qu'il renferme portent tous les caractères de l'abandon et de la vérité. Pourquoi faut-il que des conseils sages, dictés par l'humanité, n'aient pas été écoutés?.... Mais le sort de la Vendée était fixé dans la pensée de Turreau qui ne devait pas même s'arrêter dans les bornes des décrets de la Convention, quelque horribles qu'ils fussent.... Voici cette pièce importante : Interrogatoire de Maurice-Joseph-Louis Gigost d'Elbée, ancien lieutenant de cavalerie des chevau-légers, et depuis général en chef des armées catholiques et royales. A lui demandé : » 1°. Son nom, son âge, ses qualité, profession et demeure? » R. Je me nomme Maurice-Joseph-Louis Gigost d'Elbée, j'ai quarante-un ans je suis né à Dresde en Saxe, et naturalisé Français en 1757; ancien lieutenant de cavalerie du cinquième régiment des chevau-légers. J'ai servi en France jusqu'en 1783. Je vivais depuis retiré à Beaupreau, district de Saint-Florent. » 2°. Quel motif l'a déterminé à s'armer contre son pays ? » R. Je n'eusse point pris les armes contre mon pays, si je n'eusse point été contraint; cependant on n'a point employé la violence, parce que je n'ai, à la vérité, opposé aucune résistance. Le 13 mars 1793, j'acceptai le commandement d'environ deux mille hommes rassemblés sur la place de Beaupreau; et ne fis d'abord d'autres dispositions militaires que pour la garde de ce poste et des paroisses circonvoisines. » 3°. A quel rassemblement il se joignit, lui et ses deux mille hommes? » R. Il existait une autre armée commandée par Cathelineau et Stofflet, à laquelle je me joignis. Cette armée portait le nom d'armée catholique ou grande armée. » 4°. Quel était le but de la guerre que ces rebelles avaient entreprise? » R. Dans le principe, le but des rebelles, en entreprenant cette guerre, ne fut que de se soustraire à la levée des troupes républicaines, destinées à défendre les frontières. Il devint bientôt après celui de défendre le trône et le clergé. » 5o. S'il avait émigré? » R. Oui, j'ai émigré à Worms, au commencement de novembre (1791): et je rentrai en France, conformément à la loi sur les émigrés, le 30 avril 1792. 6o. S'il avait des parens émigrés, et quelle était et où était sa famille ? » R. Je n'ai vu qu'un de mes parens émigrés, que je ne connaissais point, et quelques alliés de ma femme, que je ne connaissais pas plus, et avec qui je n'avais aucune relation. Je u'ai maintenant aucuns parens en France, que la famille de ma femme. Le 18 octobre 1793, je laissai à Saint-Remi en Mauge, entre les mains de la femme Castillon, demeurant habituellement à Maulevrier, un fils non nommé, né le 12 mars 1793. 7°. Quel grade il avait dans l'armée des rebelles ? » R. Je ne fus d'abord que commandant du rassemblement de Beaupreau; mais depuis, je fus nommé général en chef des armées catholiques. » 8°. S'il avait connaissance que les chefs ou autres agens des rebelles aient entretenu des correspondance avec les puissances étrangères, particulièrement avec l'Angleterre ; s'il en avait obtenu des secours ? » R., Dès le mois d'avril 1793, j'avais signé une commission au citoyen Guerry, habitant de Tiffauge, avec pleinpouvoir d'aller demander de la poudre à la cour d'Espagne ou à celle de Londres. Il fut arrêté à Noirmoutier, et sa mission n'eut pas lieu. Depuis ce temps, moi et les chefs de l'armée catholique, avons répondu aux questions qui nous ont été faites et présentées, de la part du ministère anglais, à trois reprises différentes. Il demandait quelles étaient nos forces, quelles étaient nos prétentions, notre but, nos moyens, et quels pourraient être les secours que l'on pourrait donner? Ledit cabinet faisant toujours affirmer par ses agens qu'il ne fallait pas compter sur des secours en hommes, nous nous sommes bornés à demander de la poudre, la rentrée des émigrés français; et à dire que du numéraire effectif que l'on pourrait changer contre du papier national, nous serait trèsavantageux. Nous ne reçûmes depuis aucun de ces secours et même point de réponse. Vers la fin du mois dernier, j'ai signé une nouvelle demande de poudre et de quelques canons; j'ignore quel en sera le résultat. Cette demande fut portée par la Robrie, aide-de-camp de Charrette. • 9°. S'il n'avait pas, de concert avec les autres chefs, conBervé particulièrement quelques correspondances avec quelques citoyens ou quelques corps administratifs, depuis qu'il était dans l'armée des rebelles ? » R. Non. * 10°. Si le conseil de guerre des rebelles, ainsi que les comités particuliers et le conseil supérieur de Châtillon, n'avaient pas de relation avec quelque corps administratif; ou si quelques citoyens qui n'étaient pas dans leur armée, leur donnaient des renseignemens et toutes les connaissances qui pouvaient leur être utiles? » R. Je n'en ai aucune connaissance; je sais seulement que tos papiers publics, et je crois un bulletin qui venait de Saumur, parvenaient au conseil supérieur. J'ignore quel était leur moyen pour se les procurer. Un des membres m'a dit avoir trouvé un moyen de faire parvenir jusqu'au club des jacobins, à Paris, une proclamation; j'ignore ce moyen. » 11. Si les chefs de la force publique, attachés à la république, n'avaient pas secondé leurs projets par quelque trahison; si eux-mêmes ne les avaient pas invités à livrer TOME III. 2 telle ou telle place, ou à les servir par quelques moyens ; s'ils n'avaient par cherché à corrompre nos soldats? R. Non, moi je n'ai jamais cherché à gagner vos soldats; je n'ai jamais cherché à corrompre vos soldats; je n'ai jamais cherché à gagner vos généraux ni vos administrations, ni n'ai eu de correspondance avec eux. Je n'ai eu aucune connaissance que les autres chefs aient cherché à le faire. » 12°. S'il n'y avait pas eu un centre de conjuration à Niort? » R. Non. » 13°. S'il n'avait pas connaissance que l'armée catholique ait caché, lors ou avant son passage de la Loire, des canons, dés fusils, des munitions, et même de l'argenterie; s'il savait où étaient ces dépôts? » R. Non. >> » 14°. S'il n'avait aucune relation à Paris. S'il n'avait pas connaissance que quelques membres de la Convention aient secondé leurs projets, ou entretenu avec des chefs ou autres agens, quelque correspondance ? » R. Je n'ai jamais eu aucune correspondance à Paris, depuis le commencement de cette guerre. Je n'ai jamais connu de membre de la Convention que Bourdon. Je ne lui ai jamais écrit ét n'ai eu aucune relation avec lui. » 15°. S'il n'agissait pas de concert avec les rebelles du Calvados, et si Wimpfen ou Puisaye n'avaient jamais concerté avec eux des projets de contre-révolution? »R. J'ignore entièrement quels étaient leurs projets et leurs forces. Je n'ai jamais agi de concert avec eux. si 16. S'il n'avait point eu d'intelligences dans quelquesunes de nos places, particulièrement à Nantes? » R. Non, je sais seulement qu'il y devait être fait un émprunt de trois cent mille francs. 17%. Quelles étaient leurs intentions en attaquant cette place? » R. Nous voulions, si nous eussions réussi dans l'attaque de Nantes, nous défendre dans le pays, et nous y maintenir autant que nous eussions ри avoir la Loire pour barrière, audessous de Saumur. Notre conseil provisoire transporté, soit à Angers, soit à Nantes, eût gouverné jusqu'à extinction de l'un ou de l'autre parti, jusqu'à ce qu'un gouvernement général eût fait place à celui-là. » 18°. Quels étaient ses principes sur le gouvernement? » R. Je jure sur mon honneur que, malgré que je désirasse sincèrement et vraiment le gouvernement monarchique réduit à ses vrais principes et à sa juste autorité, je n'avais aucun projet particulier, et aurais vécu en citoyen paisible, sous quelque gouvernement que ce fût, pourvu qu'il eût assuré ma tranquillité et le libre exercice, au moins toléré, du culte religieux que j'ai toujours professé. Je dis plus; j'aurais employé tous les moyens qui auraient été en mon pouvoir, pour faire adopter les mêmes principes à tous ceux sur l'esprit desquels j'aurais pu avoir de l'ascendant. 19°. S'il avait jamais eu l'intention de marcher sur Paris, et quels moyens il comptait employer à l'appui de ses projets? R. Moi, je n'ai jamais conçu ni les projets, ni les moyens. » 20°. S'il savait quelles pouvaient être encore les forces commandées par Charette, leurs munitions, etc? » R. Je n'en ai aucune connaissance. » 21°. S'il connaissait les projets de l'armée catholique', en se portant au delà de la Loire, et s'il était imbu de leurs succès et de leurs revers, de leurs mouvemens et de leurs projets. » R. On m'a caché ce projet. Seulement on m'a demandé de faire assurer, par trois mille hommes choisis, le passage de la Loire, pour nous retirer en Bretagne, en cas que nous ne pussions plus tenir sur la rive gauche de la Loire mais. je soupçonne qu'il y avait un plan formé par quelques officiers nommés, et qu'ils cnt exécuté au moment où ma blessure et |