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là sont suffisamment caractéristiques et je pourrais ajouter qu'on chercherait vainement l'indication des monographies d'histoire littéraire, concernant nos principaux écrivains, en particulier ceux de l'Académie, Duclos, Maupertuis, Boisgelin, Châteaubriant, Bigot de Préameneu, Alexandre Duval, de Quélen, Jules Simon, Renan etc. Il n'est guère fait d'exception que pour le plus inconnu d'entre, eux, J.-J. Renouard de Villayer, que j'ai eu l'honneur de tirer de son obscurité en 1876.

Si nous passons aux lacunes concernant les œuvres d'auteurs dont les noms sont cités, nous en constatons d'aussi importantes. Je prends au hasard par ordre alphabétique:

De Carné, dont on oublie les Souvenirs historiques et l'étude sur le cardinal de Boisgelin.

Couffon de Kerdellec, dont on ne cite pas les deux gros volumes sur la Chevalerie de Bretagne.

Du Bouëtiez, dont on omet l'intéressante Généalogie historique de la famille du même nom.

Émile Grimaud, dont on ne soupçonne pas les Fleurs de Bretagne. Huguet, dont on ne cite que les recherches sur les causes (et non les contes) qui ont amené l'émigration des Bretons en Armorique. Jégou, dont on oublie les trois séries d'Annales Lorientaises, qui ont suivi l'histoire de la Fondation de Lorient et dont nous avons rendu compte ici-même. On ne le cite pas comme auteur de l'ouvrage intitulé Le Faouëdic-Lisivy, qui reste anonyme.

Kerviler, (qu'on me pardonne cette remarque personnelle, mais une bibliographie générale ne doit rien omettre et n'a pas le droit de choisir) dont on ne cite pas la Bretagne à l'Académie française, pourtant couronnée par l'Académie française en 1877 et honorée d'une seconde édition en 1879, ni l'Esquisse d'une bibliothèque historique de la Bretagne, ni la polémique sur le chronomètre préhistorique de Saint-Nazaire, qui a donné lieu à une dizaine de brochures.

De la Borderie, dont on passe sous silence les importants ouvrages sur Maillard et sur Noël du Fail, deux Bretons.

Jules de la Gournerie, dont on oublie les titres de membre de l'Académie des sciences et d'inspecteur général des ponts et chaussées, et les travaux sur les chemins de fer de la Loire-Inférieure.

Gaultier du Mottay, qu'on nous avait promis à l'article Mottay par un renvoi de la série des G, et qu'on a complètement oublié aux M, en sorte que nous ne trouvons ni sa Géographie des Côtes-du-Nord, ni son excellent mémoire sur les Voies romaines de ce département.

Parenteau, dont on omet l'important Répertoire archéologique. Téphany, dont on ne cite pas le dernier volume sur la Persécution religieuse dans le diocèse de Quimper, etc., etc.

Mais il faut nous arrêter, car on nous mesure la place. En revanche, si les lacunes sont nombreuses, les erreurs sont assez rares, et je me bornerai à signaler ici l'attribution à Hay du Chastelet, le père, (né en 1592) de l'Histoire de Du Guesclin, publiée en 1666, trente ans après sa mort. M. Hauréau, dans l'Histoire Littéraire du Maine, et moi, dans la Bretagne à l'Académie française, nous avons démontré, plus que suffisamment, que cet ouvrage appartient au fils de l'académicien, nommé Paul, comme lui. Je pourrais dire aussi, qu'un certain Bandoulier donné comme auteur d'une histoire du temps de Pierre de Dreux n'est pas autre chose que le nom d'un roman anonyme de M. Ducrest de Villeneuve; mais j'ai hâte d'arriver à la seconde partie du livre : à la Liste des principales revues scientifiques, historiques et littéraires publiées en Bretagne. L'idée est bonne ici encore il était facile d'être plus complet. A côté des Annuaires de Brest, du Morbihan, de Fougères, des Côtes-duNord, et de Dinan, celui-ci complété par les Etrennes Dinannaises, il eût fallu citer les Etrennes Nantaises qui ont plus de cent ans de date, et les nombreux Annuaires de Nantes. Il eût suffi pour cela d'ouvrir l'excellent catalogue de M. Péhant, qu'on regrette de ne pas voir cité dans la préface parmi ceux qui ont publié des travaux sur la bibliographie bretonne. Les Annuaires de Lorient sont également oubliés, du moins les annuaires contemporains, car ceux du premier empire sont rejetés dans la partie des auteurs, à l'article SaintHaouen. Je ne trouve pas non plus Nantes-Lyrique, ni les Annales

de la Société académique de Nantes, la plus ancienne de Bretagne après celle de Brest ni celles de la Société industrielle,ni la Revue de jurisprudence commerciale, ni les annales des Sociétés d'horticulture, ni un grand nombre d'autres revues citées par M. Péhant et la plupart actuellement vivantes. Mais ce qui eût été surtout désirable, c'est, à côté de cette liste, une bibliographie de tous les journaux publiés en Bretagne. On n'écrira pas l'histoire sans les consulter, et je ne cache pas que leur bibliographie est le plus difficile chapitre à traiter de tous ceux de la Bibliographie Bretonne. Je le sais par expérience, car on n'en conserve d'exemplaires, dans la plupart de nos villes, ni dans les mairies, ni dans les sous-préfectures, ni dans les parquets.

En terminant, je supplie mes lecteurs de ne pas me trouver trop sévère si je leur ai signalé toutes ces lacunes et tous ces désiderata. J'aurais pu demander encore l'indication des documents parlementaires concernant la Bretagne, et de bien d'autres chapitres intéressants, lettres pastorales d'évêques, listes et documents sur les Etats, etc.., Mais je n'ai pas la prétention de renouveler ici le programme que j'ai publié en 1875. Je leur recommande donc de grand cœur l'ouvrage de M. Sacher, parce qu'ils y trouveront beaucoup de choses intéressantes: mais s'ils éprouvent quelques déceptions dans leurs recherches, ils comprendront de quelle difficulté est une pareille entreprise, et en attendant l'érection complète du monument, ils remercieront M. Sacher de leur avoir découvert les premières assises de ses fondations.

RENÉ KERVILER.

LE ROMAN DE PAQUETTE, par M. Loïc PETIT.

Lecoffre, un vol. in-12.

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Voici un aimable livre et dont il fait bon parler dans la saison présente, quand le printemps nous lance ses plus beaux sourires, quand le soleil, séchant les pluies maussades qui avaient noyé lá terre sous leurs larmes, l'inonde'de sa jeune et fraîche lumière.

Il y a dans ce livre une fraîcheur et un souffle printaniers. En nous contant ses histoires rustiques (car il y en a quatre ou cinq), l'auteur nous promène parmi les plus jolis paysages bretons et les meilleurs sentiments du cœur humain; chemin faisant, il nous exhibe les têtes d'une série d'originaux curieux et amusants. Le tout (si Trompette daigne nous permettre cette métaphore !) le tout fait un ragoût fort agréable; il y a des morceaux très délicats, auxquels on revient volontiers.

Pâquette est une orpheline abandonnée dans un champ par la misère, recueillie par la charité, dépouillée par l'astuce, n'ayant pour vivre que son salaire de trilleuse à la mine de Pontpéan, et qui, trouvant sur sa route quelques bons cœurs capables d'apprécier le sien, finit par conquérir un bonheur vrai et modeste, dont son âme est comblée.

Ne cherchez lå ni revendications humanitaires, ni rêveries sentimentales, ni pieuses divagations; mais des caractères vrais, des sentiments simples et naturels, dont le développement est sobrement indiqué, les personnages étant de ceux qui agissent plus qu'ils ne parlent.

Le paysage est traité avec amour; mais pourquoi l'auteur n'y a-t-il pas mis les vrais noms? cela ne lui aurait donné que plus de valeur. Nous ne sommes point tenus à une pareille discrétion. Nous avons déjà dit que la mine où travaille Pâquette, où se passe la plus grande partie de l'action, mine d'étain argentifère décrite dessus et dessous avec une exactitude si pittoresque, est celle de Pontpéan, à trois lieues dans le sud de Rennes, au bord de la Seiche. Le château de Montmorin, dont l'auteur a peint la décadence si verte, si riche de tons, si riante d'ombre et de lumière, c'est Carcé et son moulin, sur la même rivière. La foire de SaintSamson, avec ses charlatans, ses parades, ses petites boutiques, ses orchestres forains, ses restaurants en plein air, ses mille épisodes, ses mille rumeurs, c'est la photographie de la foire Saint-Michel au bourg de Laillé. La forêt est aussi celle de Laillé, à une lieue de la mine. Roche-l'Abeille est la métairie de Pan, en Bruz, au bord

de la Seiche; -Mérolle, un autre village à une demi-lieue de la mine, auquel l'auteur a conservé son vrai nom.

Nous donnons toute cette géographie, parce qu'on décrit rarement les paysages de Haute-Bretagne; Pâquette prouve vraiment qu'on grand tort.

Pour connaître et priser la Haute-Bretagne, l'auteur n'ignore ni ne néglige la Basse. Quiconque a parcouru la gazouillante et ombreuse vallée du Leguer, de Lannion à Tonquédec et de Tonquédec à Kergrist, la retrouve dès les premières lignes du Moulin de Keriguel, la seconde des nouvelles du volume. De même dans la troisième nouvelle (les Cornemuseux), pour la vallée du Huelgoët et l'admirable sentier sous bois de la mine de Poullaouen. De même encore pour le cap Fréhel, dans la quatrième, intitulée : Par ma fenêtre.

Ce n'est pas à dire que l'auteur voie par sa fenêtre la gigantesque muraille du cap Fréhel, car la fenêtre où il est en observation se trouve sise, si nous ne nous trompons, quelque part sous la latitude de la rue de la Visitation à Rennes. Mais de là, il voit dans sa cour se promener gravement «< un personnage boutonné jusqu'au col dans « son pardessus gris-perle, » qui n'est autre qu'un natif du cap Fréhel, un philosophe encore, s'il vous plaît, et d'un bon type, avec lequel je vous conseille de faire connaissance. Vous m'en direz des nouvelles.

En fait de types, il y en a d'autres, des plus curieux, des mieux observés, par exemple, le père Gautier, le vieux meunier de Keriguel, qui se jette par la fenêtre dans la rivière, au milieu d'une nuit d'hiver, pour sauver son trésor.... que nul ne menace; et cet excellent père Blanchet, le gros fermier de Daoulas, qui, le jour du pardon, commence cent histoires, sans jamais pouvoir en finir une, toujours arrêté par quelque difficulté chronologique, à la faveur de laquelle ses auditeurs, tout doucement, prennent congé de lui. Mélomane enragé, grand amateur de biniou, il s'est mis en tête de réserver la main de sa fille, la gentille Gervaise, pour le meilleur cornemuseux du pays. Justement, à ce pardon de Daoulas, doit

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