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deniers d'or je suppose encore qu'on aura employé tout le remède de poids, et je prouve que les louis vaudraient encore au moins 23 liv. 5 sous 1 denier. Voilà ce que M. Solignac n'ose pas nier, et il voudrait bien que cela fût inintelligible.

Son chapitre de l'Atrocité comprend la fameuse erreur arithmétique : erreur dont la conséquence que j'ai tirée de mon calcul est entièrement indépendante (1); de sorte que ma véritable atrocité est d'avoir raison.

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(1) Je le prouve en rectifiant tout le calcul. M. Solignac dit, 1°, que la piastre n'est prise dans le commerce que sur le pied de 10 deniers 18 grains; donc elle a 3 grains de moins que nos écus. 2°. Il convient qu'elle se vend à raison de 53 liv. 5 s. le marc: donc le grain vaut 4 s. 2 d. 3 ; donc aussi 3 grains valent 12 s. 4 den. 2: donc enfin le marc de nos écus devrait se vendre 53 liv. 5 s., plus 12 s. 4 d. 15, ou 55 liv. 17 s. 4 d. Voyons combien il se vend, et rectifions toutes les erreurs. Les assignats se vendaient, lorsque j'ai écrit, à 5 pour cent de perte, coupons déduits; c'est ce qui a été vérifié : donc sur 200 liv. on perdait 11 liv., et on ne donnait que 189 liv. D'après cela, le marc d'écus valait 52 liv. 15 s. 11 d. 4. D'après les données de M. Solignac, il devait se vendre 53 liv. 17 s. 4 d. 2. Donc on le vendait trop peu 1 liv. 3 s. 4 d. `Ainsi, pour rectifier toute erreur, il faut lire: » Cependant, comme » l'assignat de 200 liv. ne perd que 11 liv., le marc de nos » écus ne se vend que 52 liv. 13s. 11 d. 4: d'où il suit qu'en >> disant de l'ouvrage dont il s'agit: Méditez-le, il contient » les vrais principes, c'est comme si l'on adressait aux » marchands d'argent ces paroles: Vous ne vendez vos » écus que sur le pied de 52 liv. 13 s. 11 d. te marc: vous

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Voici une seconde prétendue atrocité, et certes elle est d'un genre nouveau. J'ai calculé la valeur intrinsèque des louis à vingt-un karats, non sur le pied inconcevable de 780 liv. 17 sous 4 deniers, proposé par M. Solignac, mais sur le pied du tarif, c'est-à-dire, sur un pied bien inférieur à celui du commerce; et j'ai trouvé que ces louis de 24 liv. auraient pour 24 liv. 19 sous 2 deniers de valeur intrinsèque, à Paris, où l'or fin se vend au moins, et de l'aveu de M. Solignac, 828 liv. 12 sous le marc. Et ne voilà-t-il pas que M. Solignac prétend que, pour le calomnier, j'ai supposé qu'il proposait de fabriquer des louis de trente au marc, sans diminuer le prix de l'or! Je demande si ce n'est pas là dénaturer le sens de ma proposition?

Certes, il m'importait très-peu que M. Solignac eût rêvé qu'il pouvait persuader à l'assemblée nationale qu'avec cinq à six lignes de décret, point d'or ni d'argent, et quatre à cinq milliards de dettes, elle pouvait faire la loi aux possesseurs des richesses métalliques, et les forcer à nous délivrer leur or à 780 liv. 17 sous 4 deniers. Je n'ai dû prétendre autre chose que de prouver que, si l'on fabriquait des louis, de 24 liv. à 30 au marc, ces louis auraient pour 24 liv. 19 sous 2 deniers de valeur in

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» êtes des imbéciles : vendez-le 53 liv. 17 s. 4 d. 25. Médi» tez: voilà les vrais principes. »

Il est donc clair que l'erreur de calcul n'a pas produit l'erreur de raisonnement.

trinsèque, puisque l'or se vendrait au moins 828 liv. 12 sous le marc; et voilà ce qu'on appelle une atrocité. Et de ce que j'ai conclu que par cette opération l'étranger notre créancier gagnerait plus de deux millions, et que je l'ai prouvé, M. Solignac prétend que je le dénonce lui et SES PROTECTEURS comme des IGNORANS et des monopoleurs, et il s'écrie : « Quelle fausseté! quelle noirceur! quelle atrocité ! » Et moi, je déclare que je ne connais ni M. de Solignac, ni SES PROTECTEURS; que je fais, par ma nature, fort peu de cas et de qui protége, et de qui se laisse protéger; que je défie enfin la malveillance la plus déhontée de me trouver ici un autre intérêt que celui de relever des erreurs qui pourraient devenir trop préjudiciables.

Me voici à la dernière atrocité que l'on me prête: et véritablement elle est très-comique. M. Solignac, après avoir conseillé de réduire les louis à 22 liv. 10 sous (ce que j'appelle voler dans nos poches trente sous), de les réduire ensuite à 22 liv. 5 sous, lorsqu'on ferait une refonte générale, quoiqu'il eût dit qu'il n'avait pas l'idée d'une refonte générale, ajoute que cette refonte se ferait sans bruit et sans commotion; je l'ai prié de nous expliquer » com>> ment s'effectuera sans bruit et sans commotion » une opération par laquelle on vole au possesseur » de louis et d'écus trente à trente-cinq sous par louis, et 16 sous 7 deniers un cinquième par » marc d'écus; et j'ai ajouté que je CRAIGNAIs au >> contraire qu'on ne criât très-haut aux voleurs,

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» et qu'on ne fît peut-être plus que de crier. » C'est cette crainte que M. Solignac métamorphose en conseil; et, pour finir comme il a commencé, c'està-dire, en falsifiant tout ce qu'il touche, il prétend que je l'ai dénoncé au peuple comme un voleur, et que je lui conseille de ne pas se contenter de crier. De quel côté est l'atrocité?

Observations de Mirabeau relativement à l'Essai sur la proportion de l'or à l'argent qui serait la plus convenable dans la monnaie de France, par M. F. Solignac.

ON répand avec profusion, dans cette salle, une brochure sur la proportion de l'or et de l'argent, dans le moment où l'assemblée va délibérer sur un nouveau régime des monnaies; et l'on vante avec affectation l'excellence de cet écrit.

J'ai cru nécessaire, pour préserver l'assemblée d'une confiance qu'il est trop naturel d'accorder à ceux que l'on croit instruits dans une matière en général si peu étudiée, de relever les principales bévues de l'auteur de cet essai. Je le ferai en ne suivant d'autre ordre que celui des pages de sa brochure; et je renvoie au grand travail que je soumettrai incessamment à l'assemblée, sur cette matière, la méthode et la liaison systématique des idées. La courte polémique qui va suivre, étant de

MIRABEAU. TOME 11.

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pure précaution, j'ai cru qu'il valait mieux en hâter la publication qu'en soigner la rédaction.

Je ne m'attacherai qu'aux objets les plus importans; ainsi je ne relèverai pas les impropriétés d'expression (1), qui cependant entraînent la confusion des idées, les aperçus vagues, les notions obscures, et j'examinerai seulement les mauvais principes et les faits inexacts ou entièrement faux, car nous en trouverons des uns et des autres.

M. Solignac prétend que la partie politique de la monnaie consiste à savoir choisir et déterminer pour un état, dans la fabrication des espèces, la proportion de l'or et de l'argent qui lui convient le mieux relativement à celle des monnaies (2).

Le travail de la proportion des métaux précieux est un si petit accessoire de la science monétaire, une opération si simple, qui dérive de données si peu compliquées, que j'ai peine à mettre mes idées au niveau d'une politique aussi mesquine.

Je ne conçois pas davantage comment un homme qui a réfléchi sur les monnaies a pu écrire qu'il

(1) Par exemple, M. Solignac dit (page 3) que la monnaie constitue les finances, quoiqu'elle ne soit qu'un moyen de faciliter certaines opérations de finances. Il dit que la monnaie est la base des impôts, tandis que c'est la richesse territoriale qui est cette base. Il dit que la monnaie est la mesure de l'impôt (ibid.), tandis que l'impôt pourrait être perçu en denrées, etc., etc., etc..

(2) Page 3, lig. 20 à 24.

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