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HISTORIQUE

D'ACTES,

NEGOTIATIONS,
MEMOIRES

ET

TRAITEZ.

Depuis la Paix d'UTRECHT jusqu'au
Second Congrès de CAMBRAY
inclufivement.

Par Mr. ROUSSET.

TOME II.

HS

A LA HAYE,

Chez HENRI SCHEURLEER

M. D C C. XXVII I.

1.

JX 132 R87

V.2

896631-190 HISTORIQUE

D'ACTES, NEGOCIATIONS, - MEMOIRES ET TRAITEZ.

S

I toutes les Pièces contenues dans le Tome précedent fervent, à plufieurs égards, à l'Inftruction du Procès qui doit être décidé à Afx-la-chapelle*, on peut dire que celles qui fe trouveront dans celui-ci, font les principales pièces de cet important procès; puifque ce font celles qui renferment les grièfs qui ont manqué de mettre l'Europe en feu. Pour continuer nôtre narration Hiftorique que nous avions quité à la rupture de congrès de Cambrai, nous fommes obligé de réprendre les chofes de plus haut.

Chacun fait, & plufieurs peut-être à leurs dépends, quelle fureur poffeda, en 1720., l'Angleterre, la Hollande la France & les Etats voifins. Cette maladie épidemique fortit de la Cour de France & du cerveau du fameux Jean Law que l'on vit jouer pendant quelques mois au grand rôle fur le Theatre de l'Europe. La derniere Guerre que la France avoit foutenue feule contre toute l'Europe, avoit Tome II.

A

épui

Par l'Article VIII. des Preliminaires fignez à Paris le 31. Mag 1727. il eft ftipulé que le Congrès pour la Paix se tiendra dans cette Ville Imperiale.

épuifé ce Royaume & Louis XIV. avoit laiffé en mourant fes finances dans un tel état, que l'on pouvoit dire que le Regent y avoit trouvé quelques centaines de millions moins que rien. Ce Prince avoit l'Efprit le plus tranfcendant que l'on pût s'imaginer, rien n'échapoit à fa pénétration, c'étoit le meilleur officier & le plus adroit Politique du Royaume; mais joignez enfemble tout les talens imaginables, on ne peut avec cela parvenir à faire quelque chofe de rien. C'eft un Atribut de la feule Divinité; cependant c'eft ce qu'il auroit fallu faire pour rétablir les affaires, & c'eft ceque le Sr. Law entreprit. L'Homme eft né avec ce penchant qui le porte à s'aprocher autant qu'il peut de la Divinité, à la copier, à lui reffembler, eft-il étonnant qu'il fe foit trouvé en tous Païs des Hommes qui ne vouluffent pas le ceder à Law en expediens pour créer des richelfes immenfes. De là cette foule de Compagnies qui s'établirent de tous cotez fur un grand fond d'impudence, de temerité & d'Efperances, foutenu d'une defir infatiable de s'enrichir aux dépends des plus foux. Prèfque toutes ces Compagnies font rentrées dans le Néant, d'où elles étoient réellement forties, il n'en refte qu'un fouvenir fatal dans quelques familles. Quelques unes fubfiftent encore dans un état fi languiflant, qu'elles font à tous moment prêtes à expirer, fans force & fans vigueur interne, il n'y a que quelques remedes exterieurs qui leur donnent une aparence de vie.

De toutes ces Compagnies celles qui ont fait le plus de Bruit, ce font celles du Miciffipi, du Sud, & d'Oftende les deux premieres ont cau

fé des fortunes & des Catastrophes que nos neveux ne voudront pas croire, quoique très véritables, la dernière a mis l'Europe à deux doits d'un Embrafement total.

Le Miniftere de Vienne ayant connu par expérience, pendant la dernière Guerre, les immenfes avantages que les Etats commerçans ont fur les autres, s'étoit apliqué avec foin depuis la Paix de Baden, aux moyens d'établir le Commerce dans les Pais Hereditaires de l'Empereur, comme l'expedient le plus fûr d'y attirer des richeffes, dont la circulation porte une utilité réelle au cœur de l'Etat, c'eftà-dire au Trefor du Souverain. C'eft pour cet effèt que l'Empereur accorda des privileges aux Villes de Fiume & de Triefte fur le Golfe Adriatique & que fes Miniftres infifterent avec tant de fuccès au Traité de Paflarowitz, fur l'Article du Commerce, qu'ils obtinrent de la Porte des avantages à cet égard qu'aucune Puiffance de l'Europe n'avoit encore pu obtenir de cette Cour. C'eft à ce fifteme que la Compagnie orientale dût fon origine; & ce font les avantages qu'on retira de ces établiffemens, qui firent naitre à quelques particulieres la penfée de propofer à la Cour de Vienne l'établiffement d'une Compagnie des Indes dans les Pais-Bas. Les premieres propofitions qui en furent faites, rencontrerent de grandes dificultez, qui en acrocherent le fuccès; neanmoins elles donnèrent lieu à la refolution qui fut prife dès lors d'accorder des Lettres de Mer aux Flamans & Brabançons qui voudroient aller négocier aux Indes à leurs rifques & dépens; c'étoit dans le deffein de voir par experience quel avantage on en pouroit tirer, & A 2

com

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