et l'ai fait brûler. Je pars demain 25 à la pointe du jour, et vais à Saint-Aubin où j'en ferai autant. De là je me porterai sur Chalonnes où sans doute je ferai passer la nuit à ma colonne; car, pour aller de Saint-Aubin à Chaudefond et SaintLaurent, la route est impraticable. La conduite des communes de Rochefort et Chalonnes ne m'a pas paru mériter d'être englobée dans la proscription. Lorsque nous serons dans le pays de Saint-Laurent, SainteChristine, etc. Nous opérerons plus vigoureusement. >> Du 25. Colonne no. 1°. (Saint-Étienne. ) «Je suis parti de Secondigny à six heures du matin, et n'ai pu arriver ici qu'à cinq heures du soir. Mes volontaires ont marché toute la journée dans des chemins remplis d'eau, et la pluie sur le corps. » Il est impossible de faire marcher des charrettes dans ce maudit pays, et la difficulté qu'il y a d'en trouver m'a ôté la liberté de brûler trois hameaux dans lesquels il y a des subsistances de toute espèce. Tous les endroits où j'ai passé sont habités par des patriotes. Je me rendrai demain à la Châtaigneraie où j'espère prendre des renseignemens sur la position des brigands. » L'ordonnateur Rabel. ( Chollet. ) << Tu connais, citoyen général, les soins de l'Administration, sa sollicitude républicaine; mais tu sentiras que, malgré tous ses efforts, elle ne peut suffire à l'enlèvement des ressources immenses et inattendues que la Vendée nous offre. Pour y parvenir, il faudrait que tes opérations fussent subordonnées à la difficulté de procurer à toutes tes colonnes les voitures qui leur sont nécessaires; et comment les rassembler dans d'aussi courts instans? Comment faire venir d'Angers, de Saumur, de Tours, les chevaux des dépôts d'artillerie et des charrois que nous avons demandés? Ce n'est pas de cent voitures que nous avons besoin, c'est de mille, c'est de quatre mille. Partout on nous en demande, et il est impossible de s'en pro curer. » Du 25. = Le Comité de Surveillance. (Chollet. ) « Nous ne pouvons, citoyen général, nous dénantir de la connaissance des forfaits de Dutrehan. Cet individu étant reconnu pour un chef de brigands, il est important qu'il soit envoyé à la commission militaire. Son jugement nous sera adressé, nous le ferons afficher dans son cant on, ce qui fera beaucoup d'impression. Cependant si tu te décides à le faire fusiller, nous t'invitons à nous faire passer une décharge de cet individu. » Nous te prévenons que tes soldats exercent journellement des horreurs; nous t'invitons à prendre des mesures pour arrêter le brigandage. » Telle était àcette époque la situation de la haute Vendée où Turreau promenait l'incendie et la mort, sans éprouver aucune résistance. Le peuple vendéen s'était endormi dans l'espoir de la paix, il fut réveillé par les flammes qui l'environnaient. Il ne lui restait plus d'autre parti à prendre que de se réunir sous les bannières de ses anciens chefs, et la guerre éclata de nouveau. Le même système d'incendie et de massacres devait s'étendre dans la basse Vendée; mais l'ordre n'était pas encore donné de le mettre à exécution. Cependant les chefs vendéens faisaient, de leur côté, des dispositions pour résister à ce torrent de dévastation. Le général en chef en fut instruit par les rapports suivans : Du 22. La municipalité des Herbiers au général Amey, à Mortagne. (Les Herbiers.) « Nous te prévenons qu'on vient de nous instruire qu'il se forme un rassemblement à Bazoge-en-Pallier. Le détachement qui est ici n'est pas assez considérable pour le dissoudre; juge daus ta sagesse le parti qu'il y a à prendre. Du 22. = Le général Amey au général en chef. (Mortagne, huit heures du soir.) « J'ai appris par des rapports certains qu'il se formait un rassemblement dans la forêt des Angenaudières. Les insurgés s'étendent jusqu'aux environs de Tiffauge. Il y a eu des lettres circulaires dans toutes les paroisses, qui ordonnent de s'assembler au bois des Angenaudières, sous peine d'être fusille. La plupart des habitans s'y sont cependant refusés: aussi les chefs (Sapinaud et Vaugiraud ) s'en sont amèrement plaints; ils menacent de mettre le feu à leurs habitations et de les abandonner. » Il m'arrive dans ce moment des patriotes du Longeron; ils sont menacés par des brigands qui sont à Saint-Aubin et qui veulent brûler leur village. J'ai ici fort peu de monde; il est très-essentiel d'envoyer des troupes du côté de Tiffauge: le bien du service exige cette mesure. » Du 23. Le méme. ( Mortagne.) « Le procureur de la commune de Tiffauge vient de s'en sauver à toutes jambes, les brigands y étant arrivés en force: plusieurs ont déjà passé la Sèvre. Le commandant des Herbiers m'instruit que l'ennemi, qu'on dit au nombre de trois mille hommes, est entre Beaurepaire et la Gaubretière, et qu'il se dispose à attaquer les Herbiers ou Mortagne. »> Le général Haxo avait reçu l'ordre de former huit colonnes d'observation, destinées à fermer toute communication à l'ennemi et à le refouler sur le centre. Toutes ces colonnes devaient se trouver le 26 à leur destination respective savoir: ге Larre. de huit cents hommes de la colonne de Dufour, à Creil. La 2o. de pareille force, même colonne, à la Roche-sur-Yon. La 3°. de même force, venant de Challans à Aizenay. La 4. formée du poste d'Aizenay à Palluau. La 5. de six à sept cents hommes, à Legé. La 6. de huit cents hommes, partant de Machecoul, à Saint-Étienne de Corcoué. La 7. de huit cents hommes, des postes de Paimboeuf et Bourgneuf, à Saint-Philibert. La 8°. de trois cents hommes à Bouaye. « Tous les renseignemens que j'ai pris, écrivait Haxo, pour connaître les forces de Charette et les lieux qu'il occupe, se réunissent à dire qu'il a à peu près cinq à six cents homines, dont au moins un tiers sans armes et le reste sans munitions; on le dit à Saligny, petite commune du Bocage, voisine de différens petits bois qui servent à le couvrir. » Le général Bard, arrivé à Chantonnay, fit connaître au général en chef la force et l'emplacement de ses postes (1). Il avait à Chantonnay neuf cent cinquante hommes; à Saint-Vincent quatre cent cinquante; à Sainte-Cécile deux cent vingt; à Mouchamp deux cent quatre-vingt-quatorze; à Saint-Hilaire cent; total deux mille cinquante hommes, compris quarante cavaliers. Le 24, la municipalité des Herbiers informa le général en chef que l'ennemi, au nombre de deux (1) Le général Bard venait de Luçon; il n'appartenait point aux colonnes incendiaires. à trois mille hommes, occupait la Gaubretière, et qu'il ne se trouvait aux Herbiers qu'un poste de sept cents hommes. « Nous avons appris, ajoutait-on, que la Convention a rendu un décret pour incendier tout le pays insurgé (1), à l'exception de quelques endroits qui ne le méritent pas, à raison du patriotisme de ses habitans. Nous nous flattons d'être de ce nombre; il n'y a peut-être pas d'endroit dans le département où les habitans aient montré plus de civisme que nous aussi les brigands nous ont-ils pillés et volés plus qu'en aucun autre endroit; nous osons espérer, citoyen général, que tu ménageras notre ville, quand bien même elle serait sur la liste de proscription (2). Le même jour 24, Turreau écrivit de Chollet au comité de salut public : « J'ai commencé l'exécution du plan que j'avais conçu de traverser la Vendée sur douze colonnes. Haxo, que j'ai prévenu de ce mouvement, a divisé ses forces en huit parties qui marchent à ma rencontre, et qui viendront bientôt aboutir à mes extrémités. Ce qui reste de rebelles, ainsi cernés, je ne crois pas qu'il en puisse échapper; c'est du moins le moyen le plus sûr de parvenir à leur parfait anéantissement. Mes colonnes de droite et de gauche, aux ordres des généraux B..., D............ G..... B....... ....... et M.............. ont déjà fait des merveilles; pas un rebelle n'a échappé à leurs recherches (3). Une quantité considérable de grains a été découverte; et des ordres aussitôt donnés pour les faire filer sur les derrières. Ce surcroît de subsistances, qu'on ne peut encore ...... (1) On ne pouvait pas s'imaginer que ces mesures atroces n'étaient que le résultat des affreuses combinaisons de Turreau. (2) Elle ne tarda pas d'être livrée aux flammes. (3) Quelles merveilles, et quels rebelles !... |