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de Vienne. C'eft aux Princes de l'Europe, & a ceux de l'Empire en particulier, interref fez au maintien du Repos public, à confiderer fi les mêmes avantages fe doivent attendre de la Conféderation de Hanovre.

Cette pièce que l'on annonça long-tems avant fa naiffance, fut diftribuée avec foin de tous côtez, & fit beaucoup de bruit; elle trouva à Ratisbonne quelques partifans, mais le plus grand nombre n'y donna pas fon aprobation; on y trouva un Avocat outré de la Majesté Imperiale, lequel abandonne fans peine les intérêts de l'Empire & de fes Membres; Ainfi il ne faut pas être étonné fi l'Analyfe ne reftât pas fans replique; il eft vrai qu'on l'attendit longtems, mais il n'en falloit pas moins pour dreifer un plaidoyer folide où l'on démontrât les droits des Membres de l'Empire, & où l'on fit voir clairement combien la conduite de leurs Majefté Britannique & Pruffienne étoit conforme à leurs engagemens envers l'Empereur & l'Empire. Si la Réligion de l'Auteur de cette pièce lui avoit laiffé la liberté de répondre à ce qui eft dit cideffus page 318. lig. 6. & 7. il auroit pû groffir fa réponce des triftes gemiffemens de tout le Palatinat & de tout le Duché de DeuxPonts, fans parler de toutes les plaintes portées à la Diète depuis ce prétendu redressement des grièfs. A la vérité ce n'eft pas faute de juftes & fages mandemens émanez de la Cour Imperiale, mais de quelle utilité font ces mandemens aux malheureux perfecutez, s'ils reftent fans effèt?

Tome II.

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Voici

Voici donc la Réponce qui fut faite à l'Analyfe.

Remarques fur l'Annalyfe du Trai té de Hanovre.

SUR LA PREFACE.

'EUROPE, il eft vrai, jouïffoit d'une Paix profonde, & les Puiffances qui avoient fait trouver à la Cour de Vienne affez d'avantage pour la déterminer à concourir enfin à un bien auffi prétieux, voyoient avec fatisfaction qu'après que les renonciations données par l'Empereur & par le Roi d'Efpagne réciproquement, avoient conftaté les droits principaux, dont la conteftation avoit mis toute l'Europe en armes, il ne reftoit plus à régler que quelques points particuliers, dont l'indécifion n'étoit pas capable de rallumer la Guerre.

Ce n'eft cependant pas ici le lieu de contefler à la Cour de Vienne le mérite qu'elle veut fe faire d'avoir affuré la Paix de l'Europe, en réglant ces points particuliers, dont on vient de parler, & en établiffant pour bafe de fes nouveaux Traitez celui de Londres. L'on Connoifloit trop bien l'habileté de la Cour de Vienne, pour croire qu'elle ne confirmât pas de la manière la plus autentique le Traité de la Quadruple Alliance. Les Avantages dont elle jouïffoit en vertu de ce Traité, étoient trop grands, pour qu'elle ne cherchât pas à

faire

faire pour fon propre intérêt ce qu'elle veut aujourd'hui faire valoir à toute l'Europe. comme une preuve de fa générosité & de fon amour pour la Paix publique.

Perfonne n'ignore avec quelle aplication la France & l'Angleterre travailloient à remplir à Cambray leur Mediation d'une manière fatisfaifante pour toutes les Parties contractantes; mais on ne peut affez s'étonner de voir que la Cour de Vienne croyant avoir besoin de justifier la résolution qu'elle avoit prise de traiter fans le concours de la Médiation, qui avoit été stipulée par un Traité public, recherche pour y parvenir des faits qu'elle ôte de leur ordre véritable, & qu'elle auroit pû avec plus d'habilité paffer entièrement fous filence.

Les réfolutions prifes en France, dont la Cour de Vienne veut fe prévaloir en cette occafion, n'eurent lieu que dans le courant du mois de Mars 1725. Cependant le départ du Duc de Ripperda de Madrid, & la datte de Les Pleinpouvoirs démontrent entièrement que le deffein formé par la Cour de Vienne, de traiter feule directement & fecrettement avec la Cour de Madrid, exiftoit dès le milieu de l'année 1724. Ce n'eft donc point le refus que l'Efpagne fit de traiter par la Médiation de la France; qui a pu donner lieu à un projèt formé long-tems auparavant: Et il eft aifé de reconnoitre aujourd'hui que la Négociation que le Duc de Riperda avoit entamée étoit l'unique fource de tous les détais que le Plénipotentiaires de l'Empereur à Cambray aporterent au progrès des affaires pendant l'année 1724. & dont le PuY 2

blic

blic alors avoit peine à concevoir la raifon.

N'attribuons donc point d'autres motifs à la conduite de la Cour de Vienne que l'Intérêt qu'elle trouvoit à fe fouftraire d'une Médiation, dont le poids lui paroifloit embaraffant, & à profiter de la conjoncture pour conclure avec un Ambassadeur, à qui il ne manquoit, pour juftifier en aparence ce qui devoit faire le fceau de fon élevation perfonnelle, & de fon attachement à la Cour de Vienne, que l'évenement qui fit porter au delà des juftes bornes les nouvemens d'une douleur, que l'Espagne auroit dû faire céder à des confidérations fupérieures.

Telle eft la véritable expofition des faits dont la Cour de Vienne a cherché à renverfer l'ordre.

Il faut cependant avouër de bonne foi qu'a près les Déclarations réïtérées que la Cour de Madrid avoit faites de fes intentions fur les Articles qui reftoient encore à régler au Congrès de Cambray, l'on ne devoit pas s'attendre qu'elle pût jamais foufcrire aux conditions que l'on a vû dans ceux des Traitez fignez à Vienne, que cette Cour crut pouvoir publier d'abord fans inconvenient. Mais pour parler ici avec tout le Public, l'on ne peut pas douter, nonobstant ce que l'Auteur de l'Analyse avance, que les Rois de France & d'Angleterre ne défiraffent véritablement la -Paix entre les Cours de Vienne & de Madrid; & nous fommes perfuadez que fi ces deux Princes ont, comme on le fupose, témoigné quelque mécontentement des Traitez fignez à Vienne, ç'a été uniquement par la douleur de

voir

voir l'Espagne entrer dans un labirinthe, dont elle n'a pas counu toute l'étendue, & foufcrire à des conditions que les Rois d'Angleterre & de France fe feroient bien gardez de lui propofer, ni comme honorables, ni comme fatisfaifantes.

Dans cette fituation nous avons dû croires qu'il y avoit des ftipulations fecrettes qui dédommageoient l'Espagne de la lézion qu'elle foufroit par les conditions du Traité de Vienne renduës publiques, & qui mettoient à couvert l'honneur d'une Couronne, dont la gloire étoit toujours chere aux Rois de France & d'Angleterre. Ceux qui ont des intentions droites ne doivent point aprehender de faire voir leur ouvrage; cependant la Cour de Vienne tenoit encore fecretes d'autres ftipulations, & ç'a été après les affurances les plus précifes qu'il n'y en avoit point d'autres que celles qui avoient paru d'abord, qu'elle a été obligée de donner connoiffance au Public d'un Traité particulier, qui vrai femblablement n'eft pas encore le feul qui ait été figné; & il n'y a qu'à fouhaiter que l'Europe voyant un jour la vérité telle qu'elle eft, puiffe, ou fe convaincre que fes allarmes ont été frivoles, ou connoitre dans fon étendue ce qu'elle peut avoir à apréhender.

C'est au milieu de tant de circonftances differentes que nous voyons la Cour de Vienne fe plaindre de ce que les Rois d'Angleterre & de France fe font liez par un nouveau Traité. Sa furprise ne pourroit pas être plus grande s'il n'y avoit jamais eu d'exemple de Traitez entre ces deux Princes, & fi leurs intérêts étoient de nature à ne pouvoir jamais être.

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