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Page 193.

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Adieux de Marie antoinette, a son fils, Louis-Charles de? Bourbon, 3 juillet 1793.

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l'appartement de la veuve Capet, à laquelle avons no-
tifié l'arrêté du comité de salut public de la convention
nationale, du premier du présent, en l'invitant à s'y
conformer; après différentes instances, la veuve Capet
s'est enfin déterminée à nous remettre son fils, qui a été
conduit dans l'appartement désigné (1) par l'arreté du
conseil de cejourd'hui, et mis entre les mains du ci-
toyen Simon, qui s'en est chargé; nous observons, au
surplus, que la séparation s'est faite avec toute la sensi-
bilité que l'on devoit attendre dans cette circonstance,
où les magistrats du peuple ont eu tous les égards com-
patibles avec la sévérité de leurs fonctions (2). »
Pour extrait conforme à la minute,

Signé, Eudes (3), Gagnant (4), Arnaud (5)
Véron, Cellier, Devèze.

Le conseil général, après avoir entendu avec indifférence la lecture de cette pièce, passa froidement à l'ordre du jour.

Le premier août, Barrère fait un rapport (à la rédaction duquel on travailloit depuis quelque temps) sur la conjuration de l'Europe contre la liberté française. Le comité, dit le rapporteur, vient d'acquérir la preuve

(1) C'étoit celui qu'avoit occupé son père.

(2) Marie Antoinette, se voyant enlever son fils, ne douta nullement qu'il se tramoit quelque chose de sinistre contre elle l'expérience fit voir que ses pressentimens n'étoient que trop fondés.

(3) Mis hors de la loi, et guillotiné le 11 thermidor.

(4) Administrateur de police, et depuis secrétaire de Drouet, arrêté dans la nuit du 9 septembre 1796, au camp de Grenelle, traduit au Temple devant une commission militaire, qui l'a condamné à la peine de mort; il a été fusillé à la tête du camp. (5) Guillotiné le 11 thermidor.

Tome 11.

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que l'Angleterre entretient dans nos villes, dans nos ports, dans nos campagnes, des agens qui sont chargés d'incendier nos magasins et nos arsenaux, et de faire assassiner les patriotes par des femmes et des prêtres réfractaires déjà ces scélérats ont exécuté en partie leur horrible mission. Dubois-Crancé nous écrit que Pitt a fait passer à Lyon quatre millions en numéraire, et nous savons qu'une flotte de vingt-quatre vaisseaux anglais, stationnée devant l'un de nos ports du Midi, y a envoyé un vaisseau soi-disant parlementaire.

Le rapporteur donne lecture d'une lettre découverte à Lille, écrite à un Anglais, sans signature, mais attribuée au duc d'Yorck, ou à l'un des plus intimes agens de ce prince anglais celui auquel elle est adressée est qualifié de milord. Presque tous les personnages dont il est parlé dans cette pièce, n'y sont désignés que par les lettres initiales de leurs noms, à l'exception de la Marlière (1), qui y est nommé tout du long. Il paroît que plusieurs de nos généraux doivent être dans le complot, et qu'une branche de ce complot étoit d'incendier les fourrages de nos armées, le même jour, dans toutes les villes de la république. L'auteur recommande d'envoyer 500,000 livres à Rouen et 50,000 livres à Caen, de discréditer les assignats républicains, de refuser tous ceux qui ne portent pas l'effigie royale, de faire hausser le prix du pain, d'accaparer tous les objets de nécessité, d'acheter à tous prix la chandelle et le suif, de manière à les faire monter jusqu'à cent sous la livre, « Vous ferez en sorte que les assassinats se fassent avec prudence; des prêtres déguisés et des femmes seront les gens les plus propres à cette opération. »

(1) Général de division à l'armée du Nord, homme probe: dénoncé par les généraux Duval et Lavalette, il leur fut sacrifié, et périt sur un échafaud le 6 frimaire an 2.

Barrère lit ensuite quelques-unes des déclarations faites par Charrier, chef des rebelles de la Lozère, et qui semblent se lier avec ceux de l'auteur anglais : on y voit que Bourbon (ci-devant duc) devoit commander en chef dans le Midi; que les Espagnols n'ont feint d'atta-quer Perpignan que pour s'assurer de Bellegrade; que la Savoye nous a attirés dans ses défilés pour nous y égorger, qu'un débarquement devoit s'opérer à Cette, ou dans un autre port de la Méditerranée.

Le rapporteur cite au tribunal des nations et de l'histoire le peuple anglais, qui se vante d'aimer la liberté, et qui veut nous empoisonner de la royauté qu'il adore avec superstition; ce peuple auquel l'avarice conseilla tant de crimes, et la politique tant de forfaits. Il cite à ce tribunal le gouvernement britannique, qui ne connoît que l'or pour mobile, qui a chez lui le tarif des hommes, des orateurs, des législateurs; il y appelle le ministre Pitt, ce jeune esclave d'un roi en démence, cet homme qui ne s'est fait un nom que par la bassesse de ses intrigues et de ses vices..... « Est-ce l'oubli des crimes de l'autrichienne, s'écrie-t-il, est-ce notre indifférence pour la famille Capet, qui a abusé ainsi nos ennemis? Eh bien! il est temps d'extirper tous les rejetons de la royauté.....

Barrère lit une lettre du commandaut de Cambray, datée du 30 juillet : « Depuis trois jours, écrit ce général, le canon ne se fait plus entendre du côté de Valenciennes, ce qui nous fait conjecturer sa prise. Les nou velles du samedi annonçoient que la place capituloit : celles du dimanche l'annoncèrent aussi; et celles du lundi apprirent que l'ennemi en étoit le maître. Des lettres portent que cette catastrophe a été célébrée dans les camps ennemis; une autre lettre porte qu'un pari de mille louis contre cent avoit été fait, que la place ne pouvoit plus tenir. L'ennemi paroît avoir divisé ses

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