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rien les malheurs publics, & l'effufion du fang Chrétien, Elle laiffera au jugement de toute l'Europe, même à celui des Peuples d'Angleterre & de Hollande, à reconnoître les veritables Auteurs de la continuation d'une Guerre auffi fanglante.

On verra d'un côté les avances que le Roi nôtre Maître a faites, le confentement qu'il a donné aux propofitions les plus dures, & les engagemens que Sa Majefté confentoit de prendre pour le ver toute défiance, & pour avancer la Paix.

D'autre part, on pourra remarquer une affectation continuelle à s'expliquer obfcurément, afin d'avoir lieu de prétendre toûjours au delà des conditions accordées; en forte qu'à peine nous avions con◄ fenti à une demande, qui devoit être la derniere, qu'on s'en défiftoit pour en fubftituer une autre plus exorbitante.

On remarquera auffi une variation ré glée feulement, ou par les évenemens de la Guerre, ou par les facilitez que le Roi nôtre Maître aportoit à la Paix. Il paroît même par les Lettres, que Meffieurs les Députez nous ont écrites, qu'ils n'en dif conviennent pas.

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L'an

L'année derniere les Hollandois & leur Alliez regardoient comme une injure, qu'on les crût capables d'avoir demandé au Roi, d'unir fes forces à celles de la Ligue, pour obliger le Roi fon PetitFils à renoncer à fa Couronne. Ils prenoient à témoin les Préliminaires mêmes, qui ne parlent que de prendre des. mefures de concert. Depuis ils n'ont fait aucune difficulté de l'exiger haute

ment.

Aujourd'hui ils prétendent que Sa Majefté s'en charge feule, & ils ofent dire, que fi auparavant ils fe contentoient de moine leur interêt mieux connu les porte à ne s'en plus contenter. Une pareille déclaration, Monfieur, eft une rupture formelle de toute Négotiation; & c'eft après quoi les Chefs des Alliez foupi

rent.

Quand nous demeurerions plus longtemps à Gertruydenberg, quand même nous pafferions des années entieres en Hollande, nôtre féjour y feroit inutile, puifque ceux qui gouvernent la République font perfuadez qu'il eft de leur interêt, de faire dépendre la Paix d'une condition impoffible. Nous ne prétendons pas leur

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perfuader de continuer une Négociation qu'ils veulent rompre; & enfin quelque defir qu'eût le Roi nôtre Maître de procurer le repos à fes Peuples, il fera moins facheux pour eux de foûtenir la Guerre, dont ils favent que Sa Majesté vouloit a cheter la fin par de fi grands facrifices contre les mêmes Ennemis qu'Elle a depuis dix ans à combattre, que d'y ajoûter encore le Roi fon Petit-Fils, & d'entreprendre imprudemment de faire en deux mois de temps la Conquête de l'Efpagne & des Indes; avec l'affûrance certaine de retrouver, après ce temps expiré, fes Ennemis fortifiez par les Places, qu'Elle auroit cedées; & par confequent en état, de tourner contre Elle les nouvelles Armes qu'Elle auroit mis entre leurs mains.

Voilà, Monfieur, la réponse pofitive, que le Roi nous a donné ordre de vous faire aux nouvelles propofitions de Meffieurs les Députez. Nous la faifons au bout du fixième jour, au lieu de quinze qu'ils nous avoient accordé comme une grace. Cette diligence fervira du moins à vous faire connoître, que nous ne cherchons point à vous amufer; & que fi nous avons demandé

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mandé fouvent des Conferences ce n'étoit pas pour les multiplier fans fruit; mais pour ne rien obmettre de tout ce qui pourroit nous conduire à la Paix.

Nous paffons fous filence les procedez qu'on a tenu envers nous, au mépris de nôtre caractére. Nous ne vous difons rien des Libelles injurieux, remplis de fauffetez & de calomnies, qu'on a laiffé imprimer & diftribuer pendant nôtre féjour, afin de mettre de l'aigreur dans les Efprits qu'on travailloit à reconcilier. Nous ne nous plaignons pas même de ce que contre la Foi publique, & au préjudice de nos plaintes fi fouvent réiterées, on a ouvert toutes les Lettres, que nous avons ou reçues ou écrites: L'avantage qui nous en revient, c'est que le prétexte, dont on couvroit tant d'indignitez, s'eft trouvé mal fondé. On ne peut pas nous reprocher d'avoir tenté la moindre pratique contraire au Droit des Gens, qu'on violoit à nôtre égard. Et il est fenfible, qu'en empêchant, qu'on ne vint nous rendre vifite, dans nôtre espéce de prifon, ce qu'on craignoit le plus, étoit que nous ne découvriflions des véritez, qu'on vouloit tenir cachées.

Nous

Nous vous prions, Monfieur, de vouloir donner à notre Exprés la réponse qu'il a ordre d'attendre, ou fi vous ne voulez point répondre, de lui donner un Certificat, comme vous avez reçu cette Lettre. Nous fommes trés-parfaitement,

MONSIEUR,

Vos très-humbles & très-obéiffans
Serviteurs.

HUXELLES.

Etoit Signé,

L'ABBE DE POLIGNA C

RE

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