Gouttes de rosée: French lyric poems

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Leypoldt & Holt, 1866 - French poetry - 188 pages
 

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Popular passages

Page 114 - Au banquet de la vie, infortuné convive, J'apparus un jour, et je meurs. Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive, Nul ne viendra verser des pleurs. Salut, champs que j'aimais, et vous, douce verdure, Et vous, riant exil des bois ! Ciel, pavillon de l'homme^ admirable nature, Salut pour la dernière fois ! Ah ! puissent voir longtemps votre beauté sacrée, Tant d'amis sourds à mes adieux ! Qu'ils meurent pleins de jours, que leur mort soit pleurée, Qu'un ami leur ferme les yeux.
Page 42 - S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur! Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace? Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus? Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus?
Page 176 - Écoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées M'auront de toi pour jamais séparé, Quand le chagrin, l'exil et les années Auront flétri ce cœur désespéré ; Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême ! L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon cœur battra, Toujours il te dira : Rappelle-toi.
Page 40 - O lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir...
Page 108 - La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles: On a beau la prier; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend point nos rois.
Page 57 - L'onde entre les roseaux , Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare, Sa clarté dans les champs éveille une fanfare De cloches et d'oiseaux ! Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Qui des plus douces fleurs embaume son haleine Quand vous la respirez; Mon âme est la forêt dont les sombres ramures S'emplissent pour vous seul de suaves murmures Et de rayons dorés...
Page 42 - Que vous nous ravissez? O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure! Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux!
Page 56 - Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille Fait briller tous les yeux, Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux.
Page 75 - Quand nous habitions tous ensemble Sur nos collines d'autrefois, Où l'eau court, où le buisson tremble. Dans la maison qui touche aux bois, Elle avait dix ans, et moi trente ; J'étais pour elle l'univers. Oh ! comme l'herbe est odorante Sous les arbres profonds et verts! Elle faisait mon sort prospère, Mon travail léger, mon ciel bleu. Lorsqu'elle me disait : Mon père.
Page 71 - Disait-il, oh! viens avec moi : Viens, nous serons heureux ensemble: La terre est indigne de toi. Là, jamais entière allégresse : L'âme y souffre de ses plaisirs, Les cris de joie ont leur tristesse Et les voluptés leurs soupirs. La crainte est de toutes les fêtes; Jamais un jour calme et serein Du choc ténébreux des tempêtes N'a garanti le lendemain.

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