Page images
PDF
EPUB

Notons enfin qu'on retrouve encore dans cette contrée, en la paroisse de Pleugueneuc, un gros village appelé l'Hôpital.

6. Le membre de Rennes. La prétendue charte de 1182 mentionne, comme il suit, les possessions des chevaliers du Temple à Rennes : « domus Radulphi archidiaconi Raenes juxta ecclesiam Sancte Marie, et unus burgensis in eadem civitate, et una elemosina juxta Forest ejusdem civitatis 1. En 1681, le commandeur de la Guerche avait encore la mouvance de certaine maison située près la Porte-Mordelaise » et par suite à côté de la chapelle de Notre-Dame de la Cité; c'est bien là l'emplacement de la maison de l'archidiacre Raoul; il paraît que cet archidiacre, qui fit en 1168 le voyage de Terre Sainte, avait donné sa propre maison aux Templiers. Le commandeur avait aussi quelques vassaux dans les rues de la Minterie, la Charbonnerie, Saint-François, la Basse-Baudrairie, Trassart et Saint-Georges; la tradition veut encore que les maisons de la Grande et de la Petite Palestine, alors en la paroisse Saint-Jean de Rennes, dépendissent également de lui, mais nous ne croyons point cette tradition bien fondée.

>>

En dehors de la ville, le commandeur de la Guerche avait la mouvance de la métairie de la Touche, située au tertre de Joué et appartenant, en 1681, aux jésuites de Rennes, « lesquels doibvent audit commandeur un homme vivant, mouvant et confiscant, pour l'indemniser de son fief. » En la paroisse de Saint-Jacques-dela-Lande se trouvaient les Temples du Cerisier et de Blosne relevant du commandeur qui avait aussi des vassaux aux villages de la Maltière, de la Croix-Verte et de la Couaraudière dans la même paroisse. Quand on se rappelle qu'une sombre forêt couvrait jadis toute cette partie des environs de Rennes, donnant son nom à la paroisse de Saint-Jacques, appelée fort longtemps Saint-Jacques-de-la-Forest, on ne peut douter qu'il ne s'agisse des Temples de Blosne et du Cerisier dans ce qu'on nommait en 1182 « elemosina juxta Forest. D'un autre côté, nous voyons, en 1141, le duc Conan III et la prinBull. de l'Assoc. bret. IV, 195.

«

cesse Ermengarde, sa mère, donner aux Templiers deux métairies qu'ils possédaient dans la forêt de Rennes et dont jouissait auparavant un chapelain nommé Hervé dédommagé par une somme de 70 sols; en même temps, la duchesse Mahaut, femme de Conan III, abandonnait à l'Ordre du Temple tout ce qu'elle possédait dans cette même forêt. Ne semble-t-il pas que ce fut l'origine des deux Temples en question? Enfin le membre de Rennes s'étendait encore en la paroisse de Betton où les chevaliers avaient quelques

vassaux.

7° Le membre de la Nouée. La Nouée, qu'on croit reconnaître dans le «< Lonhoc» de la charte apocryphe de 1182, était une ancienne commanderie, devenue avec les années une simple annexe du Temple de la Guerche. La Nouée se trouvait dans la paroisse d'Yvignac, évêché de Saint-Malo; elle consistait dans un manoir avec sa chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, son cimetière, le clos de la Justice, un moulin, des bois, des fiefs et des dîmes; elle s'étendait dans dix paroisses: Yvignac, Corseul, Saint-Carné, Plénée-Jugon, Vildé-Guingalan, Bourseul, Tramain, Plorec, Quévert et Dinan ; entre autres bailliages, elle renfermait ceux du Temple en PlénéeJugon, de la Nouée et de Guingallay en Yvignac, de Treffort en Corseul, du Temple-ès-Saulneufs en Plorec et de Vildé-Goëllo en Dinan; enfin elle comprenait, dans ses dépendances, la chapelle de Saint-Jean de Loublet en Quévert.

[ocr errors]

8o Le membre de Créhac. — Situé dans la paroisse de Plédran, évêché de Saint-Brieuc, Créhac semble avoir été une commanderie très ancienne. Elle s'étendait dans les quatre paroisses de Plédran, Plémy, Saint-Casreuc, et Plaintel, et consistait en fiefs, domaines, dîmes et rentes. Le commandeur y avait aussi « la chapelle de Créhac fondée de Saint-Jean Baptiste, où il y a assemblée le jour de la fête, avec droit et prééminences uniques et anciens. » Cette chapelle, qui existe encore, est pavée de dalles tumulaires qu'on a prétendu être des tombes templières; autour se trouvait un cimetière. Dans le village nommé le Temple, qui l'avoisine, les tenanciers étaient obligés, outre les rentes habituelles, d'entretenir 1 Anciens évêchés de Bret. V, 1 121.

une croix de fer au lieu le plus éminent de leurs maisons, comme marque et intersigne de la seigneurie '. go Le membre de la Caillibotière.

C'était une vieille dépendance des Templiers, mais en 1681, le manoir de la Caillibotière en la paroisse de Plurien, évêché de Saint-Brieuc, était complètement tombé en ruines; dans une pièce de terre nommée la Templerie, on voyait seulement à cette époque quelques pans de mur qui en étaient les derniers débris. La Caillibotière s'étendait dans neuf paroisses, savoir : Plurien, Pléhérel, Pléboulle, Hénan-Bihan, Hénansal, Pléneuf, Erquy, Planguenoual et Saint-Alban; elle jouissait d'un petit domaine en Plurien, d'un moulin en Planguenoual, d'une dîme en Hénan-Bihan, d'une juridiction et de quelques rentes dans les autres paroisses; enfin la chapelle de Saint-Samson, en Hénan-Bihan, faisait partie de cette commanderie.

--

1

On peut aussi remarquer qu'il y avait en Plurien la chapelle de Saint-Jean de l'Hôpital, en Pléboulle celle de Notre-Dame du Temple, en Hénan-Bihan, Pléneuf et Saint-Alban plusieurs villages nommés le Temple. On ne sait pas toutefois si ces localités dépendaient bien de la Caillibotière, parce que les hôpitaux de Port-Stablehon et de la Croix-Huis avaient des biens dans ces mêmes paroisses'. 10° Le membre de l'Hôpital de Plumaugat. Le nom de ce membre indique assez qu'originairement c'était une dépendance de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem: il est cependant mentionné dans la charte des Templiers de 1182 « elemosina de Ploemaga, probablement parce que l'Ordre du Temple avait lui-même quelques possessions dans la même paroisse de Plumaugat. En 1681, ce membre consistait en un moulin à eau avec étang, situés aux bords de la Rance, dans le bailliage de Plumaugat et en rentes dues par quelques hommes des paroisses de Plumaugat, Lanrelas et Eréac. C'était assurément bien peu de chose, mais la chapelle de Saint-Yves de Benain en Plumaugal, celle du Temple en Lanrelas, le moulin du Temple en Plumaugat et le clos de la Justice qui Bull. de l'Assoc. bret., IV, 201.

"

Port-Stabléhon, en Saint-Suliac (nunc Port-Saint-Jean) et la Croix-Huis en Pléboulle étaient des membres de la commanderie du Temple de Carentoir.

l'avoisinait, attestaient la primitive importance de ce fief entre les mains des moines chevaliers.

11o Le membre de Romillé. - Ancienne propriété des chevaliers do Temple, ce membre ne s'étendait pas dans moins de dix-neuf paroisses: Romillé, Hédé, Montfort, Langan, Meillac, Irodouer, Monterfil, Saint-Maugand, Saint-Gonlay, Pleumeleuc, Saint-Gilles, la Chapelle-Thouarault, Saint-Malon, Le Verger, Mordelles, Iffendic, Bréal, Talensac et Miniac-sous-Bécherel. Il semble avoir été composé de trois anciens Temples: Hédé, Romillé et Montfort signalés en ces termes dans la charte apocryphe de 1182 « Molendina de Haduc et Stagnum. Elemosina de Romillé et elemosina de Montfort. Mais en 1681, ce membre ne conservait plus guère qu'un vague souvenir de son antique importance; il renfermait seulement alors la métairie de la Metterie en Romillé, et les bailliages de Romillé, Langan, Miniac, Montfort, Irodouer et Hédé.

Nous n'avons pas de données sur ce qu'étaient à l'origine les membres de Romillé et de Hédé. La Metterie de Romillé, voisine d'un village appelé le Temple, n'était évidemment que la métairie de l'ancien manoir des Templiers, aliéné à une époque inconnue. La métairie de l'Hôpital d'Irodouer eut le même sort, car, en 1733, Guy Aubert, seigneur de Trégomain, la tenait du commandeur de la Guerche << à cause de son membre de Romillé ; » il déclara même devoir pour cette terre audit commandeur « une rente de 50 sols et une paire de gants garnis d'un filet d'argent, à la grand'messe du jour de Noël 2.

Les moulins et l'étang de Hédé furent également aliénés et les chevaliers n'y conservèrent qu'un fief «< ayant cours en la ville de Hédé et és forsbourg et forges d'icelle. » Il est expressément dit, en 1681, que les bailliages de Montfort et de Hédé faisaient partie du membre de Romillé; il nous reste donc à voir ce qu'était primitivement le Temple de Montfort.

(La fin prochainement.)

Bull. de l'Assoc. bret. VI. 24.

2 Archiv. dép. d'Ille-et-Vil. 3 H 3.

ABBÉ GUILLOTIN DE CORSON.

LES CAPUCINS DE L'ERMITAGE DE NANTES

1529-1880

VIII*

LE COUVENT DES CAPUCINS DE L'ERMITAGE ET LA RÉVOLUTION

1789 8 fructidor an III (9 septembre 1795).

La Commission des Réguliers n'avait pas causé tout le mal que l'on pouvait et devait craindre. Cependant, à partir de cette époque, le nombre des vocations religieuses diminua d'une manière notable, et les couvents se trouvèrent bientôt en grande partie dépeuplés. Le 28 octobre 1789, le couvent de l'Ermitage n'avait plus douze religieux, comme cent ans auparavant, mais seulement six, dont voici les noms :

PÈRES.

FOULON (Mathurin), en religion: EUSEBE de Paimpont, gardien. LE MÉHAUTÉ (Guillaume), en religion : PACIFIQUE de Corlay, définiteur.

MOUILLARD (Hyacinthe-René), en religion : DOSITHÉE de Lamballe, vicaire.

DE LA VICOMTÉ-CHAUCHART (Joseph-Hyacinthe-Céleste), en religion: FRANCOIS-MARIE de Saint-Malo.

* Voir la livraison de mai 1881, pp. 337-357.

« PreviousContinue »