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Les sections de la Croix-Rouge et de la Place-Royale déposent le montant de leurs souscriptions pour les fédérés.

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N..... annonce que les fédérés ont pris l'arrêté de cerner le château des Tuileries jusqu'à ce que l'assemblée nationale ait décidé la question de la déchéance.

N... Il est impossible que MM. les fédérés aient pris cet arrêté; car il est impossible qu'ils l'exécutent sans violer la loi, qui défend tous rassemblemens armés excepté ceux de la force publique. Je crois donc qu'il y a erreur. ›

Un de MM. les commissaires des fédérés explique qu'il y a eu erreur dans ce qu'on vient de dire. Ils ont bien pris l'arrêté de surveiller le château, mais c'est en se rangeant chacun dans les bataillons respectifs des sections dans lesquelles ils sont logés, et beaucoup sont incorporés dans les bataillons du faubourg Saint-Antoine.

On annonce que la section du Marché des Innocens, qui envoie une offrande pour les fédérés, a arrêté de nommer des commissaires pour faire une collecte à leur profit.

Un fédéré déclare que l'un de ses camarades lui a assuré qu'il était entré dans le château plus de trois mille Suisses cette nuit.

Un de MM. les secrétaires communique deux lettres; l'une de Toulon, en date du 28, l'autre de Perthuis, datée du 25: elles annoncent que dans ces deux villes, une insurrection populaire, causée par les attaques des aristocrates, a fait justice de quelques-uns d'eux. A Toulon, quatre ont été pendus, parmi lesquels se trouvent le président et le procureur-syndic du département.

M. Antoine. Dimanche dernier, le vœu de mes concitoyens m'a appelé à la place pénible et dangereuse de maire de la ville de Metz... Le directoire, après avoir eu le crédit de faire faire un libelle diffamatoire contre moi, a engagé un juge de paix à m'adresser un mandat d'arrêt... L'assemblée nationale a pris ma cause en considération. »

M. Barbaroux communique à la société une adresse aux ci

toyens de Paris par la municipalité de Marseille, et une pétition signée par les négocians présens à la foire de Beaucaire, qui demandent la déchéance du roi. — L'impression, l'envoi et l'affiche de cette dernière pièce sont arrêtées.

M. Robespierre. L'attention que nous donnons ici à la discussion des mesures générales propres à sauver l'État, ne doit pas empêcher qu'on ne prenne les précautions nécessaires pour déjouer les conspirations les plus prochaines. Il en est une qui, depuis quelque temps, ne paraît qu'ajournée, c'est le départ du roi. Des témoins qui sont autour de moi attestent qu'ils ont vu dans la cour des Tuileries une armée de Suisses, qu'on les a fait boire largement, qu'on leur a distribué à chacun quinze cartouches, en leur disant que ce n'était que pour repousser ceux qui pourraient les attaquer.

> Toutes ces mesures annoncent une conspiration prochaine, contre laquelle il faut employer autant d'énergie que de prudence.

› Il est quelques bons citoyens qui regardent ce départ, s'il avait lieu, comme une chose assez indifférente: je crains même que cette opinion ne soit celle de plusieurs députés. Quant à moi, je ne puis partager cette opinion et je crois qu'il est important, sinon au salut public, au moins à la conservation de beaucoup "d'individus.

> Le fait du départ du roi me paraît certain; si ce n'est pas pour aujourd'hui, ce sera pour demain. Je conclus donc à ce que deux choses étant indispensablement nécessaires: l'une d'empêcher que le roi ne parte, l'autre de veiller à ce qu'il ne lui arrive aucun mal, ni à aucun individu de sa famille. Il est du devoir de tout bon citoyen, de tout vrai patriote, de toutes les autorités constituées de veiller et de surveiller le château. »

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N..... Étant logé dans la rue Mauconseil, j'ai vu cette nuit, à onze heures trois quarts, défiler un régiment sans tambour et avec des canons; vraisemblablement ils allaient au château. »

N..... Les Marseillais ont quitté cette nuit leur caserne pour

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venir occuper celle des Cordeliers. Il est vraisemblable que ce sont eux que le préopinant a vus passer. »

N... « Les soldats que j'ai vus étaient habillés en blanc; ce n'étaient donc pas les Marseillais. ›

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M. Beaumier fait de nouvelles observations sur l'utilité dont il est de conserver le roi au milieu de nous, et communique l'arrêté suivant qu'il propose à toutes les sections dans la circonstance actuelle.

La commune de Paris, considérant que l'art. VIII de la déclaration du prince de Brunswich contient des menaces désastreuses contre la ville de Paris en particulier, etc., arrête ce qui

suit:

> 1° Qu'il sera adressé une pétition au corps législatif pour lui demander de décréter, comme mesure de précaution et de sûreté générale, l'otage de Louis XVI et de la famille royale.

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› 2° Que, vu l'urgence du péril, la commune de Paris emploiera, provisoirement et sans délai, tous les moyens qui sont en sa puissance pour empêcher l'évasion du roi et de sa famille. >

M. Antoine. Sans doute, messieurs, parmi les mesures à prendre qui vous ont été présentées, celle de vous rendre à vos sections, où chacun de vous pourra délibérer utilement, est une des plus pressantes. Je fais donc la motion de lever la séance et que chacun se retire dans ses sections. »

Aussitôt cette motion faite, M. Antoine sort de l'assemblée ; il est suivi d'un très-grand nombre de membres.

M. Merlin demande que, si la société juge à propos d'interrompre sa séance, elle forme au moins un comité qui soit permanent, et auquel on pourra apporter tous les renseignemens auxquels les circonstances pourraient donner lieu.

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M. Réal. ‹ Puisque le roi doit partir, je crois important de nous occuper de ce qui a trait au départ du roi. Si, comme on vous l'a dit, il y a 3,600 Suisses dans le château, il faut qu'il y ait 1,200 personnes vêtues en suisses; car, ce régiment, porté au complet, n'est que de 2,400 hommes: mais, en outre, il n'est pas au com

plet, et, d'après les renseignemens certains que je me suis procurés, en défalquant les malades, il n'y a d'effectif que douze à treize cents hommes. Le surplus de ce qui porte l'uniforme suisse sont, sans doute, les gardes du roi, qui sont toujours stationnaires à l'École militaire; il serait donc très-important, je crois, de jeter les yeux sur ces rassemblemens, et la première demande faite par les sections de Paris, c'est que le maire ou la police s'occupassent, dans la journée, du désarmement réel de l'École militaire, et la seconde, que l'assemblée nationale s'occupât du départ des Suisses hors de Paris. »

-Les fédérés marseillais, réunis à une troupe de canonniers de Paris, défilent dans la salle au milieu des acclamations de l'assemblée et des citoyens des tribunes.

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N.... Rien de plus certain, messieurs, qu'il ne s'ourdisse une trame contre les patriotes. M. Petit-Bois, député de la ville de Rennes, et qui tenait un assez grand train, a renvoyé ses domestiques, vendu ses chevaux et ses malles sont faites pour partir, Beaucoup d'autres députés du même bord font les mêmes dispositions. Leur projet semble être de faire en sorte que, jeudi prochain, jour de la grande discussion, l'assemblée nationale ne se trouvant pas assez nombreuse, ne puisse pas être compétente. ›

M. Duhem. « Il y a long-temps que l'assemblée nationale est instruite que les députés se disposent à partir; mais, sur cela, je pense que nous devons passer à l'ordre du jour et leur souhaiter un bon voyage, parce qu'il restera toujours un assez grand nombre de bons députés pour sauver la patrie. »

M. Bourdon de la Crosnière reproduit la motion faite d'établir un comité permanent, et annonce que la section des Gravilliers a arrêté que cent de ses citoyens formeront une patrouille toutes les nuits autour du château, de sorte que si les autres sections en font autant, il se trouvera cerné par une armée de 4,800 hommes. Il demande que chaque citoyen communique cet arrêté à sa Section.

On applaudit à cet arrêté, et on passe à l'ordre du jour sur la motion du comité permanent.

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Les citoyens qui ont signé, sur l'autel de la patrie, une pétition qu'ils se disposent à porter à l'assemblé nationale, sont admis à lire leur pétition.

M. Chabot. Depuis trop long-temps le peuple français fait la guerre au despotisme avec des armes que le despotisme détruit. Il fait la guerre par des pétitions et ce sont des coups qu'il faut porter.

› Il est un grand mot que je crois devoir vous dire : vous demandez la déchéance; eh bien! la déchéance n'est pas dans la Constitution. La Constitution veut que le roi soit censé avoir abdiqué. Or, sur ce point, ce n'est point l'assemblée nationale seule, ce sont tous les citoyens qui sont juges de la question de savoir si le roi est censé avoir abdiqué...

» Quelque forme que l'assemblée nationale emploie, elle vous donnera toujours un roi, un régent, et, de tout cela, le meilleur n'en vaut rien.

Ainsi, plus de pétition : que les Parisiens envoient leur adresse à toutes les communes, à toutes les sociétés populaires ; qu'elle revienne couverte de signatures et, avant un mois, vous aurez le vœu unanime des Français. Alors vous direz à ceux qui sont enLichés d'un roi, qu'ils passent à Coblentz et nous les combattrons

ouvertement. »

M. Merlin. Plus d'adresses, plus de pétitions! il faut que les Français s'appuient sur leurs armes, leurs canons et qu'ils fassent la loi ! »

La séance est levée.

Aspect de Paris, dimanche 5 août.

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On peut déjà, d'après ce que nous avons vu, juger de l'émotion qui régnait dans les quartiers qui avoisinent les Tuileries. Le long cortége des députés des sections stationnant dans le voisinage de l'assemblée nationale, la promenade armée des canonniers et des Marseillais, tout manifestait de l'agitation dans la ville. En même temps, des réunions tumultueuses continuaient

T. XVI.

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