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lui avoient procuré l'occafion de s'emparer de tant de Fortereffes confiderables fur le Rhin, bien qu'il n'y eût alors près de ce fleuve qu'un feul Etat de l'Empire, qui entra dans fes interêts, & d'inquieter non feulement par là les Hauts-Alliez, principalement les Etats Généraux des Provinces-Unies des Païs-Bas, & de leur donner bien de l'oc

cupation, mais auffi de pénétrer peu après & même par deux fois par la commodité du voisinage de l'Alface, dont le Roi pouvoit tirer tout ce qui lui étoit néceffaire pour une execution de telle importance, jufqu'au Danube, & de fe joindre au Duc de Baviere, conformement au deffein que fon Miniftere en avoit déja eu pour l'avenir en une pareille occafion, dans la Négociation de la paix de Munster,. & qui avoit alors été un des plus grands motifs pour s'acquerir ce que la Maifon d'Autriche a eu en Alface, comme les Memoi

res

res de cette Négociation de paix de l'an 1646. donnés au public il n'y pas longtemps, le font clairement voir par des piéces authentiques. Laquelle expedition toute feule auroit affurément été capable de renverser tout l'Empire & peut être auffi avec lui les autres Alliez, & d'ouvrir par là un chemin feur au Roi de France pour aller à grands pas à la Monarchie Univerfelle, fans l'heureufe bataille. de Hochftet.

mots de

XV. Ainsi, pour renfermer Repetition en peu de en peu de mots, ce qui eft contenu dans le difcours precedent, tout se le Roi de France d'aujourd'hui qu'on a de a eu l'occafion par l'acquifition montré en des trois Evêchez & des droits de la Maifon, d'Autriche en Al

face (1) d'établir peu à peu fa prétendüe Souveraineté fur les Princes & Etats fituez en Alface & aux environs, & de les rendre inutiles auffi bien que le Duc de Lorraine à l'Empire dans un tems de guerre, & au lieu de

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cela.

détail.

cela de s'en fervir pour entretenir des Armées confiderables, & de caufer par là à l'Empire un double dommage, qui en comptant la perte que l'Empire en a faite, pour n'avoir pû fe fervir de ces Etats, conjointement avec le profit que le Roi de France en a tiré, en abufant de ces Etats, montera seulement à l'égard du nombre des Troupes dès 50 jufqu'a 60 mille hommes, que le Roi a été rendu plus fort par , qu'il n'auroit été fans cela, & cet accroiffement de force durera autant qu'il ne fera pas tout-à-fait hors de l'Alface, dans laquelle les terres à lui cedées font entremêlées avec celles des Princes & Etats del'Empire, & que par la reftitution des Evêchez, avec lefquels le Duc de Lorraine est environné, il ne fera pas éloigné de ce Voifinage; le moindre pouce de terre, que la France gardera là, lui confervant l'occafion d'incomder toûjours le Duc de Lorraine

là,

&

& les autres Princes & Etats fituez dans l'Alface & aux envi rons, & de s'en rendre maitre en temps de guerre. 2. De prendre part à toutes les affaires de l'Empire, & de tirer plufieurs Princes dans fes Interêts. 3. De bâtir des Fortereffes confiderables fur le Rhin depuis Bâle jufqu'à Philipsbourg, comme Huningue, le nouveau Brifac, le Fort Mortier, & Fort Louis, & de s'emparer de plufieurs autres, foit par intrigue, comme de Stratsbourg, de Luxembourg, de Mayence, Keyfersweert, de Bonn, & d'autres dont il pofféde encore actuellement une bonne partie. 4. De faire par là la guerre fort commodement à Empire, d'y entrer tout d'un coup avec une Armée, & de ruiner à la premiere rupture les Cercles expofés. 5. De faire irruption du côté du Rhin, dans les Provinces-Unies des PaïsBas, & cela dans les 3. guerres arrivées depuis la paix de Mun-fter..

R.4.

fter. 6. D'obliger par ce Voi finage les Cantons Suiffes à un certain égard, qui lui a été auffi avantageux en lui procurant une augmentation confiderable de fes troupes, dont affûrément les Suifles font l'élite, qu'il a été malheureux à l'Empire & à tous les Allicz, non feulement en ladite confideration des troupes, que la France en a tirées, mais ausfi en ce qu'il a fervi auxdits Cantons de pretexte fort plaufible & fpecieux, de n'entrer jamais en ligue contre la France. Et enfin 7. de fe dreffer parlà un chemin feur pour parvenir à la Monarchic univerfelle, à laquelle fans cela le Roi pouvoit fi peu afpirer, qu'il y feroit, pour en parler humainement, infailliblement arrivé, fi le Dieu tout puiffant ne l'avoit pas detourné miraculeufement. Et comme tout cela ne confifte pas dans u ne fimple prefomption & dans des idées, qui font fouvent défavouées par l'experience, mais

qu'ou

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