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n'est rien, et par lui-même il est quelque chose, comme on le sent par l'effet des tambours. Mais d'où vient l'impression que font sur nous la me sure et la cadence? quel est le principe par lequel ces retours, tantôt égaux et tantôt variés, affectent nos ames, et peuvent y porter le sentiment des passions? Demandez-le au métaphysicien : tout ce que nous pouvons dire ici est comme que, la mélodic tire son caractère des accens de la langue, le rhythme tire le sien du caractère de la prosodic, et alors il agit comme image de la pa role: à quoi nous ajouterons que certaines passions ont dans la nature un caractère ryhthmique aussi bien qu'un caractère mélodieux, absolu, et indépendant de la langue; comme la tristesse, qui marche par temps égaux et lents, de même que par tons remisses et bas; la joie, par temps sautillans et vites, de même que par tons aigus et intenses : d'où je présume qu'on pourrait observer dans toutes les autres passions un caractère pro la pre, mais plus difficile à saisir, à cause que plupart de ces autres passions, étant composées, participent plus ou moins tant des précédentes que l'un de l'autre.

RHYTHMIQUE, s. f. Partie de Fart musical qui enseignait à pratiquer les règles du mouvement et du rhythme selon les lois de la rhythmopée. La rhythmique, pour le dire un peu plus en détail, consistait à savoir choisir entre les trois modes établis par la rhythmopée le plus propre

au caractère dont il s'agissait, à connaître et posséder à fond toutes les sortes de rhythmes, à dis cerner et employer les plus convenables en chaque occasion, à les entrelacer de la manière à la fois la plus expressive et la plus agréable, et enfin à distinguer l'arsis et la thésis par la marche la plus

sensible et la mieux cadencée.

RHYTHMOPÉE, piluomaa, s. f. Partie de la science musicale qui prescrivait à l'art rhyth mique les lois du rhythme et de tout ce qui lui appartient. (Voyez RHYTHME.) La rhythmopée était à la rhythmique ce qu'était la mélopée à la mélodie.

La rhythmopée avait pour objet le mouvement ou le temps dont elle marquait la mesure, les divisions, l'ordre et le mélange, soit pour émouvoir les passions, soit pour les changer, soit pour les calmer: elle renfermait aussi la science des mouvemens muets, appelés orchesis, et en général de tous les mouvemens réguliers; mais elle se rapportait principalement à la poésie, parce qu'alors la poésie réglait seule les mouvemens de la mu sique, et qu'il n'y avait point de musique purement instrumentale qui eût un rhythme indépendant.

On sait que la rhythmopée se partageait en trois modes ou tropes principaux, l'un bas et serré, un autre élevé et grand, et le moyen pai sible et tranquille; mais du reste les anciens ne nous ont laissé que des préceptes fort généraux sur cette partie de leur musique, et ce qu'ils ont

dit se rapporte toujours aux vers ou aux paroles destinées pour le chant.

RIGAUDON, s. m. Sorte de danse dont l'air se bat à deux temps, d'un mouvement gai, et se divise ordinairement en deux reprises phrasées de quatre en quatre mesures, et commençant par la dernière note du second temps.

On trouve rigodon dans le Dictionnaire de l'académie; mais cette orthographe n'est pas usitée.

J'ai ouï dire à un maître å danser

de

le nom que cette danse venait de celui de l'inventeur, lequel s'appelait Rigaud.

RIPPIENO, S. m. Mot italien qui se trouve assez fréquemment dans les musiques d'église, et qui équivaut au mot chœur ou tous.

RITOURNELLE, s. f. Trait de symphonie qui s'emploie en manière de prélude à la tète d'un air dont ordinairement il annonce le chant, ou à la fin, pour imiter et assurer la fin du même chant, ou dans le milieu, pour reposer la voix, pour renforcer l'expression, ou simplement pour

la pièce.

embellir

Dans les recueils ou partitions de vieille musique italienne, les ritournelles sont souvent désignées par les mots si suona, qui signifient que l'instrument qui accompagne doit répéter ce que la voix a chanté.

Ritournelle vient de ritornello, et signifie pe tit retour. Aujourd'hui que la symphonie a pris un caractère plus brillant, et presque indépen

dant de la vocale, on ne s'en tient plus guere à de simples répétitions: aussi le mot ritournelle

a-t-il vieilli.

ROLLE, s. m. Le papier séparé qui contient la musique que doit exécuter un concertant, et qui s'appelle partie dans un concert, s'appelle rolle å l'Opéra ainsi l'on doit distribuer une partie à chaque musicien, et un rolle à chaque acteur.

:

ROMANCE, S. f. Air sur lequel on chante un petit poëme du même nom, divisé par couplets, duquel le sujet est pour l'ordinaire quelque histoire amoureuse, et souvent tragique. Comme la romance doit être écrite d'un style simple, touchant, et d'un goût un peu antique, l'air doit répondre au caractère des paroles; point d'ornement, rien de maniéré, une mélodie douce, naturelle, champêtre, et qui produise son effet par elle-même, indépendamment de la manière de la chanter: il n'est pas nécessaire que le chant soit piquant, il suffit qu'il soit naïf, qu'il n'offusque point la parole, qu'il la fasse bien entendre, et qu'il n'exige pas une grande étendue de voix. Úne romance bien faite, n'ayant rien de saillant, n'affecte pas d'abord; mais chaque couplet ajoute quelque chose à l'effet des précédens, l'intérêt augmente insensiblement, et quelquefois on se trouve attendri jusqu'aux larmes, sans pouvoir dire où est le charme qui a produit cet effet. C'est une expérience certaine que tout accompagnement d'instrument affaiblit cette impression; il

ne faut, pour le chant de la romance, qu'une voix

juste, nette, qui prononce bien, et qui chante

simplement.

ROMANESQUE, subst. fém. Air à danser. (Voyez

GAILLARDE.)

RONDE, adj. pris subst. Note blanche et ronde,

sans queue, laquelle vaut une mesure entière à
quatre temps, c'est-à-dire deux blanches ou qua-
tre noires. La ronde est de toutes les notes restées
en usage celle qui a le plus de valeur; autrefois,
au contraire, elle était celle qui en avait le moins,
et elle s'appelait semi-brève. (Voyez SEMI-BRÈVE
et VALEUR DES NOTES.)

RONDE DE TABLE. Sorte de chanson à boire, et
pour l'ordinaire mêlée de galanterie, composée
de divers couplets qu'on chante à table chacun à
son tour, et sur lesquels tous les convives font
chorus en reprenant le refrain.

RONDEAU, S. m, Sorte d'air à deux ou plusieurs

reprises, et dont la forme est telle qu'après avoir

fini la seconde reprise on reprend la première; et

ainsi de suite, revenant toujours et finissant par

cette même première reprise par laquelle on a

commencé. Pour cela on doit tellement conduire

la modulation, que la fin de la première reprise

convienne au commencement de toutes les autres,

et que la fin de toutes les autres convienne au com-

mencement de la première.

Les grands airs italiens et toutes nos ariettes

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