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etc. La bibliothèque et les cellules des religieux sont au premier et au second étage. L'église, la chapelle de Saint-Antoine, le vestibule ou petite cour, la galerie ou cloître, le bâtiment proprement dit, et les escaliers de communication, mesurés par l'arpenteur donnent 11 cordes, 15 pieds; la corde étant de 24 pieds de roi.

Mais notre procès-verbal est dans l'erreur quand il nous dit que le premier jardin « joint » le cloître. Devant le cloître et le réfectoire se trouvait cette petite terrasse destinée à faire un jardin à fleurs et qui contenait 4 cordes et 4 pieds. Elle était bornée au nord par le cloître et le réfectoire, à l'est par le vestibule ou petite cour, à l'ouest par ce qu'on appelle ici le premier jardin, et au midi elle regardait la Loire. De cette petite terrasse, un escalier de quelques marches conduisait au premier jardin qui contenait 16 cordes, et au bout duquel était le petit bois avec ses cinq allées en terrasse, et une sixième allée transversale, à l'extrémité de laquelle, «< vers la rivière », était le logement du garçon du couvent. Ce petit bois mesurait 13 cordes. Enfin de la petite terrasse du cloître et du réfectoire, on descendait dans les deux jardins bas, qui renfermaient 29 cordes. Comme on le voit, par ce procès-verbal, ces deux jardins bas n'étaient pas complètement terminés le 29 mai 1688; il fallait encore y rapporter des terres. Aux deux extrémités du mur de clôture, du côté de la Loire, les Capucins avaient ouvert des portes donnant sur la rivière.

Ainsi, en tenant compte de la petite erreur que nous avons relevée, cette pièce nous donne parfaitement la description du terrain renfermé dans l'enclos de l'Ermitage. Si l'on s'étonne que le calcul total de l'arpentage donne 74 cordes, 3 pieds, tandis que le détail ne donne que 59 cordes, 19 pieds, nous répondrons que l'arpenteur avait compris dans le mesurage général le terrain qui se trouvait au bas de la muraille, du côté de la rivière, et que les religieux n'avaient pas renfermé dans leur enclos. Il devait y avoir fait entrer aussi le terrain existant entre la chapelle, le cloître, le bâtiment et

La différence de niveau, produite par la déclivité du terrain, exigeait nécessairement plusieurs escaliers de communication.

le mur du nord de l'enclos. Les constructions, en effet, ne s'élevaient pas sur le bord de la rabine et du chemin.

Le 29 mai 1688, à six heures du soir, l'arpentage prescrit par la Chambre des Comptes, pour bien fixer l'étendue de terrain dont le Roi avait prescrit l'amortissement, était terminé. Il ne restait plus à la Chambre qu'à enregistrer les lettres patentes de Louis XIV. Mais Julien de Nort, sieur du Perray, dont le différend de 1679 avec les Pères Capucins n'était pas terminé, fit opposition à cet enregistrement. Il prétendait que certaines expressions de ces lettres patentes pouvaient être préjudiciables à ses droits de seigneur de la Hautière. L'affaire fut appelée à la Chambre des Comptes, le 18 juin, le 21 juin, le 26 juin, le 3 et le 5 juillet. Enfin la Chambre passa outre à l'opposition du sieur du Perray, et elle rendit, le 16 Juillet 1688, l'arrêt suivant:

<< La Chambre a ordonné et ordonne que lesdites lettres patentes seront enregistrées, pour jouir les impétrans de l'effect d'icelles, suivant la volonté du Roy, à la charge que le terme de préclosture, employé auxdittes lettres, ne pourra nuire ni préjudicier audit de Nort.

<< Faict en la Chambre des Comptes de Nantes, le sixième juillet 1688. »

Comme toujours précédemment, les Capucins avaient eu gain de cause; ils avaient surmonté la violente tempête déchaînée contre eux. Ceux qui avaient voulu leur nuire se trouvèrent, en fin de compte, leur avoir rendu service. Grâce aux lettres patentes de Louis XIV, le couvent de l'Ermitage fut complètement et régulièrement organisé. Il quitta le nom d'hospice, pour prendre celui de couvent, et le Supérieur porta officiellement le titre de Gardien. L'Ermitage cessa de dépendre, pour le temporel, du Grand-couvent de la Fosse. Il eut son Père temporel spécial. La ville de Nantes, qui n'avait eu jusqu'alors qu'un seul couvent de Capucins, en deux maisons séparées, eut deux couvents de Capucins, complètement distincts et séparés, entièrement indépendants l'un de l'autre.

(A suivre.)

Fr. FLAVIEN, capucin.

NOTICES ET COMPTES RENDUS

FABLES, 2e édition, par F. Longuécand. Dinan, Bazouge, 1880.

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Nous ne croyons pouvoir mieux recommander ce nouveau livre qu'en en donnant ici la préface:

Ce volume se composera d'un choix de fables

revues et corrigées - tirées de mes trois recueils, publiés : Les Bluets, en 1853; Le Miroir, en 1855; La Cigale, en 1860, et d'un petit nombre d'inédites.

Il m'est tombé quelquefois sous les yeux de longues dissertations sur la fable, et j'avoue que je ne les ai jamais bien comprises. Tantôt le genre était usé et passé de mode, et tantôt il fallait tant d'ingrédients pour la fabrication d'une fable, que les rigoureuses lois du sonnet n'auraient été, en comparaison, qu'un jeu d'enfants.

La Fontaine

le maître du genre comprenait autrement et traitait avec plus de laisser-aller ce petit poème; voici ce qu'en dit Sainte-Beuve :

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« C'est dans le second recueil livres VI à XI que se trouve >> au complet la fable telle que l'a inventée La Fontaine. Il avait >> fini évidemment par y voir un cadre commode à pensées, à » sentiments, à causerie; le petit drame qui en fait le fond n'y » est plus toujours l'essentiel comme auparavant, la moralité du >> quatrain y vient au bout par un reste d'habitude : mais la fable, >> plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l'élégie et à » l'idylle, tantôt à l'épître et au conte; c'est une anecdote, une >> conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d'a> veux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse. »><

A raison où à tort, j'ai préféré l'exemple du bonhomme aux subtiles leçons. J'ai laissé à la fantaisie un libre cours, et mis un peu de tout dans mes fables. Il semblerait que j'ai eu raison : ces

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fables ont telles qu'elles trouvé bon accueil là où elles ont pu pénétrer ce qui ne veut pas dire dans un très grand cercle. Trouveront-elles aujourd'hui un nombreux public? Je n'ose l'espérer. Où sont les années paisibles chères à la Poésie et à l'Art? où sont les voix amies qui m'ont encouragé autrefois?

J'éprouve du moins une satisfaction en refeuilletant ces vieilles pages à part les imperfections de la formě, je n'ai à demander pardon pour aucune d'elles. Je puis répéter, après trente-cinq ans, ce que je disais dans mon premier volume, Espérance:

Non, non, je n'ai jamais, dans de lâches paroles,
Prodigué mon encens à d'abjectes idoles,
Aux genoux d'une infâme abjuré la pudeur,
Ou d'un rire effréné poursuivi la Foi sainte.

Mais voilà que je vante mon respect pour des choses qu'il est devenu de mode de peu respecter; le vent de la popularité souffle ailleurs je vais me brouiller avec la Sagesse du moment.

Malgré l'inattention à laquelle je m'attends pour ces poésies, je les ai travaillées de mon mieux : je ne regretterai, dans aucun cas, ce labeur qui n'est point une peine.

Heureuses les heures que l'on peut consacrer à des œuvres d'art, et pendant lesquelles on oublie au moins momentanément

les aridités du métier et les tristesses du temps.

M. JULES NOËL.

Nous apprenons la mort d'un peintre de talent, M. Jules Noël. Jules Noël était né à Quimper en 1815, et avait débuté au Salon en 1840. Il avait habité tour à tour Paris et Nantes, et les motifs qu'il reproduisait le plus souvent étaient des ports de mer ou des villages bretons et normands, tels que la Baie de Douarnenez, le Port de Brest, une Rue de Quimper, etc. Il a peint en 1858 la Réception de la Reine d'Angleterre à Cherbourg. Un de ses tableaux les plus remarquables est l'Arrivée de la diligence à Quimper sbus le Directoire.

Jules Noël avait une prodigieuse facilité.

L'Etat a acquis plusieurs de ses tableaux pour les musées de pro

vince; il a exécuté pour le ministère de l'intérieur, en 1845, une Rade de Brest.

M. Noël avait obtenu une médaille de 3e classe en 1853.

L'ABBÉ YVES MOELO

Nous empruntons à l'Océan l'intéressante notice qui suit :

Un saint vient de quitter celte terre ingrate: l'abbé Moëlo n'est plus ! Il s'est éteint dans cette maison des Frères de Quimper, qui lui fut si hospitalière et où il était entouré, depuis nombre d'années, de soins, d'attentions délicates, de respect et de vénération.

Nous l'avons vu étendu sur la couche funèbre, et la mort, dont la main glacée laisse une empreinte qui épouvante parfois et laisse presque toujours, du moins, une impression douloureuse, a gravé sur le front de ce prêtre vénéré la placidité qui lui était ordinaire et un sourire radieux.

C'est bien là la physionomie du bon serviteur qui a accompli sa tâche et qui se repose; c'est le voyageur qui est arrivé au terme de sa course; c'est le chrétien qui a combattu le vaillant combat et qui reçoit sa récompense.

Qui ne connaît l'abbé Moëlo? Aux uns, ce nom révèle tout un monde de poésie; à tous, il rappelle une vie de renoncement, d'abnégation et de charité.

Parlerons-nous de son enfance? Quelle vie, quel parfum, quelle fraîcheur, dans le tableau peint par Brizeux ! L'Ellé, le Scorf, le pont Kerlô, et ce coin béni d'Arzano, où tout est celtique : la langue, les mœurs, les costumes. «< Nulle part la lande n'est plus sauvage, le genêt plus vert, le blé noir plus vivace, le chêne plus solidement fixé dans un sol de granit. >>

Et après les leçons du vieux maître, voyez-vous cet essaim joyeux s'ébattant dans les prés? Yves Moêlo fut l'ami, le condisciple d'Albin, Daniel, Le Nir, et de ce petit Pierre Elô, « qui chante en écorchant son bâton de bouleau. »

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