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ceux qui feroient dans le fentiment erroné qu'elle feroit foumife a quelque perquifition & decifion des tribunaux.

C'est une maxime conftante & univer fellement recüe par tous ceux qui poffedent & connoiffent les preéminences d'une Souveraineté, que le plus beau fleuron, eft la Jurifdiction fupreme & eminente d'une independance absoluë, & qui ne peut ni ne doit reconnoitre perfonne qui en puiffe decider, c'est la prerogative & attribut infeparable des Souverainetés de quelle étenduë, grande, ou petite, qu'elles puiffent être.

L'évidence de la Souveraineté d'Orange paroit certaine par les preuves tirées des archives, des documens & actes publics, & auffi de l'hiftoire compofée par les autheurs les plus celebres de la France, comme auffi on établit cette verité par des Confirmations & Declarations reiterées des Rois de France, par celles des Souverains Pontifes, & des Empereurs, & par les traités confecutifs de Paix..

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Sans qu'il foit donc befoin de rapeller ici en detail l'ancienneté reculée de plufieurs Siecles, n'eft-il pas vrai que Rai mont reprit, en l'An 1388, la qualité de Prin

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Prince d'Orange par la grace de Dieu, (que Guillaume au Cornet avoit pris le premier en marque de Souverain) & qu'en prefence des Officiers du Comte de Provence il protefta dans toutes les formes pour la confervation de fes droits, dont les Etats. lui accorderent afte fans aucune oppofi

tion.

On produiroit auffi des actes qui prouvent, que René Comte de Provence, à reconnu la Principauté d'Orange, comme independante; mais il feroit inutile d'affembler ici des preuves pour une verité qui n'est foumise a aucune obscurité,

On trouve de plus, tant dans l'hiftoire, que dans plufieurs actes authentiques & anciens, des preuves fuffiffantes qui verifient le Domaine fupreme & independant, & qui detruisent abfolument la fuppofition de ce que les Comtes de Provence auroient eu dans ce tems la, la haute Souveraineté de la Principauté d'Orange,

On peut remarquer par les annales hiftoriques que les Princes d'Orange ont commencé à paroitre le huitieme Siecle, & qu'il n'y a gueres plus de 690. ans que la Provence a eu des Comtes, & l'on en collige de plus pour certain que les Prin

ces

ces d'Orange & les Comtes de Provence ont toujours été independans les uns des autres; les limites & partages anciens des uns & des autres en font foy, ce qui fe prouve de même au rapport des hiftoriens par les Bulles des Papes, & par l'énoncia

tion des terres Bauxiennes.

Cette independance fe verifie encore de ce que les Empereurs Frederic premier & fecond, declarent & difent dans leurs privileges refpectifs, que Guillaume II. & III. ont tenu la Principauté d'Orange comme Acephale: C'eft auffi ce que dans la fuite du tems les autres Empereurs ont reconnus de même, aiant foutenus les droits des Princes d'Orange contre les pretenfions de la France, lors des traités avec cette Couronne des années 1529. 1544. & 1559. Parmis des motifs fi authentiques, qui pourra douter avec raison ou difconvenir avec quelque probabilité de cette independance & Souveraineté ?

Jean fecond de Chalon, fils de Guillaume VIII. Prince d'Orange, mourut le 9 Avril 1502, laiffant de Philiberte de Luxembourg fa femme Comteffe de Charmy, Philibert, & Claude de Chalon qui fut mariée a Henry Comte de Nassau,

CA

Phi

Philibert de Chalon Prince d'Orange & de Melphe fe declara pour l'Empereur Charles V, contre le Roy de France François I, lequel fe faifit de fes biens & de fa perfonne, & ne fortit de Bourges, ou il étoit arreté, que par le Traité de Madrid, aiant été par le même reintegré en tout ; il fut enfuite tué au Siege de Florence l'an 1530, fans avoir été marié.

On pourroit ici juftifier, s'il étoit befoin que tous les biens incorporés dans cette Illuftre maifon de Chalon ont été legitimement acquis à ce Prince, & à Jean II. de Chalon fon Pere, en toute liberté & proprieté: Philibert laiffa tous ces biens & les autres par Teftament du 3 May 1520, & Codicille du 8 Avril 1521. à René de Naffau, fils de Henry de Naffau, & de Claude de Chalon fa fœur, a condition qu'il porteroit & prendroit le nom & les armes de Chalon, ce qui fut accompli.

C'eft auffi en René de Naffau-Chalon que commenca la quatrieme race des Princes d'Orange, Jean I. de Chalon aiant fait la troifieme, Raimond V. & Marie fa fille àiant été les derniers en qui la race de Beaux (qui étoit la feconde) a pris fin.

Nous

Nous voici aux pretenfions qui furent avancées en France apres la mort du Prince Philibert d'Orange: Son Teftament fut combattu par le Duc de Longueville, defcendu d'Alix de Chalon fille de Jean 1. & de Marie de Beaux, alleguant une fubftitution contenue dans le Teftament de ladite Marie, fait en 1416.

Le Comte de le Chambre en fit de même, comme defcendu de Jeanne de Chalon fille de Louis Prince d'Orange, alleguant auffi une fubftitution qu'il croioit fe trouver dans le Teftament de Louis de l'an, 1466.

Sur quoi le Duc de Longueville, & le Comte de la Chambre firent donner plufieurs arrets contre les Princes d'Orange qui furent condamnés fans être ouis, & fans authorité competante (puifque la Principauté étoit independante de toute Jurisdiction superieure) pendant que la France occupoit ladite Principauté, dont elle s'étoit emparée a caufe que les Princes étoient dans les interets de l'Empereur, c'eft auffi ce que l'histoire remarque, difant que les guerres du commencement du feizieme fiecle, furent caufe que les Princes furent troublés par diverses chiTous

cannes.

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