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avoir lieu un concours entre tous les sonneurs de la contrée. Ce concours met en présence tous les amoureux de Gervaise, entre autres, le riche et vaniteux Jean-Claude, le pauvre et modeste Mériadec. Cette lutte de binious est fort joliment décrite. Mériadec l'emporte; victoire qui pense lui coûter la vie. Tout finit par la confusion, le repentir et le désistement de Jean-Claude. C'est Mériadec qui aura la jolie Gervaise, mais à la charge d'écouter jusqu'à la fin les histoires du beau-père : ouf! Après tout, Paris vaut bien une messe (mot prêté à Henri IV qui ne l'a point dit), et Mériadec a la ressource de dormir.

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Voulez-vous un type tout différent? Voyez dans Pâquette le portrait de sir John Richardson, le régisseur de la mine, «< personnage à l'air digne et d'une obésité recommandable, » favoris luxuriants de couleur ardente, encadrant une figure écarlate, col haut et droit serrant un menton rasé, une casquette de cachemire blanc sur le crâne; et, sous prétexte de chasse, s'en allant solitairement sous la feuillée faire sur l'herbe de plantureux déjeuners, où disparaissent rapidement, comme dans un gouffre, poulardes, pâtés, jambons, flacons blindés d'osier jusqu'au col, etc., etc.

-«Oh! cé était veritébeulment un påfait gentleman ce sir Richardson! »

Quant aux Impressions d'un cheveu, c'est une autobiographie des plus originales. Le héros nous fait d'abord connaître sa patrie :

« Je suis né sur une petite tête blonde et fraîche, et je puis dire que le commencement de mon existence a été entouré des plus tendres soins. Je faisais partie d'une boucle frisée, gaie et folâtre, comme le petit chérubin qui me portait et qui était venu du ciel pour faire le bonheur du plus charmant ménage que l'on ait rêvé. C'était plaisir de les voir tous trois, ne comptant pas ensemble, un demi-siècle, heureux de s'aimer et heureux de se le dire! »>

Il y a là une charmante peinture d'intérieur. Mais tout n'est en

1 S'il a été dit, c'est par Sully, resté protestant; dès lors, très naturel dans sa bouche; encore n'y a-t-il là qu'un bruit public, une rumeur rapportée en 1622 dans les Caquets de l'accouchée, Va journée, édit. elzévir. de 1855 p. 173.

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ce monde qu'heur et malheur. Au bout de quelques années, une affreuse catastrophe que nous n'osons raconter ici arrache le pauvre cheveu à son sol natal; le vent le roule à travers la cour d'un pensionnat maussade. Là, du moins, il rencontre un ami, « un > navet jeté au rebut dans un coin; il était bon, mais il n'était pas › beau; il avait eu, je crois, la petite vérole; je lui contai mes » peines (dit notre cheveu), il me narra son histoire, et nous nous épanchâmes dans le sein l'un de l'autre. » Ce navet n'était pas seulement grêlé, il était de plus philosophe, sa philosophie l'emporte même de beaucoup sur nombre de fiers systèmes qu'on pourrait nommer. Une bourrasque impitoyable sépare pour jamais les deux amis, et, après quantité de vicissitudes, notre héros, solidement implanté dans un tour de cheveux, vient couvrir le crâne pelé d'une vieille fille où, n'ayant rien de mieux à faire, il écrit ses mémoires. Lisez-les, vous en serez très satisfait, ainsi que de tout le volume, écrit d'un excellent style, plein d'humour, de grâce, de délicate poésie, en un mot pour revenir à une image qui plairait au digne sir Richardson, un morceau d'amateur.

ARTHUR DE LA BORDERIE.

M. DROUYN DE LHUYS

Les feuilles publiques annonçaient, il y a peu de jours, la mort d'un homme d'État qui fut une des gloires du Petit-Séminaire de Nantes. M. Drouyn de Lhuys y entra en octobre 1817. Son père était receveur général de la Vendée, et le Petit-Séminaire de Nantes jouissait d'une réputation qui s'étendait fort au delà des limites départementales. Les Angevins y étaient nombreux, les Vendéens aussi. Drouyn de Lhuys y fit sa cinquième sous l'abbé Richard qui a laissé de pieux et grands souvenirs à Chantenay et à Saint-Clé

ment.

Parmi ses camarades, je citerai Joseph de Boissard, un des rares survivants de cette époque et qui avait l'habitude d'être le premier de la classe 1, Adolphe de la Bourdonnaye, fils du célèbre député de la Restauration, et qui fut l'un des orateurs du Plaidoyer en 1822, l'Abbé Allegret, mort, bien jeune, professeur de philosophie au Grand-Séminaire, l'abbé Rouyer, depuis lors vicaire à SaintPierre, puis supérieur de l'Institut pratique, l'abbé Chernel, mort aumônier de Saint-Jacques, après avoir longtemps fait le bien comme vicaire de la cathédrale et aumônier des prisons, l'abbé Biré, curé de Saint-Molf, l'abbé Fleurance, longtemps curé de Saint-Géréon, Théodore Nau, l'habile architecte, Jacques Mazille, et, s'il m'est permis de me nommer, le signataire de cet article.

Drouyn prit immédiatement rang à notre tête; c'était à la fois un élève modèle et un excellent camarade. Malheureusement son séjour ne fut pas long parmi nous. Son père ayant été nommé receveur général de Seine-et-Marne dans le courant de 1819, Drouyn nous quitta pour aller continuer ses études au collège Louis-leGrand de Paris, et nous n'entendîmes plus parler de lui qu'à l'époque des distributions solennelles du grand Concours où son nom souvent proclamé était toujours applaudi. En 1823 même, ce fut lui qui remporta le prix d'honneur de rhétorique.

Quant à sa carrière politique, elle est trop connue pour que nous en parlions ici. Drouyn fit partie de l'opposition modérée sous le règne de Louis-Philippe, et il prit une part des plus actives au gouvernement sous l'empereur Napoléon III. Séparés de lui par l'opinion, nous ne pouvions néanmoins nous empêcher de rendre justice à l'élévation de son caractère et à la droiture de ses sentiments, droiture qui fut parfois trompée. Son désir du bien, d'ailleurs, était tel qu'on pouvait compter sur son concours pour toutes les œuvres utiles ou charitables. Pendant de longues années, il fut président de la Société des Agriculteurs de France; il présida égale

1 M. le vicomte de Boissard habite Angers et Savenniéres où il est le patron de toutes les bonnes œuvres.

ment le Conseil d'administration de l'Institut argicole fondé par les Frères de la Doctrine chrétienne à Beauvais.

Personne, enfin, plus que lui n'eut une qualité assez rare chez les hommes parvenus à de hauts emplois, je veux dire une mémoire fidèle. Ambassadeur, ministre, grand-croix de la plupart des ordres de France ou d'Europe, entendait-il, par hasard, prononcer un nom qui lui rappelait, après vingt, quarante, cinquante ans, le Séminaire de Nantes, il interrogeait, questionnait et ne laissait point passer ce nom, sans un affectueux souvenir. Etant venu dans notre ville, il y a vingt et quelques années, il voulut revoir les lieux où s'étaient écoulés quelques-uns des jours de son enfance, et son vieux maître s'étant trouvé sous le poids d'une lourde charge, une église encore en construction et plus d'argent, il lui obtint un secours de l'État. - «Mon cher collègue, dit-il au Ministre des cultes, en lui présentant l'abbé Richard, voilà un bon prêtre auquel je dois les plus beaux moments de ma vie. »

EUGÈNE DE LA GOURNERIE.

BIBLIOGRAPHIE BRETONNE ET VENDÉENNE

ACADÉMIE (L') ROYALE DE MARINE, DE 1771 A 1774; par Alf. Doneaud du Plan, prof. à l'Ecole navale. 3e partie. In-8°, 117 p. lib. Berger-Levrault.

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EXPOSÉ DES TRAVAUX DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE NANTES PENDANT L'ANNÉE 1879. In-4o, 174 p. Nantes, imp. Vincent Forest et Emile Grimaud. INTRODUCTION A LA MÉTHODE DES QUATERNIONS; par C. A. Laisant, député, docteur ès sciences. In-8°, xx-242 p. Paris, lib. GauthierVillars...

6 fr. MA POLITIQUE. GERBE DE SONNETS, par Perrin de Kerlovarec. In-12 24 p. Paris, Société générale de librairie catholique, rue des SaintsPères, 76.

PIERRE BRISSOT, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE A LA SORBONNE, puis professeur à la Faculté de médecine de Paris, par C. Merland. In-8°, 40 p. Nantes imp. Vve Mellinet.

Extrait des Annales de la Société académique de Nantes.

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OU COURONS-NOUS? Méditations sur le temps actuel; par E. du Laurens de la Barre. - In-12, 36 p. Paris, lib. Dillet

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0 fr. 60

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