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tard, il devenait, à son tour, commandant de la contrée qui était le théâtre de ses premières armes (1).

Le maréchal de Luxembourg, suivi de douze généraux, entra à Cherbourg au moment où les Anglais se rembarquaient. Les seize mille hommes des camps du MontEpinguet et de Valognes n'arrivèrent que le 17. Ils purent voir la flotte anglaise disparaître à l'horizon! (2).....

Le maréchal ne jugea pas utile de demeurer à Cherbourg; mais il séjourna pendant un mois dans le Cotentin. Il quitta Valognes le 17 septembre; et, le 18, il fit, avec le duc d'Harcourt, son entrée dans la ville de Caen. La garde bourgeoise, sous les armes, le reçut comme un triomphateur! (3).....

Le comte de Raymond fut rappelé à Paris et remplacé par le comte de Coëtlogon. commandant à Avranches (4). Il ne fut pas rayé des cadres de l'armée. C'était un des généraux de Mme de Pompadour!!.....

(1) La vie et les mémoires du général Dumouriez (ap. Collect. des mém. relat. à la Révolution française, t. I, p. 49 et 324 ).

(2) Il existe à la Bibliothèque de Caen ur. long récit de la prise de Cherbourg (ms. in-4°, no 73, de 42 feuillets). M. Gaston Lavalley, dans son excellent Catalogue des manuscrits, etc. (p. 42), pense, sans toutefois l'affirmer, que ce document est inédit. - Nous avons, en outre, trouvé aux archives du département, dans un cahier contenant une série de lettres écrites à M. d'Argenson, de 1747 à 1759, une lettre sans signature, ni date, mais portant l'adresse: A M. Simon Duchesne, au Havre, qui renferme un récit très-exact, quoique très-succinct, de ce même événement. Cette pièce est une feuille simple de papier, pliée en forme de lettre, avec un fragment de la cire rouge du cachet.

(3) Journ, de Desloges, ms., f 102.

(4) Lettre du maréchal de Belle-Isle au duc d'Harcourt, du 26 sept. 1758 (ap. Le Gouv. de Norm,, t. I, p. 241).

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la généralité. — Inspection des capitaineries par le chevalier de Mirabeau.

Détresse des finances.

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Projets de réforme des milices garde-côtes.

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Le maréchal de Luxembourg consacra le mois de son séjour dans le Cotentin à des revues et à l'instruction des garde-côtes. Il distribua les compagnies des diverses capitaineries entre les camps qui, nous l'avons vu, avaient été établis sur les points les plus exposés aux agressions de l'ennemi (1). Deux compagnies de canonniers, de cent hommes chacune, tirées des capitaineries de Bernières, Asnelles, Port-en-Bessin, Grandcamp, Cotentin, La Hougue, Barfleur et le Val-de-Saire, avaient, en outre, été formées à St-Lo. Elles étaient commandées: la première, par le sieur Sicard de Rampan, et la seconde, par le sieur Longuemare (2). Les camps furent levés vers le milieu du mois de septembre 1758. Jusqu'à cette époque, en effet, on ne pouvait savoir ce que la flotte anglaise entreprendrait encore. Elle était allée à Weymouth en quittant Cherbourg, y avait passé deux jours, puis avait repris la mer. D'après la lettre d'un prisonnier français,

(1) Arch. du Calv., no 1833 et 1894.

(2) Ibid., no 1894. La revue de ces deux compagnies eut lieu en août et septembre 1758.

elle menaçait Caen et Granville (1). Ce fut St-Malo qui, pour la seconde fois, eut à repousser l'attaque. Le général Bligh tenait à venger l'échec du duc de Marlborough. Il éprouva lui-même un désastre. Non-seulement il ne prit pas St-Malo, mais il perdit l'élite de son armée dans le combat de St-Cast (9 septembre). Le duc d'Aiguillon n'avait pas imité le comte de Raymond; il était accouru de Brest avec des troupes régulières, des milices bretonnes et de l'artillerie. La victoire qu'il remporta eut un grand retentissement en France, où l'on ne croyait plus guère au succès; et, en Angleterre, où l'orgueil national n'admettait plus les défaites.

La flotte, rentrée à Portsmouth, ne fit aucune nouvelle tentative pendant la fin de l'année. La Basse-Normandie aurait pu respirer, si les corsaires ne se fussent multipliés dans la Manche au point qu'aucun navire français n'osait sortir des ports.

La guerre continentale ne fut pas plus heureuse que la guerre maritime. La campagne de 1757 se termina par la sanglante bataille de Rosbach (5 nov.), et celle de 1758 commença par les honteuses retraites de Minden (3 avril) et de Crevelt (19 juin), et aboutit au second traité de Versailles, plus impolitique encore que le premier.

Au printemps de 1759, M. de Fontette, sans attendre les ordres du maréchal de Belle-Isle, prit soin de préparer le service des troupes qui seraient employées sur les côtes. Il passa des traités pour les fournitures des vivres et des fourrages, et fixa l'emplacement du magasin central à St-Lo, et des magasins accessoires à La Houle près Granville, à Valognes à Coutances, à Avranches et à Pontorson (2).

(1) Ilist. d'Angl. de Smolett, t. IX, p. 294.

(2) Arch. du Calv., sér. C, no 1796. Lettres des 22 mars, 3 et 12 avril 1759.

Le maréchal approuva ces mesures de prévoyance, et arrêta que la généralité recevrait, cette même année, douze bataillons d'infanterie et six escadrons de cavalerie, formant ensemble neuf mille cent quatre-vingts hommes (1).

L'intendant adressa, en conséquence, à ses subdélégués (2), des instructions relatives aux fournitures: celles des pailles et fourrages se faisant par réquisitions sur les communautés ou paroisses; celles de viande, par adjudication; et celles de bois, par entrepreneur (3).

Le contrôleur général était alors M. de Silhouette, nommé depuis deux mois (4). C'était un partisan systématique des économies, qui, avec de bonnes intentions et le désir d'arrêter la France sur le chemin de la banqueroute, se fit détester, et, au bout de neuf mois, tomba accablé sous le ridicule. Il invita M. de Fontette à suspendre ses préparatifs et à attendre des ordres ultérieurs (5). M. de Fontette lui répondit qu'il regrettait qu'il n'y eût pas << d'avance de décision sur ce qui devoit être fait; qu'il « étoit difficile de pourvoir à des difficultés, si l'on ne les « prévoyoit pas et qu'il s'étoit conformé aux ordres qu'il << avoit reçus (6).

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Le commandant de Cherbourg, M. de Coëtlogon, persuadé qu'il y aurait des « coups donnés à bien ou à mal »,

(1) Arch., même liasse. Lettres des 14 avril et mai 1759.

(2) Par leurs réponses, nous avons les noms de ces subdélégués ; c'étaient: MM. de Mombrière, à Coutances; Luc Duhamel de Rochefort, à St-Lo; Hermerel, à Carentan; Angot de La Bretesche, à Avranches, et Deslandes Lefebvre, à Valognes (liasse 1797).

(3) Arch. du Calv., n° 1796.

(4) Il succéda, le 4 mars, à M. de Boulogne, et fut remplacé, en novembre, par M. Bertin (Journ. de Barbier, t. IV, 308 et 335).

(5) Lettre du 15 mai 1759 ( Arch., no 1796).

(6) Lettre du 16 mai 1759, datée de Paris ( même liasse).

émit l'avis qu'en cas d'invasion, il y aurait lieu de rétrograder vers St-Sauveur-le-Vicomte, Pont-l'Abbé ou St-Lo, suivant les circonstances (1).

Cette fois, les Anglais s'attaquèrent à la Haute-Normandie. Sous le prétexte qu'on y préparait une expédition, ils se présentèrent, le 3 juillet (1759), devant Le Havre avec une petite escadre de vaisseaux et de galiotes, et, pendant quatre jours, firent tomber, sur la malheureuse ville, dixneuf cents bombes et onze cents carcasses (2). Les habitants s'enfuirent en emportant leurs meubles les plus précieux. Le feu consuma des maisons et des navires. Ce fut tout l'honneur et tout le profit de ce fait d'armes, qui, au jugement des historiens anglais eux-mêmes, ne fut qu'un acte d'inutile barbarie (3).

La guerre maritime prenait de plus en plus ce caractère. Si le Cotentin ne fut pas menacé par les escadres, il fut incessamment tenu en échec par les corsaires des îles. Un grand nombre de négociants de Jersey et de Guernesey avaient continué et étendu leur industrie. Ils armaient de petits bâtiments qui, sous l'apparence de bateaux pêcheurs, pénétraient dans toutes les anses de la côte, s'emparaient de tout ce qui leur tombait sous la main (4), et transmettaient en Angleterre les renseignements qu'ils recueillaient dans leurs courses. Le parlement, ému des plaintes énergiques des nations neutres, et, en particulier, des Hollandais, dont on ne respectait pas le pavillon, avait

(1) Arch. du Calv. (même liasse). Lettre du subdėl. de Valognes, du 11 juin 1759.

(2) Journ. de Le Mauger, avocat du roi au conseil de la ville de Caen, ms. n° 73, info de la Bibl. de Caen, f' C recto.

(3) Hist. d'Angl., par Hume et Smolett, t. IX, p. 421.

(4) Ainsi, deux corsaires de Jersey descendirent, au mois de juillet 1760, près de Port-en-Bessin, et prirent douze moutons (Le Gouv. de Norm., t. I, p. 435).

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