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fentielle. Pour cet effet, ils requirent le Sr. Pettecum, qui avoit été ci-devant, & qui étoit encore employé dans la Négociation, d'en parler aux Srs. Plénipotentiaires, & de leur faire connoître que les Hauts-Alliez ne pouvoient accepter la propofition des Subfides qui avoit été avancée, parce que cela fuppofoit qu'on feroit une Paix particuliere avec la France, en continuant une Guerre particuliere avec l'Espagne, à quoi les Alliez ne pouvoient entendre, par les raifons alleguées dans la premiére Conférence. On demandoit en même temps un éclairciffe ment fur les intentions de la France, au fujet de l'évacuation de l'Espagne & des Indes en faveur du Roi Charles, en conformité des Préliminaires, avant que du côté des Alliez on vint à s'expliquer fur la propofition d'un Partage: Déclarant, que l'intention des Hauts- Alliez étoit, que le fondement qui avoit été pofé d'abord, favoir la Reftitution de l'Espagne & des Indes fuivant les Préliminaires, devoit demeurer ferme. Que fur ce piedlà la Negociation pouvoit fe continuer ; mais que fi on venoit à s'en départir, on ne pouvoit attendre aucun fruit des Conférences. Les

Lesdits Srs. Plénipotentiaires n'ayant pas jugé à propos de s'expliquer en aucune maniére fur ce que le Sr. Pettecum leur avoit propofé, demanderent peu de jours après une nouvelle Conférence. Les Srs. Députez, jugeant par la Lettre qu'ils écrivirent, qu'ils étoient alors en état de s'expliquer fur ce que le Sieur Pettecum leur avoit propofé, fe rendirent à Gertruydenberg: Où les Sieurs Plénipotentiaires leur dirent, que quoi qu'ils ne le cruffent pas obligez à recevoir les paroles qui leur étoient portées par le Sieur Pettecum, ils n'avoient pas laiffé d'envoyer à la Cour de France la propofition qu'il leur avoit faite; mais qu'ils n'avoient pû recevoir aucun ordre fur ce fujet, parce qu'elle y avoit été trouvée obfcure & ambiguë. (Ce fut la maniere dont il plût à ces Mef Lieurs de s'exprimer.) Sur quoi lesdits Sieurs Députez expliquérent & justifiérent ladite propofition fi clairement, qu'il ne pouvoit plus refter à cet égard aucun doute ni ambiguité. Ils reprefenterent en même temps, que les Hauts-Alliez ne pouvoient accepter l'offre qu'on faifoit d'un fubfide, pour leur aider à recouvrer l'Espagne & les Indes. Ils firent connoî

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tre les raifons de ce refus; favoir qu'il avoit paru très-clairement, par les difcours qu'on avoit tenus fur ce fujet dans la précédente Conférence, qu'on ne pourroit jamais s'accorder, tant à l'égard des fommes que de la fûreté du paiement, non plus qu'à l'égard de la fûreté que la France devroit donner de n'affifter le Duc d'Anjou ni directement ni indirectement. Ceci fait bien voir qu'on pofe dans la Lettre des Srs. Plénipotentiaires trop liberalement, & d'une manière trop vague, que les Alliez ont refufé des fecours d'ar gent, de quelque nature & avec quelque fûreté que ce fût: Et que la véritable & effentielle raifon qui a fait qu'on n'a pû accepter cette nouvelle propofition, a été, qu'elle fuppofoit une Guerre particuliere avec l'Espagne, & qu'elle mettoit les Alliez dans la néceffité de conquerir ce Royaume & les Indes par les Armes; ce qui eft directement contraire aux fonde mens pofez ci-devant, & à l'intention des Alliez. De plus, pour plus ample explication du Sr. Pettecum, les Srs. Dé putez ajoûterent, apuyant la chofe par des raifons convenables, que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ayant propofé un Parta

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ge, & l'ayant en dernier lieu reduit à la Sicile & à la Sardaigne, on avoit toûjours entendu, & on entendoit encore du côté des Alliez, qu'en cas qu'ils déclaraffent d'accepter cette propofition, les Articles Préliminaires, avec cette exception feule, fubfifteroient en leur entier, le XXXVII. auffi-bien que tous les autres, lefquels la France avoit déclaré devoir fubfifter avant qu'on reprit cette Négociation: Et qu'en conféquence, l'Espagne & les Indes avec leurs dépendances devoient être reftituées, en conformité des Préliminaires; c'cft-à dire, dans le temps qui y eft exprimé, ou dans tel autre efpace dont on pouvoit convenir; ce qui n'étant pas éxecuté, alors ce qui eft ftipulé dans les Préliminaires auroit lieu, favoir que la fufpenfion d'Armes cefferoit. Que cet Article de la Reftitution de l'Espagne & des Indes & de leurs dépendances, étant le fondement & le point capital de la Négociation, les Hauts-Alliez ne pouvoient en aucune ma niere demeurer dans l'incertitude à cet é gard, ni fe contenter de paroles & de promeffes, fans être affurez qu'elles fe roient fuivies des effets. C'eft pourquoi ils exigeoient qu'on leur donnât là-deffus

une déclaration claire & précife, avant qu'eux mêmes vinffent à s'expliquer fur le Partage propofé; mais qu'après qu'ils feroient éclaircis & affurez à cet égard, ils faciliteroient les voyes pour terminer le refte de la maniére la plus convenable. Qu'entre les moyens qui pourroient contribuer à faciliter la fin de cette affaire, celui-ci pouvoit être employé, favoir, qu'au cas que le Roi de France ne pût pas par voye de perfuafion, porter fon Petit-Fils à quitter l'Efpagne & les Indes felon les Préliminaires, mais qu'il fût obligé d'employer les voyes de contrainte; en ce cas là, les Alliez feroient auffi agir pour cette fin les Troupes qu'ils ont en Espagne & en Portugal, pendant le temps limité pour la ceffation d'Armes, ou pendant tel autre espace dont on conviendroit ; quoi qu'ils n'y fuflent pas obligez par les Préliminaires & qu'ils puffent fatisfaire à leurs engagemens,en demeurant dans l'inaction.Les Alliez ayant crû qu'il étoit néceffaire de s'expliquer ainfi d'une maniere claire & précife, & demandant qu'on s'expliquât de la même maniere de la part de la France, les Sieurs Plénipotentiaires s'étoient chargez

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