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sucre (1), plusieurs espèces de millet, le maïs, les patates, les ignames, le thé, l'indigo, le safran, le poivrier, l'arbre à vernis, l'oranger, le bananier, et quelques plantes légumineuses et tinctoriales.

Le Sang-Koï, l'un des cinq fleuves annamites, descend des montagnes de l'Yun-Nan, traverse le Tonquin et se jette dans le golfe par plusieurs embouchures; deux branches, séparées à leur extrémité méridionale par 20 lieues de terres arrosées, forment les limites extrêmes d'un vaste delta. KéCho ou Ketcho est au sommet du delta et à 30 lieues environ de la mer (2): c'est une ville immense, riche, commerçante et très-peuplée; son terroir est uni, très-étendu et parcouru en tout sens par des canaux d'irrigation. Plusieurs de ces canaux pénètrent dans la ville, alimentent les étangs, les jets d'eau et les jardins du palais royal; d'autres circulent dans les rues, au milieu des places publiques, et arrosent les jardins des particuliers (3). Le Sang-Koï, que Crawfurd appelle Tong-King, est donc la grande artère de l'Annam septentrional; il cède à l'agriculture un immense volume d'eau distribuée dans des milliers de rigoles, et il fournit au commerce une voie toujours ouverte pour l'exportation des riches produits du sol.

Dans le delta, toutes les branches du fleuve communiquent entre elles par des canaux navigables et servant aussi à arroser les rizières; il sort une masse énorme de produits de ces terres basses, limoneuses et périodiquement fertilisées par les débordements. La culture du coton alterne quelquefois avec celle du riz, et dans ce cas elle remplace la seconde récolte usitée dans les rizières.

(1) Le sucre est transporté au port de Fai-Fo et vendu au prix moyen de 15 fr. le quintal du pays, équivalent à 73 kilogrammes ou 150 livres poids de marc. On exporte annuellement quarante mille tonneaux de riz, le tonneau pesant 2 milliers.

(2) De Fortia, Chine, III, pages 351, 352; Grosier, Chine, 1, 368. (3) Crawfurd, Relation, an 1822.

L'irrigation est, dans le Tonquin, d'une origine bien moins ancienne que dans plusieurs régions de l'Asie méridionale; c'est probablement une pratique importée par des Chinois expatriés dans le Gan-Nan deux siècles avant l'ère vulgaire.

I importe de ne pas perdre de vue dans quelles circonstances et avec quelles entraves l'irrigation s'est acclimatée dans le Tonquin; elle a toujours eu contre elle un gouvernement despotique exposé aux révolutions; un recueil de lois pour la plupart étrangères et interprétées selon le caprice du prince, et avec tout cela des impôts exorbitants; mais, d'autre part, il est un usage fort ancien et toujours respecté, sous lequel s'est abrité le peuple, et surtout les cultivateurs. Le roi nomme, il est vrai, à tous les emplois publics; mais son droit s'arrête avec la désignation des thous ou chefs de district. C'est le peuple qui nomme les chefs des villages; ainsi l'avait déjà prescrit Menou, et après lui ceux qui marchèrent sur les traces de ce grand organisateur de l'Inde. Cette demi-indépendance concédée à la commune; ce droit, accordé à tant d'intérêts circonscrits, de se régler en dehors du pouvoir central; le privilége d'élire le chef local exercé par tous les membres actifs de la communauté, en présence des agents du fisc et d'une nuée de mandarins; tout cela fait supposer, dans le Tonquin, une certaine indépendance agricole et l'existence d'associations régulières pour l'usage des eaux. Ce n'est pas ici une supposition hasardée; nous savons, par les missionnaires, ces patients et vé. ridiques observateurs, que l'agriculture est honorée dans le Tonquin, conformément au quatrième livre de Li-Ki, ou mémorial de Confucius. Tous les ans, le prince se rend, avec toute sa cour, au temple de l'agriculture; devant le temple est un champ avec plusieurs charrues attelées. Le prince trace publiquement trois sillons en allant et trois au retour; les mandarins de haut grade en tracent immédiatement cinq, et les courtisans admis à la fête en tracent neuf. Cette fête était tombée en désuétude depuis près d'un siècle; elle a été rétablie en 1832 par l'empereur Minh-Menh.

Les annales du Tonquin prouvent une longue constance à lutter contre les Chinois et contre tous les peuples voisins. A toutes les époques, les pillages, les incendies, les tributs de guerre ont désolé le pays sans jamais l'épuiser. La conséquence de ces faits est que le Tonquin possède, depuis vingt siècles au moins, de grandes ressources agricoles et commerciales, et un système d'irrigation assez puissant pour résister aux plus grandes calamités.

IMPRIMERIE DE Mme ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 7.

TABLE DES

MATIÈRES

DE LA DEUXIÈME PARTIE.

Rapport de M. le vicomte Héricart de Thury, lu à la Société royale et
centrale d'agriculture..

Pages.

3

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§ 2. Arrosages du petit Thibet et des hautes vallées du Sindh et

du Setledje..

73

§ 3.

Arrosages du Sindh.

81

§ 4.

Arrosages dans les hautes vallées du Gange et du Djamnah.

89

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§ 1er. Arrosages de l'Assam, le Djynta, le Silhet, l'Hiroumba, le

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§ 3.

§ 4.

Arrosages des provinces birmanes cédées à l'Angleterre.
Arrosages de la presqu'île de Chryse, aujourd'hui Malacca.

247

250

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