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Arrivée de la division du Nord à Nantes.

Le gé

Marceau, relégué à Châ

néral Bonnaire demande des ordres au général Turreau. Le général Carpentier s'empare de Machecoul; observations qu'il adresse au général Dutruy. Réponse de Dutruy. Dispositions d'attaque sur Noirmoutier, prise de cette île, rapport de Jordy. Ce succès est annoncé à la Convention et au ministre de la guerre. teaubriand, obtient un congé du ministre. Lettre de Marceau à Turreau. Départ des grenadiers de la Convention pour retourner à Paris. —La Rochejaquelein poursuivi par les généraux Grignon, Caffin et Boucret. Interrogatoire du généralissime d'Elbée, condamné par une commission militaire à Noirmoutier, le 9 janvier.

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Événemens sur la rive gauche de la Loire.

La présence de Charette à Machecoul dont il venait de s'emparer, faisait assez connaître l'intention qu'avait ce chef de faire diversion au plan d'attaque sur Noirmoutier. Turreau aurait pu

TOME 111.

I

rendre ses efforts inutiles et peut-être l'envelopper lui-même, s'il eût voulu suivre le plan concerté par Kleber et Marceau, en portant des forces sur les derrières de Charette. Il le pouvait, puisque la division du Nord était arrivée à Nantes, d'après ses ordres. Le général Bonnaire', qui la commandait, lui écrivit le 1er. janvier :

« Tu n'ignores certainement pas notre arrivée à Nantes, hier 31 décembre. Je croyais te trouver, ou du moins quelque ordre, pour savoir la marche que je dois tenir. J'ai consulté le représentant Carrier et le général Marceau pour savoir où serait employée la division que j'ai amenée de l'armée du Nord: ils n'ont pu me donner aucune solution, ne connaissant pas tes intentions à cet égard. Je te prie en conséquence de m'envoyer des ordres le plus promptement possible, pour ne pas rester long-temps dans l'inaction. »

Le lendemain, Bonnaire fit au général en chef le rapport suivant :

. Je te préviens qu'un ordre du représentant du peuple Carrier m'a prescrit d'envoyer un détachement de deux mille hommes au Port-Saint-Père, pour escorter un convoi de munitions et de bouche dirigé sur ce lieu.

» Par un autre arrêté que je reçois ce matin du même représentant, il me dit que ce détachement ferait bien de rester à Port-Saint-Père pour y attendre de nouveaux ordres.

» Je t'observe qu'étant à Rennes on a envoyé sur la côte de Saint-Malo douze cents hommes de ma division qui ne sont pas encore rentrés. J'ai laissé à Rennes, par tes ordres, le vingt-quatrième régiment de cavalerie et mille canonniers qui faisaient partie des dix mille hommes qui composent ma division, ce qui la réduit aujourd'hui à environ quatre mille hommes.

» J'attends donc tes ordres, citoyen général, pour savoir si le détachement du Port-Saint-Père doit y rester ou rentrer à Nantes, et sur les mouvemens ultérieurs que je dois faire avec les forces qui me restent. »

Cependant le général Carpentier reçut du général Dutruy l'ordre de se reporter sur Machecoul et de s'en emparer. Cet ordre fut promptement exécuté et Carpentier fut deux fois vainqueur de Charette. Mais il ne tarda pas de recevoir un nouvel ordre sur lequel il crut devoir faire les réflexions suivantes :

« J'ai reçu aujourd'hui 7, à une heure après minuit, ta lettre du 6, datée de Beauvoir. Tu m'invites à me rendre de suite à Legé avec la troupe que je commande, à l'exception de cinq cents hommes qui doivent rester à Machecoul avec trois pièces d'artillerie; tu me prescris également de marcher sur deux colonnes, en balayant la forêt de Touvois, et brûlant Saint-Christophe.

» Je t'observerai que la partie de la division que je commande par intérim n'est que de quatorze à quinze cents hommes. Je vois plusieurs obstacles dans l'exécution de ton ordre.

1o. Laisser trois pièces d'artillerie à Machecoul... C'est tout ce que je possède et je craindrais qu'elle ne fût exposée à tomber au pouvoir de l'ennemi. D'ailleurs la troupe ne marcherait peut-être pas avec plaisir sans artillerie.

» 2o. Marcher sur deux colonnes... Chaque colonne serait trop faible, n'étant que de cinq cents hommes, dans un pays de bois et couvert, dans des chemins de traverse, ne connaissant nullement la route et n'ayant point de guide affidé.

» 3°. Tous mes braves frères d'armes, sans vêtemens, sans souliers, depuis huit jours au bivouac, malgré la rigueur de

la saison, ont battu deux fois les brigands dans cette partie, et ils ont besoin de quelques momens de repos.

» Il me semble plus naturel que les troupes déjà placées à Machecoul y restent, et que celles qui sont à Challans, au nombre de quatre mille hommes, bien vêtus, bien chaussés, se portent sur Legé.

» Je suis parti de Nantes par ordre du général Marceau, pour me rendre à Machecoul, sous les ordres seuls du général Haxo, afin de partager son expédition de Noirmoutier. Je crois y avoir contribué par les deux combats que j'ai eus avec les brigands, et dans lesquels je les ai battus complé

tement.

» Le poste de Machecoul est trop important, et l'intérêt de la république m'anime trop, pour abandonner ce poste qui déjà a été perdu par une pareille imprudence, et qui a coûté à la république la perte de plus de cent braves défenseurs, une pièce d'artillerie et plus de six mille rations de pain et autres approvisionnemens à la garde de si peu de monde; un poste que nous avons peine à conserver, puisque nous avons d'heure en heure l'ennemi sur les bras. C'est d'ailleurs le seul point intermédiaire pour la communication de Nantes et les convois que je suis obligé de faire escorter tous les jours. »

Le général Dutruy répondit le même jour :

« Je viens de recevoir à six heures ta lettre. La seule réponse que j'aie à te faire, c'est que j'ai l'ordre du général en chef Turreau, de faire ce que je crois convenable pour achever la destruction des brigands dans différentes parties de la Vendée. Je suis fâché que mon imprudence ait exposé un poste. Haxo et moi, qui de concert avons été chargés de l'expédition de Noirmoutier, chercherons à réparer cette imprudence. J'envoie copie de ta lettre au général en chef, en le prévenant que je ne puis répondre de l'exécution de ses ordres, d'après ce qu'elle contient. »>

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