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l'hommage éternel de la postérité à ceux qui auront le courage d'en annoncer et d'en donner l'exemple. >

Le maréchal LUCKNER.

L'assemblée ordonna l'impression de cette lettre, et la renvoya avec les autres pièces de cette affaire, à la commission extraordinaire.

Enfin, à la séance du 31, on fit lecture d'une déclaration de M. Hérault (de Séchelles ) ainsi conçue :

M. Lasource m'ayant cité comme un des députés en présence desquels avait été tenu par M. le maréchal Luckner le propos qui a été dénoncé à l'assemblée, mon respect pour la vérité m'oblige de déclarer avec précision ce que j'ai entendu. Je ne prétends point révoquer en doute le propos rapporté par M. Lasource; la difficulté qu'a M. Luckner de se faire entendre en français, a pu me faire échapper quelques-unes de ses expressions. Mais voici ce que j'affirme avoir entendu de sa bouche: • La Fayette m'a envoyé Bureau-Puzy, qui m'a fait de sa part des propositions horribles. ›

Telles furent les pièces sur lesquelles la législative fut appelée à juger le procès intenté par la presse au général La Fayette. Nous les avons recueillies avec le soin que méritait cette grande renommée de notre siècle, qui, deux fois, en 1790 et en 1830, a tenu le sort de la France en ses mains. Mais nos renseignemens seraient incomplets si nous n'ajoutions ici l'opinion de ses adversaires sur la justification que nous venons de lire. Nous ne trouvons, il est vrai, dans les journaux que des mots épars; mais ils sont jetés à l'occasion de chacune des phrases de la défense, et ils montrent clairement que les négations de Bureau-Puzy, celles de Luckner, celles de La Fayette, n'avaient eu aucune influence sur l'opinion. Bureau-Puzy, disait-on, n'était pas un témoin impartial mais un complice. Tous les détails militaires qu'il donnait ne justifiaient nullement la nécessité de ses voyages d'un quartier général à l'autre. Il ne s'agissait que des questions stratégiques les plus simples, de celles que l'on traite ordinairement par lettres.

Il avait d'ailleurs avoué avoir fait part à Luckner du projet de La Fayette de se rendre à Paris. Il était difficile de croire que la conversation eût été arrêtée à cette seule communication. Quant à Luckner, entouré comme il l'était, il pouvait croire de son honneur de se taire sur une communication toute confidentielle, surtout lorsque le mot qu'on lui demandait pouvait perdre un de ses collègues; il avait pu laisser échapper, dans la vivacité de la conversation, un aveu, que de sang-froid ses préjugés militaires ne lui permettaient pas de confirmer. D'ailleurs, disait le Patriote Français, sa lettre était écrite en français: c'était la meilleure preuve qu'elle n'était pas de lui. Enfin, quant à la communication du ministre sur la marche de l'armée, on disait que c'était des mouvemens antérieurs au 23 qu'il eût fallu entretenir l'assemblée.

L'affaire du général La Fayette resta en suspens jusqu'au 8 août. Le comité des douze, par l'organe de Jean Debry, proposa la mise en accusation; elle fut rejetée à une majorité de quatre cent six voix contre deux cent vingt-quatre. Nous donne`rons à sa date les détails de cette séance, dont le résultat certai→ nement ne fut pas sans influence sur l'insurrection du 10 août.

Pour donner à nos lecteurs les derniers renseignemens sur ce grand procès, voici deux lettres écrites au maréchal Luckner de la propre main du roi, qui furent imprimées et répandues à profusion dans l'armée.

Du 30 juin. — J'ai reçu avec plaisir, monsieur le maréchal, le compte que vous m'avez rendu de l'état des troupes et de leurs dispositions. Je vous charge d'exprimer aux officiers, sous-officiers et soldats, ma sensibilité pour les marques d'intérêt et d'attachement qu'ils m'ont données dans cette circonstance. Ditesleur que mon parti est pris ; que je n'en changerai point; que je suis prêt à périr avec eux pour soutenir la liberté et l'indépendance de notre pays : je ne doute pas qu'ils partagent mes sentimens. Pour vous, monsieur le maréchal, vous avez donné trop de preuves de votre attachement à la Constitution pour que vous ne désiriez pas de voir rétablir dans le royaume l'ordre public ́et

le règne des lois. Berthier. >

Même date.

Signé Louis. Pour copie conforme, Alex.

J'apprends, monsieur, que plusieurs officiers et autres employés dans votre armée veulent donner leur démission. Dans les circonstances où nous sommes, vous vous servirez sans doute de l'autorité que votre conduite et vos principes vous donnent sur eux, pour leur représenter combien une telle démarche serait funeste à la chose publique; leur attachement pour moi devient une raison plus pressante qui doit les engager à rester au service et à me seconder dans la résolution inébranlable où je suis de défendre notre pays contre tous ses ennemis. Signé Louis. Pour copie conforme, Alex. Berthier. » Extrait littéralement du Patriote Français, n. MLXVI.)

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Elle eut lieu, à Paris, le dimanche 22 juillet. On observa le cérémonial décrit dans une proclamation de la municipalité, affichée la veille sur les murs de la ville, et que nous insérons ici : Municipalité de Paris. — Le jeudi 19 juillet 1792, l'an IV de la liberté.

Le conseil général, après avoir entendu le premier substitutadjoint du procureur de la commune,

Arrête que l'acte du corps législatif, du 11 de ce mois, qui déclare que la patrie est en danger, sera proclamé dimanche et lundi, 22 et 23 juillet, par les officiers municipaux et notables; que les mêmes jours il sera fait un enrôlement public et solennel des citoyens qui s'offriront pour voler aux frontières.

Le conseil général adopte le projet de proclamation et d'eprôlement présenté par M. Sergent, en exécution de l'arrêté pris dans sa dernière séance :

Ordonne que ce projet sera transcrit sur ses registres, imprimé et affiché avec le présent arrêté, mis à l'ordre et renvoyé aux quarante-huit sections,

LOHIER, doyen d'âge, présid.; DARRIEUX, secrét.-gref.-adjoint,

Cérémonial qui sera observé dimanche et lundi, 22 et 23 juillet présent mois, pour la proclamation de l'acte du corps législatif qui déclare le danger de la patrie, et pour l'enrôlement civique des citoyens qui se dévouent à sa défense.

PROCLAMATION.

A sept heures du matin, le conseil général s'assemblera à la maison commune.

Les six légions de la garde nationale de Paris se réuniront par détachemens, à six heures du matin, avec leurs drapeaux, sur la place de Grève.

Le canon d'alarme du parc d'artillerie du Pont-Neuf tirera une salve de trois coups à six heures du matin, pour annoncer la proclamation, et continuera d'heure en heure la même décharge jusqu'à sept heures du soir. Pareilles salves seront faites par une pièce de canon à l'Arsenal.

Un rappel battu dans tous les quartiers de la ville, rassemblera en armes les citoyens dans leurs postes respectifs.

A huit heures précises, les deux cortéges se mettront en marche dans l'ordre suivant;

; Détachement de cavalerie avec trompettes, sapeurs, tambours, musique, détachement de la garde nationale, six pièces de canon, trompettes.

Quatre huissiers de la municipalité, à cheval, portant chacun une enseigne à laquelle sera suspendue une chaîne de couronnes civiques, chacune ayant une de ces inscriptions: Liberté, Égalilé, Constitution, Patrie; au-dessous, ceux-ci, Publicité, Responsabilité; ces quatre enseignes seront habituellement portées dorénavant dans toutes les cérémonies où assistera la municipalité.

Douze officiers municipaux revêtus de leurs écharpes, des notables, membres du conseil, tous à cheval.

Un garde national à cheval, portant une grande bannière tricolore, sur laquelle seront écrits ces mots : citoyens, la patrie est en danger.

Six pièces de canon, deuxième détachement de garde nationale, détachement de cavalerie.

Ces deux marches seront composées dans le même ordre, sur la place de Grève, et partiront au même moment chacune pour leur division.

A chacune des places désignées pour la proclamation, le cortége fera halte; un de ceux qui le composeront donnera au peuple un signal de silence, en agitant une banderolle tricolore; il se fera un roulement de tambour; au dernier signal, les roulemens cesseront, et un officier municipal, à la tête de ses collègues, lira à haute voix l'acte du corps législatif, qui annonce que la patrie est en danger.

Les cortéges rentreront dans le même ordre à la Grève. Les deux bannières où sera inscrite la proclamation de la patrie en danger, seront placées, l'une au haut de la maison commune, l'autre au parc de l'artillerie établie au Pont-Neuf, et elles y resteront jusqu'à ce que l'assemblée nationale ait déclaré que la patrie n'est plus en danger.

Pendant la marche, la musique n'exécutera que des airs majestueux et sévères.

Enrôlement civique.

Il sera dressé dans plusieurs places des amphithéâtres, sur lesquels seront placées des tentes ornées de banderolles tricolores et de couronnes de chêne; sur le devant de l'amphithéâtre, une table posée sur deux caisses de tambours servira de bureau pour recevoir et inscrire les noms des citoyens qui se présenteront. Trois officiers municipaux assistés de six notables, placés sur cet amphithéâtre, délivreront aux citoyens inscrits le certificat de leur enrôlement : à côté d'eux, seront placés les drapeaux des bataillons de l'arrondissement, gardés par des gardes nationales.

Devant l'amphithéâtre, il sera formé un grand cercle par des volontaires, lequel renfermera deux pièces de canon et de la musique.

Les citoyens inscrits descendront ensuite se placer au centre

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