une sorte de terreur par leur obscurité, par leur vaste étendue, aux étrangers qui les traversent pour la première fois ?

Je ne connais point, je l'avoue, toutes les richesses en ce genre que renferme notre pays; mais, au moins, je puis parler d'un de ces monuments, parce que je l'ai visité, étudié moi-même, autant qu'il m'était permis, et que je ne crois pouvoir revoquer en doute sa destination primitive. Ce n'est point une galerie creusée dans un rocher, se dérobant aux regards par quelques broussailles. Seulement l'immensité des Ardennes le protégait contre la curiosité des profanes. Et malheur, sans doute, à celui qui, égaré dans ces retraites sauvages, a urait été rencontré par les druides ou leurs suppôts; il aurait payé de sa vie l'imprudence dont le hasard le rendait coupable.

D'où vient que, possédant un pareille relique, nous en soyons encore au point d'en ignorer l'existence? En France, c'est d'hier qu'une découverte est faite; et il n'est pas douteux que les fouilles n'aient immédiatement suivi, et que dans peu, nous n'ayons une description exacte de tout ce qui y tient, ou s'y rapporte. Pourquoi, chez nous, un objet, qui se présente de lui-même, que l'on ne peut prendre pour une carrière que l'on aurait fermée, après en avoir extrait le marbre, mais auquel l'homme le plus ignorant attribue une destination particulière, sans toutefois pouvoir s'en rendre un compte satisfaisant, pourquoi, dis-je, reste-t-il inexploré ? N'estce pas une suite de cette funeste apathie, qui nous a été léguée par nos ancêtres, trop peu soigneux de la renommée du pays, non seulement dans cette partie, mais dans toutes les branches imaginables?

Aujourd'hui que l'on s'occupe de recherches en tout genre, après avoir secoué un coupable engourdissement; aujourd'hui que

ce noble nous national commence à se faire jour, aujourd'hui enfin que nous étudions notre passé avec autant d'ardeur que nous saluons notre présent, ne craignons point d'étaler aussi tout ce qui peut avoir quelque valeur, quelque prix.

Relevons-nous
Écartons une

aux yeux des étrangers, et à nos propres yeux. modestie par trop simple, en songeant que, s'il est beau pour un individu de pratiquer cette vertu, c'est une duperie, et presqu'une faute d'en agir de même, quand il s'agit de la patrie.

Pline, parlant des Romains de son temps, les blâme vivement de négliger ce qu'ils avaient chez eux d'intéressant et de curieux pour courir en Grèce, examiner et admirer des objets d'une importance beaucoup moindre, que ce qu'ils avaient sous la main, et qui n'avaient de prix que parce qu'ils étaient éloignés, ou parce qu'il avaient été vantés outre mesure, par des écrivains à l'imagination hardie, ou plutôt qui ne reculaient point devant le mensonge pour embellir ce qui aurait paru trop simple, s'ils s'étaient contentés de le revêtir des couleurs de la vérité. - Ne ressemblons-nous pas un peu, sous ce rapport, aux romains de Pline? ne dédaignons-nous pas un peu trop les richesses du pays, pour vouer notre admiration uniquement à celles de nos voisins, et surtout des français qui, comme les grecs, ont l'art de relever ce qui leur appartient, et de déprimer ce qui vient de chez les autres, quand toutefois ils ne peuvent venir à bout de se l'approprier, ainsi qu'ils le font tous les jours avec les grands hommes que la Belgique a produits?

Quant à moi, tout en estimant à sa valeur ce que je rencontre ailleurs, je crois devoir donner la première place à ce que m'offre la terre de la patrie; et je voudrais posséder tous les talents, pour le présenter sous son jour le plus favorable, et lui mériter aussi l'attention non seulement de mes concitoyens, mais aussi de tous les étrangers. Et comme je m'en reconnais incapable, je désirerais que ceux de mes compatriotes, qui sont en état d'en donner une grande idée, s'en occupassent davantage, et attirassent, à leur tour, les curieux et les voyageurs. Peut-être qu'alors nos

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