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brûler plus tard. Quant aux autres plis et documents, on les renferma dans une caisse dont S. E. confia la clef au doyen des corrégidors, malgré les instances faites par celui-ci et par le second alcade pour ne pas la recevoir, tous deux ayant une juste considération pour la personne de l'Excellentissime vice-roi et la confiance qu'on devait avoir en lui.

Telle est la relation ponctuelle et exacte de ce qui s'est passé avec l'émissaire français, et cette relation suffit pour montrer dans quelle pensée et par quel motif Son Excellence a écrit l'ordonnance qui est jointe au présent document; le viceroi n'a pas fait autre chose que se conformer à l'avis de ceux qui ont assisté à l'ouverture des plis, et il a agi avec autant de précaution que s'il avait prévu les calomnies auxquelles sa conduite allait être en butte.

11

ANNÉES 1808-1809

Extrait du dossier, no 1944, de l'audience royale du Rio de la Plata, constitué par le gouvernement de Montevideo à la requête des fiscaux de S. M.

ORDRE donné par le général Elio au lieutenant de vaisseau D. Diego Ponce de Léon, sergent-major intérimaire de la forteresse de Montevideo, d'ouvrir une enquête sur la mission de M. de Sassenay.

Comme il importe au service de S. M. d'éclaircir tout ce qui s'est passé avec M. de Sassenay, émissaire de l'Empereur français, depuis son départ de Montevideo pour Buenos-Ayres, j'ai résolu de vous charger de recueillir, avec l'aide d'un scribe, toutes les informations concernant cette affaire. Vous chercherez à obtenir tous les renseignements possibles sur ce qui s'est passé dans le voyage d'aller et de retour et sur la manière dont l'émissaire a été reçu par l'Excellentissisme seigneur vice-roi, capitaine général de la Province. Vous devrez rechercher si la permission accordée à l'émissaire de quitter Buenos-Ayres, lui donnait l'autorisation de retourner en Europe, ou s'il devait rester détenu dans cette forteresse. Vous devrez également recueillir les instructions données à l'officier chargé d'escorter l'émissaire et tous autres renseignements y relatifs, jusqu'au moment de l'arrestation qui a eu lieu le 19 août. Le dossier devra contenir un certificat relatif à la conformité de la copie incluse des instructions dudit envoyé avec l'original, dont la traduction a été faite sur mon ordre par vous et par le capitaine de frégate D. José Posadas. Pour tout cela, je vous donne commission et je vous recommande particulière

ment d'exécuter mes ordres sans perdre un instant. Que Dieu vous garde pendant de longues années.

Montevideo, 28 septembre 1808.

Signé: Xavier Elio.

III

Interrogatoire du capitaine Igarzabal, l'officier chargé de conduire M. de Sassenay à BuenosAyres et de le ramener à Montevideo.

A Montevideo, le 6 septembre 1808, le señor D. Diego Ponce de Léon, sergent-major par intérim de cette forteresse, a fait comparaître en sa présence D. Francisco Xavier de Igarzabal, capitaine honoraire au régiment d'infanterie du Rio de la Plata. Le capitaine Igarzabal a prêté serment dans la forme militaire et a promis de dire la vérité sur tout ce qu'il savait.

Interrogé sur les points suivants : s'il savait que le Français, M. de Sassenay, était venu dans cette forteresse et par l'ordre de qui; dans quel but et avec quelles intentions il s'était rendu à BuenosAyres, comme émissaire de l'Empereur français, le capitaine répond ce qui suit :

Le 11 août, ayant reçu du seigneur Gouverneur l'ordre verbal d'accompagner ledit Français, Bernard Sassenay, il est parti avec lui à onze heures du matin, en poste, avec l'instruction de sa seigneurie de le conduire à l'Excellentissime vice-roi, comme cela a eu lieu le 13 dans la salle de réception du fort où Son Excellence fit donner à lui et à son compagnon, par son fils D. Luis Liniers, l'ordre de demeurer jusqu'à ce qu'on les appelât. Tous deux restèrent ensemble dans ladite salle (sans que jusqu'alors Son Excellence eût parlé au Français ou l'eût vu). On les fit ensuite passer dans un autre bâtiment où se trouvait Son Excellence avec divers membres du cabildo et divers assesseurs de l'audiencia où, ayant remis M. de Sassenay entre les mains du vice-roi, le capitaine se retira. D. Xavier de Igarzabal a dit qu'il était de notoriété publique, comme il l'a entendu de Sassenay lui-même, que celui-ci était venu en qualité d'émissaire de l'Empereur des Français.

Interrogé sur le point de savoir si, après avoir laissé le Français Sassenay en présence du vice-roi, il l'a vu de nouveau et quand, il répond ce qui suit :

Après avoir laissé Sassenay devant la Junte, à onze heures du matin, le 13 août, l'ordre lui ayant été donné de se retirer, il n'a plus revu l'émissaire que le 14, à quatre heures et demie du soir. Ayant été prendre les ordres du vice-roi, celui-ci lui

donna l'ordre de se rendre immédiatement à bord de la zumaca Belen, où le Français susdit l'attendait pour retourner à Montevideo.

Interrogé sur les points suivants : quelle conduite Son Excellence lui a recommandé de tenir vis-à-vis de l'émissaire, dans quel navire devait s'effectuer la traversée de retour et quelles autres circonstances méritaient d'être signalées, il répond ce qui suit :

Les recommandations et les ordres reçus du viceroi se sont bornés à ramener l'émissaire et à le traiter avec les mêmes égards qu'en l'amenant à Buenos-Ayres.

Son Excellence, en lui recommandant de ne révéler à personne ce qu'aurait pu dire le susdit émissaire dans le voyage, lui a demandé sa parole d'honneur de garder le secret. Le capitaine s'étant embarqué sur les quatre heures du soir, trouva sur la Belen l'émissaire qui dînait en compagnie du commandant D. Luis Liniers, du lieutenant de frégate Lacose, et de l'enseigne de vaisseau D. José Aldana. Peu de temps après, une chaloupe anglaise parlementaire, venant d'une corvette de guerre qui se trouvait au large et qui amenait de Rio de Janeiro le comte de Liniers (frère aîné du vice-roi), étant entrée dans le port, ordre fut donné de préparer la Belen pour aller chercher le comte de Liniers, et l'on transborda l'émissaire et le capitaine Igarzabal sur la

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