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Premièrement, ils n'ont aucun registre, n'ayant aucun revénu.,

Secondement, qu'il existe dans, la sacristie, pour l'usage du culte, divin, vingt-une chasubles, deux chappes, trente-trois aubes, quatre surplis, quinze nappes d'autel, le tout tant bon que mauvais, trois calices, un soleil, un ciboire et une croix avec des réliques, le tout d'argent, un encensoir, une navette, une lampe et huit chandeliers, le tout en cuivre.

Troisièmement, que la bibliothèque est composée de quinze-cents soixante-quatre volumes, de différents formats, sans manuscrits pi médailles.

Quatrièmement, qu'il est dû à la communauté deux stations de Carême par les paroisses de Douges et de Montoir, celles de l'Avent et du Carême par la maison du Sanitat, qu'il leur sera dû cinquante livres à la SaintJean prochaine, par le nommé Joseph Pelard,, pour le droit des chaises de leur église.

Cinquièmement, qu'ils n'ont aucune argenterie, ni argent monnayé, ni effets précieux, que ceux que nous avons remarqué ne consistent qu'en tables, chaises, bancs, couchettes, plats, pots, assiettes, cueillères, et fourchettes, et peu de linge de malades.

Sixièmement, qu'ils doivent à Madame Rimbaud, épicière, la somme de six livres, à Madame Albert, marchande, celle de trois livres, à M. Ardouïn, cirier, environ quinze livres, qu'ils devront à la Saint-Pierre prochaine trente-cinq livres à leur domestique, pour gages.

Septièmement, que leur maison a besoin de réparations, qu'elle pourrait contenir dix religieux en y faisant quelques dépenses et réparations, pour meubler les chambres et les rendre logeables.

A l'endroit, ils nous ont représenté les titres de propriété et de fondation de leur communauté. »

Ici se trouve l'énumération de ces titres, mais elle est fort incomplète, puisque, de toutes les pièces que nous avons citées, elle indique seulement l'acte de donation et d'acceptation, du 13 juin 1622, et ceux des 12 et 16 mars 1623, l'acte du 29 juin 1636, les lettres patentes du Roi, du mois de mai 1688, et l'arrêt de la Chambre des Comptes, du 6 juillet 1688,

Les pièces furent chiffrées en marge et laissées à la garde du Révérend Père Gardien, avec tout ce qui était dans la maison. Cet inventaire fut signé de tous les religieux, des deux officiers municipaux et du greffier.

Le procès-verbal continue:

<< Passant maintenant aux déclarations particulières de chacun des religieux ci-devant dénommés :

Le Révérend Père Eusèbe de Paimpon, gardien de cette communauté, nous a déclaré qu'il réserve de s'expliquer, passé qu'il saura quelles seront les maisons conservées, quel sera leur régime et leur traitement.

Et a signé: F. EUSEBE de Paimpon, capucin, gardien.

Le Révérend Père Pacifique de Corlay, définiteur, nous a déclaré que son intention est de conserver l'état religieux qu'il a embrassé.

Et a signé : F. PACIFIQUE de Corlay, définiteur.

Le Révérend Père Dosithée de Lamballe, vicaire de cette communauté, nous a déclaré que son intention est de garder l'état religieux qu'il a embrassé.

Et a signé : F. DOSITHÉE de Lamballe, prêtre, capucin, vicaire.

Le Révérend Père François-Marie de Saint-Malo nous a déclaré que, tant qu'il existera des Capucins dans le cloître, il y veut vivre et mourir.

Et a signé: F. FRANCOIS-MARIE de Saint-Malo, prêtre, capucin.

Le Frère Raphaël de Morlaix, religieux profès, nous a déclaré que son intention est de rester, et de garder l'état religieux qu'il a embrassé. Et a signé : F. RAPHAEL de Morlaix, capucin.

Le Frère Albert des Sables, tierciaire affilié, nous a déclaré qu'il réserve de s'expliquer, lorsqu'il saura quel est le sort de la maison où il est, Et a signé: F. ALBERT.

Ce sont toutes les déclarations qui nous ont été faites et que nous avons reçues.

Arrêté à la communauté susdite lesdits jours et an que devant, sous nos seings et celui de notre greffier.

CLAVIER, officier municipal, LAENNEC DE LA RENARDAIS, ALLAIRE, secrétaire greffier.

Il est d'usage de déclamer contre la richesse des ordres religieux avant la Révolution. Ces déclamations sont-elles fondées pour certains ordres ? C'est un point que nous n'avons pas à examiner ici. Mais on voit, par ce procès-verbal, que le couvent de l'Ermilage ne peut être rangé parmi les couvents riches. Là, tout est pauvre et petit. Les Capucins n'ont ni revenus, ni argenterie, ni argent

monnayé. S'ils ont à recevoir les honoraires de quelques prédications, il y a tout lieu de croire qu'ils en recevront bien juste de quoi payer leurs dettes. S'ils dérogent à leur règle en faisant payer les chaises dans leur église, c'est que sans doute ils ont obtenu dispense sur ce point, vu la dureté des temps. S'ils ont des chandeliers de cuivre au lieu de chandeliers de bois simplement tra vaillé au tour, comme le veulent leurs constitutions, le désordre n'est pas grave.

Mais comment se fait-il que ce couvent, qui contenait douze religieux cent ans auparavant, est déclaré maintenant comme n'en pouvant contenir que dix? C'est que, probablement, la distribution intérieure du couvent avait été modifiée, et que le nombre des cellules, qui était de dix-huit en 1688, s'était trouvé réduit à dix.

Nous l'avons déjà dit, il ne faut pas confondre une époque avec une autre. Depuis la Révolution, les conditions d'existence des ordres religieux en France sont toutes différentes de ce qu'elles étaient auparavant. Alors, le roi de France était le protecteur-né de l'Église et des ordres religieux, et l'Église lui reconnaissait de grands droits dans les questions mixtes. C'était, comme l'on dit, l'Évêque du dehors. Si les Capucins de l'Ermitage, comme tous les autres religieux, du reste, ont laissé les officiers de la municipalité pénétrer dans leur couvent, sans élever la moindre protestation, s'ils ont consenti à comparaître devant eux, à répondre à leurs questions, à les assister dans leur inventaire, à signer leur procès-verbal, iis trouvent leur excuse dans cette considération du droit que l'Église reconnaissait au Roi dans les questions mixtes. Aucun des religieux de l'Ermitage n'a demandé à sortir du cloître, mais celui qui l'eût fait eût-il été coupable d'apostasie religieuse ? Nous n'oserions l'affirmer. D'après les décrets que nous avons cités, les Capucins se trouvaient dans l'impossibilité d'observer leur règle. Ils ne pouvaient plus faire la quête et vivre d'aumônes; ils avaient des traitements, eux qui ne doivent avoir aucun revenu; ils devaient être transférés dans des couvents différents de ceux où leurs supérieurs

les avaient placés, et encore n'étaient-ils pas assurés de n'y être pas pêle-mêle avec des religieux d'autres ordres. Pour toutes ces raisons, nous nous demandons s'ils ne se trouvaient pas dans un de ces cas de force majeure, où les lois ecclésiastiques n'obligent plus. Ce n'est pas que nous veuillons approuver ceux qui sont sortis du cloftre, mais enfin il faut juger la situation telle qu'elle était.

Les Capucins de l'Ermitage restèrent donc tous les six dans leur couvent.

(La fin à la prochaine livraison).

Fr. FLAVIEN, capucin.

TOME XLIX (IX DE LA 5o SÉRIE).

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LA PRISE DE CHARETTE

DÉTAILS INÉDITS

Dans les nombreux récits qui ont été faits de la prise du général de Charette, je n'ai trouvé mentionné nulle part un détail que je tiens pour authentique, la chose m'ayant été racontée par M. Messager, ancien aide de camp du général Travot, qui eut une grande part dans cette affaire.

Battu à plusieurs reprises et n'ayant plus que quelques hommes avec lui, Charette, pour échapper à l'ennemi, en était réduit à se cacher dans les bois. Travot le cherchait sans pouvoir le découvrir, quand on vint lui signaler un meunier très royaliste qui devait connaître le lieu de sa retraite. Aussitôt Travot et Messager, qui ne le quittait guère, montent à cheval, et tous deux, déguisés en gentilshommes vendéens, vont trouver le meunier en question, auquel ils disent que, chargés d'une mission très importante pour le général de Charette, il est de toute nécessité qu'ils le voient immédiatement. Le meunier s'y laissa prendre, ne soupçonnant pas la ruse. Suivant la proposition que lui fit le général Travot, il monta à cheval derrière lui. Travot était suivi d'un détachement de troupes que n'apercevait pas le meunier, les ténèbres de la nuit n'étant pas encore dissipées.

Arrivé près du bois de la Chaboterie, le guide montre du doigt l'endroit où Charette est couché, avec quelques Vendéens seulement. Aussitôt Travot jette à terre le meunier, lui donne un coup de plat de sabre, fait un signal au détachement qui le touche, et, avec son compagnon d'armes, se précipite au galop de son cheval. Entouré de tous cotés, Charette ne put pas opposer une longue résistance; il fut désarmé en quelques minutes.

Ai-je besoin d'ajouter que M. de la Robrie ne fut pour rien dans tout cela? L'accusation dont il a été l'objet est une abominable calomnie; justice en a été faite. Je suis étonné seulement que, parmi les nombreux témoignages à sa décharge cités par l'abbé Deniau, ne figure pas le nom de M. Messager. J'ai lu, de mes propres yeux lu, le brouillon d'une lettre que, sur sa demande, il écrivit à M. de la Robrie, pour protester contre une accusation de trahison qu'il déclarait être un odieux

mensonge.

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