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vous une situation aussi affreuse? ajouta Charles avec amertume. J'ai dû me déshonorer en apparence pour conserver l'honneur en réalité !....... Voilà ce que j'ai fait, monsieur; direz-vous encore que je suis un lâche ?...

M. de Rosieux ne répondit pas; deux larmes descendaient lentement sur ses joues. Il regardait Charles avec un mélange des sentiments les plus opposés; il ne pouvait s'empêcher d'admirer la beauté de son caractère et la noblesse de ses sentiments, tout en voyant en lui le meurtrier de son père ! Ce fut ce dernier sentiment qui l'emporta.

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Vous avez agi en homme d'honneur, dit-il enfin, j'en conviens; et dans le crime que vous avez commis et qui m'a privé d'un père, vous avez été encore plus malheureux que coupable. J'approuve donc la rupture de votre mariage, une telle union aurait été sacrilège; mais je ne puis oublier que sur votre main a rejailli le sang de l'infortuné vieillard dont je suis le fils... Une fatalité terrible nous sépare... Monsieur de Carestiemble, je ne pourrais plus supporter votre vue, nous ne devons donc plus nous revoir !...

Et M. de Rosieux, dont le visage assombri témoignait des sentiments d'amertume et de colère qui bouillonnaient dans son cœur, quitta l'appartement sans jeter un regard sur le malheureux Charles qui, abîmé dans son désespoir, semblait n'avoir même pas entendu les dernières paroles de M. de Rosieux...

Le retour de celui-ci à Saint-Aubin amena un nouveau deuil et une nouvelle douleur sous le toit, jadis si paisible, de Mme de Bégard. Louise, qui dans le secret de son cœur avait nourri peutêtre l'espoir de voir Charles revenir près d'elle, dut depuis ce moment abandonner toute espérance.

La splendide corbeille fut renvoyée à Mme de Carestiemble sans que la jeune fille en voulût rien conserver, malgré les instantes prières de la mère de Charles.

La pauvre enfant, en revêtant le deuil de son grand-père, comprit qu'elle prenait en même temps le deuil de son bonheur ici-bas!

Quant à Mme de Bégard, tout en pleurant la mort tragique de son malheureux père, dont au reste elle ne connut jamais les tristes circonstances, ne put s'empêcher de répandre aussi en secret quelques larmes sur son meurtrier !...

(A suivre).

Mme A. FABRY.

VARIA

TROP TARD!

Il fut peintre en naissant, comme un autre est poète; De sa vocation l'influence secrète

Le poursuivait partout, mais toujours sans profit: « J'ai de l'or, disait-il, et cela me suffit;

« J'irais me fatiguer la main et la pensée,

<< A quoi faire? De l'art !... O besogne insensée !... »
Mais le fou, c'était lui, qui se croisait les bras,
Jeune homme insouciant; lui, dont les doigts ingrats
Refusaient un pinceau donné par Dieu lui-même!
Il la comprit enfin, cette faveur suprême...
Trop tard !... Pour le génie il n'est qu'une saison :
Qui veut avoir le fruit soigne la floraison !

LES YEUX ET LA VOIX DE L'AME

Comme le corps, l'âme a des yeux :
Il n'est pas de nuits si profondes
Qui puissent lui cacher les cieux;
Elle voit au delà des mondes.
L'âge, en approchant du tombeau,
Des yeux du corps éteint la flamme:
Plus vieillissent les yeux de l'âme,
Et plus rayonne leur flambeau !

Aux yeux de l'âme qui médite,
A l'heure où la mort va venir,
Le vaste champ de l'avenir

S'ouvre, sans ombre et sans limite;
Du sort que la Divinité
Réserve aux enfants de la terre,
L'âme pénètre le mystère,

Sur le seuil de l'éternité !

Aussi, vers la source infinie,
Quand l'âme reprend son essor,
Gardons, comme on garde un trésor,
Les derniers mots de l'agonie.
Dans l'âme qui nous dit adieu
Parle la sagesse suprême :
L'âme, alors, n'est plus, elle-même,
Qu'un écho de la voix de Dieu !

UN ESPRIT FORT

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– Je suis sûr que tu crois à quelque chose?

Donc, tu ne crains pas Dieu ?

Bah!... Viens dîner chez moi...

mudio eri volio

- Et pourquoi, s'il te plaît ?

A rien !

Pas plus Dieu que le diable.

Je m'en garderai bien.
KWARTO DEL
Nous serions treise à table.

L'AMITIÉ

Oh! croyez moi des êtres et des choses
La Providence a toujours eu pitié ; 7
Comme elle a fait le soleil pour les roses,
Pour notre cœur elle a fait l'amitié.
Lorsqu'un nuage en grondant se déchire,
Et que l'ondée ouvre son réservoir,
Lorsque l'amour, mystérieux martyre,
Verse des pleurs qu'il craint de laisser voir,
C'est le soleil, dans les plaines fleuries,
Qui sèche l'eau dont la source est aux cieux,
C'est l'amitié, par ses lèvres chéries,
Qui de l'amour vient essuyer les yeux !

CONSEIL AUX JEUNES

Il faut polir les vers, et qu'ils aient la douceur A

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