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à armer ceux de mes soldats qui ne le sont pas, avant de les envoyer sur les derrières.

» Je m'arrangerai de manière à ne pas avoir froid avant de partir demain ; il paraît cependant que ceux des habitans restés dans cette commune sont d'honnêtes gens, mais... (1).

» Je suis particulièrement logé chez un ex-constituant, maintenant président d'un district, que l'on nomme Desmazières, qui n'est pas présentement chez lui, qui a déjà été pillé, et que je ne puis cependant pas épargner, d'après les ordres que j'ai reçus.

» Je sors à l'instant de sommer la municipalité de me déclarer s'il existait des contre-révolutionnaires dans la commune ; elle m'a déclaré qu'il n'existait que des femmes dont les maris s'étaient réunis aux brigands; comme elles me paraissent suspectes, je leur ferai donner demain leur déjeuner.

*** n'est

» Les armes vont m'être remises ce soir. encore en marche, et ne doit s'y mettre que ce soir. »

Du 22. = =Colonne no. 3. (Moulins.)

pas

« Je n'ai rien de nouveau sur la position de l'ennemi. Le pays que je parcours est suffisamment fourni de vivres pour la troupe. Je trouve dans toutes les métairies quantité de pain cuit. Je n'ai besoin que de voitures pour faire charger les grains. Sois tranquille sur ma marche, et sois persuadé que je ne me laisserai pas surprendre : je serai demain à SaintJouin ou Châtillon. »

Colonne n°. 2. (Bressuire).

« J'arrive à l'instant avec ma colonne, après avoir parcouru de droite et de gauche les bois et hameaux d'Argenton à Bressuire. J'ai fait brûler quantité de métairies, surtout le bourg de Saint-Aubin du Plain où j'ai trouvé dans l'église un drapeau

(1) Cette réticence fait assez connaître l'aveugle soumission à des ordres militaires, quel que soit leur caractère de férocité !!!...

noir et blanc. Les hommes et femmes qui s'y sont trouvés, tous ont passé au fil de la baïonnette.

» La force que j'ai trouvée disponible à Bressuire est de neuf cent quatre hommes, y compris les officiers et sous-officiers.» » J'aurais brûlé davantage de métairies, si je n'avais pas trouvé beaucoup de subsistances: il y a du blé en grains et en gerbes en quantité. Demain j'enverrai des détachemens dans les environs de Bressuire, pour ramasser tous les blés qui se trouvent aux environs. Les deux colonnes ne partiront que le 23 pour se rendre à leur destination, en brûlant tous les endroits, après en avoir enlevé les subsistances, à moins que tu ne me donnes des ordres contraires.

» Je n'ai point encore reçu de nouvelles des colonnes de droite et de gauche; j'attends qu'elles soient à la même hauteur que moi : cela ne m'empêchera pas de brûler tout ce qui avoisine Bressuire. »

Du 22. = Colonne no. 1. (Mazières.)

« Je suis arrivé à Mazières à sept heures et demie du soir, avec ma petite colonne qui n'était en partant que de trois cent quatre-vingt-sept hommes. Nous avons été obligés de désarmer tous les citoyens de Niort pour l'armer. J'ai recruté partout où j'ai passé ; j'ai excité les bons citoyens à me suivre, de manière que ma colonne est dans ce moment-ci de cinq ceut trente hommes d'infanterie et vingt gendarmes. Je serai demain à Secondigny où j'espère recruter de bons citoyens : je t'instruirai de tout ce que je ferai journellement. »

=

Du 23. Beaudesson, inspecteur faisant fonctions de régisseur-général des subsistances militaires, au général en chef. (Chollet.)

« Je dois t'observer, citoyen général, que la grande célérité de mes préposés ne peut parer à la promptitude des mouvemens de tes colonnes. Comment serait-il possible que dans

le même instant tout s'enlevât? Il nous faudrait des milliers de voitures, et c'est ce que nous n'avons pas (1).

>> Je te propose donc, et je crois instant de le faire, d'établir un magasin général à Maulevrier qui est le point du quel nous puissions tirer des vivres en plus grande quantité. Tout ce qui se trouve dans les métairies et bourgs environnans y serait conduit, et, à mesure, nous en enlèvrions journellement des charges de voitures dont le versement se ferait dans les magasins de Chollet. Nous éviterions par-là laconfusion, et notre expédition se ferait beaucoup plus facilement.

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D'après ta dernière lettre de ce matin, j'ai renouvelé mes demandes et mes réquisitions aux différens districts pour avoir des voitures. Quant à moi, je ne puis que te prier, te supplier même, d'engager les généraux à suspendre la rapidité de l'incendie plutôt que de tout brûler. »

Du 23. Le citoyen Beaudesson aux administrateurs des districts de Saumur, Thouars, Angers, Nantes, Bressuire, Parthenay, Vihiers, Chollet, Saint-Florent.-Circulaire. (Chollet.)

« D'immenses ressources étaient ensevelies dans la Vendée, elles se découvrent aujourd'hui. Vous connaissez l'ordre du général en chef et ses dispositions; il n'a rien tant à cœur que de soustraire aux flammes qui doivent pulvériser cette vaste contrée tous les objets de subsistances. Il a même récidivé la défense expresse d'incendier aucune espèce de denrées, et des dépôts sont formés dans différens hameaux et métairies. Des préposés actifs et intelligens, que j'ai placés à la suite de chaque colonne, sont spécialement chargés de faire porter sur les derrières des colonnes tout ce qu'ils pourront découvrir de denrées. Des granges renferment une infinité de grains et

(1) Les paysans, avertis par les flammes et par les massacres avaient démonté ou emmené leurs voitures et leurs bœufs en prenant la fuite.

de fourrages. Toutes les têtes de colonne doivent être parvenues le 27 à leurs hauteurs respectives; en sorte qu'il reste trop peu de temps pour faire les enlèvemens, vu la faiblesse de nos moyens de transport. C'est donc à vous, citoyens admi- . nistrateurs, que je puis m'adresser pour les étendre: pas un seul instant n'est à perdre. Que de suite vous requériez toutes les voitures, et, de préférence, tous les chevaux et mulets des communes; nommez à la tête de ces convois des hommes intelligens et instruits qui puissent veiller sur leur conduite. C'est aujourd'hui, où rien ne devient impossible pour qui aime la république, que vous allez déployer toute votre énergie et tous vos moyens de la servir. Vos besoins sont grands; les grandes communes demandent des secours : hâtez-vous de venir les puiser dans la Vendée.

>> C'est le cas, citoyens administrateurs, ou jamais, de dire que l'exécrable Vendée touche à sa fin: encore un effort, et nous avons la paix et l'abondance.

Du 23. Colonne no. 2. (Bressuire.)

« Je me trouve embarrassé dans la marche que je dois tenir. Les corps administratifs ont donné aux municipalités des environs l'ordre de rester à leur poste, et d'aller en écharpe audevant de la troupe. Il n'en est pas moins vrai que les trois quarts des officiers municipaux sont aussi coupables que ceux qui ont porté les armes contre nous; tu vas en juger : les officiers municipaux de Saint-Aubin du Plain vinrent hier audevant de nous avec leurs écharpes; il n'en est pas moins vrai qu'ils avaient dans leur clocher deux drapeaux, l'un aux trois couleurs, et l'autre noir et blanc, signe de rébellion. Les officiers municipaux de la commune de Beaulieu, ayant été pris aujourd'hui par ma troupe, n'ont point été fusillés, rapport à l'écrit dont ils étaient porteurs, signé du président du district. L'ordre général que j'ai n'exclut personue; je te demande ton avis, et que tu me donnes des ordres positifs à ce sujet. »

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Du 23. Colonne no. 3. ( Maulevrier.)

Depuis deux jours il est parti environ deux cents charretées de grains, sans compter les fourrages. Personne ne pourrait croire la quantité de grains qui se trouvent dans les environs; on en découvre partout et j'ose t'assurer que six cents charrettes ne serviraient qu'à éclaircir le pays.

» Je t'observe que Maulevrier, Isernay et quelques villages à un quart de lieue l'un de l'autre, composent plus de quinze cents maisons, sans y comprendre les métairies. Lorsque tout sera évacué, je ne veux pas qu'il en reste un vestige, et le pays sera purgé par le fer et le feu. Il ne m'échappera pas un brigand. Ce matin, je fais fusiller quatorze femmes et filles. >>

Colonne n°. 3. (Chatillon).

« J'ai étendu ma chaîne depuis Moulins jusqu'à Châtillon. j'ai laissé à la Tessouale deux cents hommes, jusqu'à l'arrivée du général ***, je ne partirai de Châtillon que le 25. Je me diviserai en deux colonnes, l'une partant de Châtillon pour se rendre au Temple, l'autre de Châtillon à la Boissière, qui correspondra avec celle de *** qui devra se trouver à la Pommeraie.

» Je serai le 27 aux Épesses où j'attendrai de nouveaux ordres. Toute la partie que j'ai parcourue a été exactement fouillée ; il ne reste rien à désirer. J'ai deux fois fait en petit ce que nous faisons en grand; rien n'a échappé à ma surveillance. Je ne sais pas ce que c'est que d'écrire laconiquement (1). Sois sur, général, que je ferai toujours mon possipour mériter ta confiance. >>

ble

(1) Turreau lui reprochait d'être trop laconique dans sa correspondance; il voulait que l'on entrât dans tous les détails d'incendie, etc., que *** semblait ne pas oser avouer.

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